Retour au format normal
lefaso.net

Corruption au Burkina : La douane encore maillot jaune dans le rapport 2013 du REN-LAC

vendredi 13 juin 2014.

 

« Mettre à la disposition des citoyens et des communautés des données fiables leur permettant de se mobiliser contre le fléau et d’attirer l’attention du gouvernement sur la gravité du phénomène et donc la nécessité d’engager des actions vigoureuses contre les corrompus et les corrupteurs », tel est l’objectif visé par le Réseau National de lutte Anti-Corruption (REN-LAC) à travers le lancement de son rapport annuel sur l’état de la corruption au Burkina Faso. Comme chaque année depuis l’an 2000, la tradition a été respectée. La cérémonie de lancement du rapport 2013 a eu lieu ce jeudi 12 juin 2014.

16h ! C’est l’heure qui a été donnée à la presse pour rendre publics les résultats de l’enquête sur la corruption dans notre pays. Quand les initiateurs arrivent peu avant 16h, la famille de la presse est déjà sur place. Presqu’au grand complet. Certains déjà excités à l’idée de « découvrir » les champions de la corruption pour l’année écoulée. Quand Docteur Salfo Lingani -celui- là même qui a mené l’étude- prend la parole pour livrer le contenu du rapport, l’explication de la méthodologie laisse certains évasifs mais il revient par après à ce que tout le monde attendait, le classement des services et des agents les plus corrompus. Et voici pour le classement dans l’ordre et pour le trio de tête : Douanes, Direction générale des transports et Police municipale pour les services. Elus (locaux et nationaux), agents d’exécution et cadres pour les agents. Un classement qui, il faut le préciser, n’est pas une invention du REN-LAC mais la perception qu’ont les enquêtés du degré de corruption de nos services et agents. « Encore la Douane ! », s’exclame un confrère. « Rien d’étonnant », ajoute un autre. Sans surprise donc ; l’Administration des douanes est toujours en tête depuis des années maintenant. Fait nouveau, les Marchés publics qui étaient absents du classement il y a deux ans font leur réapparition et à la 4e place. En revanche, l’Administration judiciaire, elle, améliore son classement passant de la 3e à la 7e place. Pareil pour le Trésor public qui passe de la 6e à la 12e place. Une amélioration sensible est celle de la Police municipale qui passe de la 2e à la 3e place.

La corruption, une pratique courante, selon les enquêtés

Ce classement est le fruit d’un travail de terrain ayant impliqué 2 000 enquêtés dont 20 témoins de faits de corruption. Zone de couverture, une ville pour chacune des 13 régions du Burkina Faso en plus de la ville de Pouytenga. Soit au total 14 villes. Pour 96% de l’ensemble de ces enquêtés, la pratique de la corruption est courante ou très courante. Au moment où la moitié d’entre eux pense que le phénomène est en pleine progression. Nonobstant les différents engagements et mesures pris par l’exécutif. Et le REN-LAC de citer pêle-mêle le projet de loi spécifique sur la corruption que le gouvernement aurait vidé de sa substance. Un projet de loi par lui initié, entre autres. Ou encore ces nombreux dossiers transmis en justice qui n’auraient pas connu de résultat escompté. A cela s’ajouteraient les multiples engagements maintes fois pris par le Premier ministre Luc Adolphe TIAO mais jamais respectés. Près de la moitié des enquêtés pense que le phénomène peut être combattu pour peu que des sanctions exemplaires soient prises à l’encontre des corrompus et corrupteurs. Tout en partageant l’optimisme des enquêtés, le Secrétaire exécutif du REN-LAC, Dr Claude Wetta a encore lancé comme un ultime appel : « L’Etat donne l’impression de s’attaquer à la corruption mais il y a beaucoup de raisons de douter de sa volonté. Il est temps qu’il nous montre qu’il n’a pas démissionné ». Reste à savoir si cet appel sera le bon.

Samuel Somda

Lefaso.net



Vos commentaires