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Victor Seydou Démé, artiste chanteur à propos de la SNC Bobo-2014 : « Je ne peux pas les obliger à me prendre en compte »

vendredi 21 mars 2014.

 

Victor Seydou Démé est un artiste confirmé. Plus connu en Europe, l’homme à la voix poignante a hérité son art de sa mère. Samedi 15 mars, il a donné un concert à l’Institut français de Bobo-Dioulasso. Nous avons profité de l’occasion pour avoir son avis sur la 17éme édition de la Semaine nationale de la culture (SNC).

La semaine nationale de la culture (SNC 2014) est pour bientôt. Comment préparez-vous l’évènement ?

Comme tous les bobolais. Je vois les publicités un peu partout. Et c’est tout. Aucun des organisateurs ne m’approché pour quoi que ce soit. Ni pour prester à l’ouverture, encore moins à la clôture. J’estime que j’ai dépassé le stade des compétitions. J’ai pris part à la compétition en 1985. J’ai été aussi lauréat d’une édition dont je ne rappelle plus l’année (en 1990, sans doute). Lorsque j’ai eu le premier prix, on m’a récompensé avec une moto en plus de la promesse d’une production. J’ai plusieurs fois fait des allers et retours à Ouagadougou et Bobo-Dioulasso. J’ai beaucoup travaillé afin de faire connaître ses œuvres au Burkina. Mais en vain. Je ne regrette pas pour autant, car c’est dans ce combat que j’ai rencontré d’autres artistes et de bonnes volontés de l’Europe qui ont été séduits par ce que je fais. Et voilà le résultat.

Selon vous, pourquoi, la SNC ne vous pas contacté ?

Aucune idée. Je ne peux pas les obliger à me programmer. Je ne peux pas non plus me rendre là-bas pour manifester mon désir de participer. Je sais que j’accepterai volontiers si l’on venait vers moi. Ce sont des situations frustrantes mais qu’est-ce qu’on peut y faire ?

Quelle appréciation faites-vous de la Semaine nationale de la culture, 17 éditions après ?

C’est bien. C’est une tribune d’expression et de découverte de nouveaux talents. C’est aussi l’une des seules manifestations culturelles dans la ville culturelle qu’il faut fortement encourager.

Vous êtes aujourd’hui plus connu à l’extérieur comme l’Europe qu’au niveau national. Comment peut-on expliquer cela ?

J’avoue que cette situation m’écœure énormément. Je suis effectivement connu au niveau international alors que ma musique passe presqu’inaperçue dans mon propre pays. J’en suis très peiné. Je ne sais pas quelles explications peut-on donner à ce paradoxe. Aussi, les efforts n’ont pas manqué. Je suis allé plusieurs fois vers les promoteurs. J’ai plusieurs fois donné mes CD pour la promotion en 2008. J’en ai par exemple donné à Ali Diallo (c’est un promoteur basé à Ouagadougou) et plusieurs autres. Rien malheureusement n’a été fait. Alors que soi-même, on ne peut pas faire sa promotion. C’est pourquoi, pour mon troisième album qui est en cours, je souhaiterai le produire dans mon pays et faire sa promotion, avant d’aller vers d’autres horizons.

Vous abordez des thèmes comme l’amour, le divorce, l’orphelin… pourquoi justement le titre « djonmaya » qui veut dire « dénigré » en français.

J’ai beaucoup souffert. Mais c’est une cuisine interne. Ce sont des questions de famille que je me réserve de dévoiler dans la presse. Je ne savais pas que les choses pouvaient changer positivement ainsi. Sinon, j’ai subit beaucoup d’humiliations. J’ai été cultivateur, maçon, videur de fosses, etc…pour survivre.

Comment vous appréciez le niveau de la musique burkinabè ?

Je suis très satisfait du niveau des artistes. La musique burkinabé est aujourd’hui connue au niveau international. De plus je constate que les artistes sont aujourd’hui plus engagés et déterminés à produire des œuvres professionnelles. Il faut les encourager.

Vous résidez ou ? À Bobo-Dioulasso ou en France ?

Je réside à Bobo-Dioulasso, mais je fais beaucoup de tournées en Europe. J’avoue que je préfère rester dans mon pays. J’ai même refusé la nationalité française.

Quel message à l’endroit des autorités en charge de la culture pour pallier à la situation des artistes pour les programmations lors des SNC ?

Il faut qu’on valorise les artistes. On doit les considérer comme des acteurs de développement. Le travail artistique n’est pas un sot métier. En témoigne d’ailleurs le thème de la présente édition, « Promouvoir l’économie de la culture pour un développement durable ». Il faut les respecter comme tous les acteurs des autres domaines. En les impliquant fortement dans l’organisation et la tenue de la manifestation.

Propos recueillis par
Bassératou KINDO



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