Retour au format normal
lefaso.net

Alternance au Burkina : Les conditions objectives sont réunies, pas les conditions subjectives

lundi 24 février 2014.

 

Le manifeste pour la liberté a animé un panel le 22 février 2014 autour du thème du changement politique. Larba Yarga du MPP, Luc Marius Ibriga du FOCAL et Mahamadé Sawadogo, responsable du Manifeste ont présenté des communications fort intéressantes et d’une actualité brûlante. La modération était assurée par Fernand Alain Sanou. Des clichés et questionnements dans les successions en Afrique, au niveaux et types de changements en passant par les conditions d’alternance, le très nombreux public en est sorti plus instruits.

Un public très intéressé, des communications de haut vol, des panélistes qu’on ne présente plus et un sujet plus que d’actualité au Burkina. Ainsi, se présentait le panel organisé par le Manifeste pour la liberté, un mouvement des intellectuels burkinabè né à la suite de l’assassinat de Norbert Zongo. C’est donc dire que tous les ingrédients étaient réunis pour des échanges instructifs. Et, le public n’a pas été déçu. D’ailleurs, pouvait-on en attendre moins, au vu du profil des communicateurs ? Tout comme les participants des premières rangées. Seul bémol : le cadre (Centre de presse Norbert Zongo) était restreint et pas du tout confortable. Ils étaient très nombreux à avoir passé près de quatre heures (9h-13) en position debout. Qu’à cela ne tienne, il ne fallait en aucun cas manquer ce rendez-vous.

C’est Larba Yarga, membre du nouveau Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), qui donne le ton. Après le mot introductif du modérateur. Il se focalise sur « les clichés et les questionnements dans les successions en Afrique  ». Reconnaissant les difficultés de succession dans notre continent, l’ex-ministre de la justice burkinabè égrène les cas du Sénégal, du Bénin, de la Côte d’Ivoire, du Nigéria, du Niger... Puis, il en vient aux débats sur la succession de Blaise de Compaoré. Des débats de plus en plus passionnés depuis les démissions massives de militants, y compris des idéologues du CDP. Larba Yarga donne d’abord des précisions qu’il tient, dit-il, des patrons du MPP (Roch, Salif et Simon). Blaise Compaoré devrait faire une déclaration publique pour annoncer son intention de ne pas se représenter en 2015. Des dates auraient même été arrêtées : le 02 juin, puis le 05 aout 2013. Mais, c’est finalement le 07 décembre que la FEDAP-BC annonce sa volonté de lancer une pétition afin de réussir la modification de la constitution et permettre au président actuel de briguer un autre mandat en 2015. La suite, on la connait.

Blaise Compaoré a-t-il confiance à un civil ?

Larba Yarga se posent donc un certain nombre de questions sur les problèmes de succession. Est-ce un legs colonial mal transmis ? Pour protéger des fortunes ? Du fait des dossiers pendants, donc de peur d’être rattrapé par la justice internationale ? Ou bien Blaise Compaoré ne fait pas tout simplement confiance à un civile dans la conduite des affaires de notre pays (pour gérer le pouvoir d’Etat) ?

Puis, c’est au Pr Luc Marius Ibriga du FOCAL d’enchainer sur l’alternance. Il précise d’abord ce que n’est pas l’alternance à savoir la succession dynastique, la succession au sein d’un même parti ou de partis mouvants, un coup d’Etat. L’alternance suppose plutôt, dit-il, une rupture politique dans le cadre républicain, une rupture au plan sociale (plus de justice dans la répartition des richesses), une rupture dans la politique économique.

De ce fait, et au regard de la situation politique actuelle du Burkina, « aujourd’hui, les conditions objectives d’alternance sont réunies, mais pas les conditions subjectives », soutient-il. On s’achemine plutôt vers un changement de l’équipe dirigeante et non vers une alternance, poursuit-il.

Tous les types de changements ont leurs acteurs au Burkina

C’est le Pr Mahamadé Sawadogo qui fut le dernier à présenter sa communication. Il s’est appesanti sur le changement comme principe d’orientation de l’action politique. Arrangement institutionnel (en cas d’incapacité de gouverner du président au pouvoir), coup d’Etat (possibilité à ne pas exclure puisqu’il a ses adeptes aussi même s’ils n’oseront pas se prononcer publiquement), élections, révolution populaire, ce sont entre autres modalités pour réaliser le changement politique.

Le changement politique est aujourd’hui le terme à la mode. Et tous les types de changements ont leurs acteurs au Burkina. Et, aucun n’est à négliger, même si certains n’osent pas s’afficher publiquement. Contrairement à ceux qui prédisent le chaos, le Pr Sawadogo se veut optimiste.

Moussa Diallo

Lefaso.net



Vos réactions (18)