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Eglise et Médias : quelle relation ?

vendredi 13 juin 2014.

 

Le Service pastoral pour la formation et l’accompagnement des responsables (SEPAFAR) a organisé, le mercredi 11 juin dernier, en collaboration avec la congrégation des Assomptionnistes et la filiale Afrique du Groupe de Presse Bayard, une conférence publique sur le thème : « L’Eglise et l’Opinion publique » animé par le Père Michel Kubler. Pour l’occasion, la salle de conférence du Conseil burkinabè des chargeurs (CBC) a refusé du monde.

« L’Eglise et l’Opinion publique », tel a été le thème de la conférence publique. Bien que dans sa déclinaison, le thème fait penser à la situation politique nationale, il n’en a pas été question. Car selon le Père Jean-Paul Sagadou, rédemptoriste et coorganisateur de la conférence, il ne faut pas confondre « opinion publique et opinion politique ».

C’est donc pourquoi en développant le thème, le conférencier a essayé de définir la nature de la relation qui a existé entre l’Eglise et les médias depuis l’apparition de ces derniers. Une relation constituée de trois forts.

Le premier temps, selon le Père Kubler, a été celui de la diabolisation des médias. Nés à un moment où l’Eglise disposait de moyens de contrôles des contenus de livres qui étaient publiés, les médias ont retiré ce pouvoir aux prélats. « L’Eglise s’est vue perdre le contrôle des contenus diffusés. Cela est dû à une invention diabolique, à une découverte satanique », a-t-il expliqué. Les condamnations seront légions contre les médias et leur utilisation. Mais rien n’y fit ! Les médias ont connu un essor remarquable. Pour pallier à cela, le quotidien religieux « La Croix » a vu le jour le 16 juin 1883. Afin de convaincre l’Eglise de son bien-fondé, le directeur de publication de l’époque a écrit dans l’éditorial du premier numéro de ce quotidien qu’il avait pour ambition de « retourner l’arme redoutable contre les ennemis ».

Puis intervient au 18e siècle, l’invention de la radio et de la télévision. C’était l’époque de la fascination. « Les évêques ont eu l’impression de disposer d’un moyen de communication par lequel tout ce qu’ils veulent dire est entendu ici et maintenant par tout le monde », a soutenu le conférencier. Ils ont donc été fascinés par l’instantanéité, l’intégralité et l’universalité de leurs discours. Cette découverte a été qualifiée de providentielle par les prélats. Cette adoption de la radio et de la télévision a été empreinte d’erreurs d’appréciation. « On diffusait le chapelet sur la radio. Je ne suis pas sûr que ce soit le bon canal pour cela. En fait, les évêques ont vu les médias comme une seringue avec laquelle il faut injecter l’évangile au sein des fidèles », a expliqué le conférencier pour lequel les médias doivent être évangélisés. « Il faut une inculturation des médias et à travers eux », a-t-il ajouté.

Le dernier temps qui est d’ailleurs l’actuel est celui de l’appréhension, la crainte. L’Eglise se méfie à nouveau des médias. Avec l’avènement des réseaux sociaux, elle n’a plus l’impression de l’intégralité, de l’universalité et de l’instantanéité de ses messages.

Définissant l’opinion publique comme un ensemble de convictions communes d’une société ou d’un groupe, le conférencier a soutenu que son existence est importante au sein de l’Eglise. C’est d’ailleurs pour cela qu’il a sien l’appel du Pape Pie XII en 1950 qui disait : « L’Eglise est un corps vivant. Il lui manquerait quelque chose si l’opinion publique lui fait défaut ». Il a en outre appelé à une utilisation judicieuse des médias dans les missions d’évangélisation.

Interpellé sur le rôle de l’Eglise dans la situation nationale, le Père Kubler a indiqué ne pas disposer de tous les éléments d’appréciation pour donner un avis même s’il reconnait qu’ « elle est préoccupante ».

En rappel, le Père Michel Kubler a travaillé pendant 20 ans dont 12 ans comme Rédacteur en chef du quotidien « La Croix ». Il est aussi docteur en théologie et dirige actuellement le Centre Œcuménique Unitate de Bucarest, en Roumanie. Il est membre d’un groupe de théologiens qui discutent régulièrement des questions de foi. Ecrivain, il est auteur de plusieurs ouvrages relatifs à la foi chrétienne.

Jacques Théodore Balima

Lefaso.net