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Banfora : Les élus locaux à l’école du Laboratoire Citoyennetés

vendredi 16 mai 2014.

 

La ville de Banfora abrite du 15 au 16 mai 2014, l’atelier de lancement du guide de la libre circulation des personnes et des biens, et du Programme « Action Publique et Citoyennetés », phase III (APC 3). Organisé par le Laboratoire Citoyennetés dont la devise est « comprendre pour agir », cet atelier regroupe les élus locaux et les Chefs de Circonscriptions Administratives de Sikasso au Mali, du Tchologo (Ouangolodougou ) et de Bagoué en Côte-D’Ivoire, des Hauts Bassins et des Cascades au Burkina Faso.

Du constat fait par le Laboratoire Citoyennetés, l’intégration sous-régionale /régionale telle que construite jusqu’à présent s’est structurée fondamentalement autour des Etats et de leurs structures techniques. Le diagnostic qu’on en fait aujourd’hui révèle un bilan peu reluisant malgré des avancées non négligeables au niveau institutionnel et règlementaire notamment. La réalité des processus d’intégration est celle d’un cloisonnement des territoires et des acteurs à l’échelle communautaire et qui se matérialise par :
- les tracasseries policières et administratives ;
- la faible prise en compte des préoccupations des populations à la base (faiblesse des espaces de débats à l’échelle sous- régionale) ;
- l’absence d’une approche communautaire des services publics se traduisant par des difficultés d’accès transfrontaliers aux services sociaux de base ;
- la faiblesse, voir l’absence du sentiment d’appartenance communautaire ;
- le cloisonnement et la marginalisation subséquente des initiatives et dynamiques d’actions transfrontalières (libre échange, libre circulation des personnes et des biens) portées par les citoyens et leurs organisations. Ces dynamiques sont ainsi limitées dans leur envergure et leurs effets du fait du durcissement des frontières par les Etats (multiplication des services de contrôle et de sécurité au détriment des services sociaux de base). D’où l’absence d’une véritable société civile régionale active dans les domaines de l’interpellation, de la participation et du contrôle citoyen, etc.

C’est ainsi que lorsque ses initiateurs portaient le Laboratoire Citoyennetés sur les fonds baptismaux en avril 2003, ils étaient animés par la forte conviction qu’une autre Afrique était possible. Cette Afrique devait se bâtir dans la décentralisation, l’intégration et le renforcement de la citoyenneté, au-delà des frontières nationales héritées de la colonisation. Plus d’une décennie après et au regard de l’évolution des mutations que connaît le monde, ces visionnaires sont renforcés dans cette conviction que le salut de l’Afrique et de la sous-région passe par le local, c’est-à-dire la reconstruction des bassins de vie historiques qui ont jadis été les terreaux de développement de lien de solidarité, de coopération, d’échanges culturels et commerciaux surpassant les frontières.

Jeter les bases de la collaboration

L’atelier de Banfora est une occasion pour susciter l’adhésion des participants des trois pays du bassin de vie constitué par le Kénédougou au programme et définir avec eux, les prochains pas de mise en œuvre, mais surtout jeter à partir de là, les bases de collaboration dans la perspective de construction des accords de coopération transfrontalière autour des accords d’inter-collectivité.

Ses objectifs sont de :
- lancer et diffuser le guide sur la libre circulation des personnes et des biens en Afrique de l’Ouest ;
- informer et sensibiliser les acteurs locaux frontaliers sur les problématiques actuelles et les enjeux de la libre circulation des personnes et des biens ;
- informer et sensibiliser les acteurs locaux sur les problématiques, les enjeux et défis de la coopération transfrontalière, la règlementation, les atouts/opportunités et faiblesses dont les organisations sous-régionales d’intégration sont porteuses sur ces thématiques ;
- mieux présenter le programme dans ses grandes lignes, ses orientations et les attentes /ambitions, la méthodologie de travail du programme APC 3 ;
- inviter les acteurs locaux frontaliers à partager et débattre des initiatives de coopération transfrontalière dont ils sont porteurs et qui sont susceptibles d’être accompagnées dans le cadre du programme. Dans le même sens, recueillir les préoccupations, les suggestions et les attentes des acteurs vis-à-vis du programme ;
- débuter la constitution d’un répertoire des acteurs et des initiatives qu’ils portent en matière de coopération transfrontalière, de libre circulation des personnes et des biens ainsi qu’en matière d’accès transfrontalier aux services sociaux de base ;
- jeter les bases de la collaboration en vue d’atteindre les objectifs du programme.

Des communications ont été faites par d’éminentes personnalités tels que le Professeur Luc Marius IBRIGA (la libre circulation des personnes et des biens), et le Professeur Kassem Salam SOURWEMA (le guide de la libre circulation des personnes et des biens en Afrique de l’Ouest, et le programme APC 3). Dans le programme, il est prévu un partage d’expériences en matière de coopération transfrontalière avec la CEDEAO, l’UEMOA, l’Autorité intégrée du Liptako Gourma, la GIZ, le Conseil Régional des Cascades, le Conseil Régional des Hauts-Bassins, le Conseil Régional de la Bagoué (RCI), le Conseil Régional du Tchologo (RCI), le Conseil Régional de Sikasso(Mali), des OSC, la Radio Munyu, etc. A l’unanimité, les participants ont félicité le Labo Citoyennetés pour l’organisation de cet atelier dont la cérémonie d’ouverture a été présidée par M. Mamadou TRAORE, Secrétaire Général de la Région représentant le Gouverneur des Cascades.

Golleau Isidore TRAORE

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