Retour au format normal
lefaso.net

Moussa Zerbo, correspondant provincial de l’UPC dans le Houet : « Chantal Compaoré n’est pas une personnalité politique… »

mardi 15 avril 2014.

 

L’appel au référendum sur l’article 37 fait par la première dame du Faso, Chantal Compaoré et des responsables du Front républicain au cours du meeting du 12 avril 2014 à Bobo-Dioulasso continue d’alimenter les débats dans la ville de Sya. En tant qu’un des acteurs politiques majeurs des derniers mois dans la cité de Guimbi Ouattara, Moussa Zerbo, le correspondant provincial de l’Union pour le changement (UPC) et un des coordonnateurs du Regroupement des partis politiques de l’opposition du Houet (RPOH) nous a livré sa lecture des évènements au cours d’une interview. Une interview dans laquelle, l’homme s’est entre autres prononcé sur « l’irruption » de Chantal Compaoré sur le très controversé article 37, l’impact de l’avènement du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) sur l’opposition politique…

Lefaso.net : Quelle appréciation faites-vous du meeting du Front républicain à Bobo-Dioulasso ce samedi 12 avril 2014 ?

On a eu des échos à travers la presse et à travers ce que la population bobolaise nous a relayé. C’est de bonne guerre. Nous, nous disons que c’est logique que des partis politiques se regroupent pour donner une certaine visibilité à leur action. En dehors de la manière dont les gens ont été mobilisés, on peut dire que les choses se sont bien passées pour eux.

Lefaso.net : Comment les gens ont été mobilisés selon vous ?

Je suis bobolais et j’étais dans la ville le jour du meeting. Il suffisait de faire le tour des stations pour se rendre compte du nombre de cars qui ont été mobilisés pour ce meeting. En plus des cars, des jeunes ont été mobilisés avec des billets de 2 000 F CFA et des bons d’essences. Nous, nous trouvons ces pratiques déplorables.

Lefaso.net : Est-ce anormal que des partis politiques donnent les moyens à leurs militants pour participer à une activité qu’ils organisent ?

Ce ne sont pas forcément les militants du Front républicain qui étaient au stade. Dans une situation de pauvreté généralisée, les gens sont prêts à tout. La foule du stade était une fausse mobilisation. Les partis membres du Front républicain doivent mettre fin au clientélisme. En réalité, le Front républicain sait très bien que ceux qui étaient au stade ne sont pas forcément leurs militants. Malheureusement, ils ne peuvent que se contenter des faux militants et c’est déplorable.

Lefaso.net : Que pensez-vous de l’appel de Chantal Compaoré au référendum ?

Jusqu’à preuve du contraire, le peuple burkinabè n’a pas de problème avec l’article 37. Ce qui est évident pour ce peuple est qu’après ses deux mandats, le Président du Faso n’est plus apte à se présenter à une présidentielle au Burkina. Maintenant, si le pouvoir en place estime qu’il a des problèmes avec l’article 37, on pourrait parler de référendum. Sinon, il suffit juste de faire un sondage pour se rendre compte qu’il y a des membres du Front républicain qui ne sont pas pour un référendum sur l’article 37. Chantal peut donc appeler au référendum.

Lefaso.net : Est-ce que quand Chantal Compaoré, qui peut être considérée comme le porte-voix de son mari demande le référendum, il y a lieu de croire que Blaise Compaoré sera candidat à l’élection présidentielle de 2015 ?

Chantal Compaoré est un citoyen burkinabè. Elle peut avoir des avis comme tout le monde. Maintenant, il ne faudra pas faire l’amalgame entre le chef de l’Etat qui a été élu par le peuple burkinabè et son épouse. Chantal Compaoré n’est pas une personnalité politique et jusqu’à preuve du contraire, elle n’est pas le porte-parole de Blaise Compaoré. Blaise Compaoré ne s’exprime pas par personne interposée. On attend donc que l’intéressé se prononce.

Lefaso.net : Au-delà de la manière que vous n’approuvez pas forcement, peut-on dire que la mobilisation du Front républicain entache les actions entamées par le CFOP dans sa lutte contre l’installation du sénat et la modification de l’article 37 ?

Lorsqu’il était puissant, le CDP à lui seul pouvait remplir le Stade Samgoulé Lamizana. Si aujourd’hui, le CDP a besoin de 36 autres partis pour remplir le Stade Wobi, c’est qu’il y a un malaise qui ne dit pas son nom. Le parti au pouvoir a été fortement fragilisé par des démissions. Maintenant, le CDP s’entoure avec des partis satellites qui n’ont aucune base. Par conséquent, le meeting du Front républicain n’entache en rien les actions entreprises par les partis politiques de l’Opposition dans leur lutte contre le sénat et contre l’article 37.

Lefaso.net : Depuis un certain temps, le CFOP n’est pas réactif sur le terrain. Est-ce qu’on peut s’attendre à des appels après le meeting et les messages du Front républicain à Bobo-Dioulasso ?

Il serait hasardeux pour moi de parler au nom du Chef de file de l’Opposition même si je suis de son parti. En plus, il y a l’Etat-major permanent de crise qui œuvre à Ouagadougou dans un cadre bien règlementaire. On attend donc les directives avant d’agir.

Lefaso.net : Vous êtes un militant de l’UPC mais aussi un des responsables du Regroupement des partis politiques de l’opposition du Houet (RPOH). A ce titre, est-ce que la création du MPP n’a pas créé la zizanie au sein de l’opposition burkinabè ?

Le MPP est le produit d’une scission du CDP. Ce sont des mécontents du CDP qui ont formé un parti politique et ils sont plus nombreux que ceux qui sont restés dans la maison CDP. Des partis affiliés au CFOP ont fusionné avec le MPP ce qui ne diminue en rien les capacités de l’opposition. Bien au contraire, on peut dire que la création du MPP a renforcé l’opposition politique burkinabè. Mieux, les militants du MPP ont participé à la marche du 18 janvier 2014 sur appel du CFOP.

Lefaso.net : D’aucuns pensent que l’avènement du MPP a relayé l’UPC au second plan sur l’échiquier politique national. Qu’en pensez-vous ?

A chacun son analyse. Le MPP vient de naître, c’est tout à fait logique que ces leaders entreprennent des activités de gauche à droite. Ce qui peut ou fait croire que le parti à une certaine stature. En ce qui concerne le clivage entre le CDP et le MPP, nous, nous disons que les uns et les autres doivent adoucir leur position. Il est clair que les critiques sont virulents entre ces frères qui se sont séparés. Néanmoins, le CDP et le MPP doivent nous éviter de jouer sur des terrains dangereux.

Lefaso.net : Est-ce que le refus du référendum, du sénat, de l’article 37 sont toujours d’actualité au sein de l’opposition politique burkinabè ?

Jusqu’à présent, la donne n’a pas changé sur le plan politique et les positions de l’opposition burkinabè demeurent intactes. C’est vrai qu’il n’est pas expressément écrit dans la constitution que l’article 37 est verrouillé. Mais la logique voudrait qu’on puisse respecter ses paroles. Ce n’est pas à la fin d’un mandat qu’on doit songer à modifier la constitution. Pour ce qui concerne le sénat, l’opposition politique trouve que les pesanteurs socio-économiques du Burkina ne nous permettent pas de supporter son coût actuellement. On a d’autres problèmes.

Interview réalisée par Ousséni BANCE

Lefaso.net



Vos commentaires