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Journée de l’enfant africain : Le MDE plaide pour la pleine jouissance du droit à l’éducation

dimanche 15 juin 2014.

 

Dans la déclaration ci-après, le Mouvement pour la promotion des droits de l’enfant (MDE) rappelle l’historique de la Journée de l’enfant africain, et salue la pertinence du thème sous lequel cette journée est commémorée en 2014. Mieux, le Mouvement invite instamment l’ensemble des acteurs du monde de l’éducation à redoubler d’efforts pour assurer à tout enfant, la pleine jouissance du droit à l’éducation.

Le 16 juin de chaque année, est commémorée la Journée de l’Enfant Africain (JEA) par les Etats membres de l’Union Africaine. Cette commémoration instituée depuis 1991 par l’Assemblée Générale de l’Union Africaine, en souvenir des manifestations des écoliers en 1976 à Soweto en Afrique du Sud, se présente comme l’occasion de réfléchir sur la situation des enfants en Afrique, notamment sur les voies et moyens d’assurer la pleine réalisation de leurs droits.

Cette année, l’attention des parties prenantes sur les droits des enfants est particulièrement appelée sur l’éducation, un droit consacré par divers textes internationaux et nationaux dont la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant (article 28) et la Charte Africaine des Droits et du Bien-être de l’Enfant (article 11). Aussi le Comité Africain d’Experts sur les droits et le bien-être de l’enfant propose-t-il de réfléchir autour du thème : « une éducation de qualité, obligatoire et adaptée pour tous les enfants en Afrique ».

Le Mouvement pour la promotion des Droits de l’Enfant (MDE) dont la raison d’être est la promotion de toutes activités concourant à l’épanouissement de l’enfant, ne peut rester en marge de cette Journée qui constitue pour lui une belle occasion de plaidoyer pour plus d’engagement dans le sens de donner ou de redonner à l’enfant sa place au sein de la société. Ainsi, il salue la pertinence du thème de la journée qui exprime les préoccupations de l’heure de nombre de gouvernants africains. En effet, l’éducation soulève de nos jours de multiples interrogations : quelle éducation pour les enfants d’une Afrique dans un contexte de mondialisation ? Comment faire, et que faire pour prendre en compte tous les enfants dans les systèmes éducatifs ? Comment fournir une éducation de qualité ? etc. Le thème de la journée donne à tout le moins, des réponses théoriques : une éducation gratuite et obligatoire qui permettra d’atteindre l’objectif de l’éducation pour tous, une éducation de qualité et adaptée qui réalisera l’objectif d’une Afrique compétitive. A l’évidence, l’atteinte de ces objectifs dépend de l’investissement de chaque Etat dans le secteur de l’éducation.

Dans son rapport 2010 sur la situation des enfants de l’Afrique, l’Union africaine note que l’éducation dans la plupart des pays africains a été caractérisée par de faibles taux d’achèvement, des taux d’abandon élevés, de mauvais indicateurs pour l’enseignement secondaire, et de faibles engagements continentaux en faveur de l’éducation pré-primaire. Pour l’Afrique sub-saharienne, le rapport de 2012 sur les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) indique qu’elle enregistre encore le plus grand nombre d’enfants non scolarisés. Le Burkina Faso n’échappe pas à ce bilan mitigé. Plus précisément au Burkina Faso, la situation quoiqu’ayant connu une amélioration louable, demeure insatisfaisante, car selon le Programme de Développement Stratégique de l’Education de Base (PDSEB 2011-2020), en dépit des efforts soutenus du gouvernement et des Partenaires Techniques et Financiers dans la fourniture des services éducatifs et le soutien financier au secteur, le niveau de scolarisation demeure encore l’un des plus faibles d’Afrique et du monde. Les contraintes sont pourtant connues et sont en général relatives à la faible qualité de l’enseignement et des apprentissages, à l’insuffisance des maîtres dans les écoles, aux surcharges de classes dans certaines régions et la sous-utilisation des infrastructures dans d’autres, aux inégalités entre filles et garçons, au taux élevé de redoublement et d’abandon en cours de cycle, au faible taux de transition entre enseignement primaire et enseignement secondaire, au faible niveau de scolarisation en milieu rural, à l’absence de passerelle entre éducation non formelle et éducation formelle, aux coûts unitaires d’éducation trop élevés, à la faible adéquation entre les acquis des apprentissages et les besoins du marché de travail, à la faible capacité de gestion et de pilotage du système, etc. De nombreux défis sont alors à relever avec l’apparition de nouveaux facteurs compromettants tels le boom minier. Sur ce point en particulier, l’on note que dans les zones des sites miniers, un nombre non négligeable d’enfants en âge d’aller à l’école préfèrent, et parfois avec la complicité de leurs parents affectés par la misère, glaner les minerais sur les sites plutôt que d’aller à l’école. En revanche, ceux des enfants qui sont déjà scolarisés n’hésitent pas à rendre le tablier pour rejoindre leurs camarades dont la situation financière suscite des convoitises.

Tout en félicitant les acteurs de l’éducation en Afrique en général et au Burkina Faso en particulier, le MDE les invite à redoubler d’efforts pour assurer la pleine jouissance par tout enfant de son droit à l’éducation, car une nation qui se veut prospère n’a de choix que d’investir dans l’éducation. Du reste, le Poète anglais William Wordsworth (1770-1850) enseigne que l’enfant est le Père de l’Homme.

Pour le Président du MDE,

Le chargé des questions juridiques

Jean de Dieu W. YELKOUNI



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