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Gouvernance économique au Burkina : Quelle alternative aux politiques néo-libérales ?

vendredi 21 février 2014.

 

A l’invitation du Centre pour la gouvernance démocratique (CGD), leaders politiques, acteurs de la société civile, chercheurs, étudiants, ont mené un débat autour du thème « Les politiques publiques de l’alternance démocratique au Burkina Faso : existe-il une alternative aux politiques néo-libérales en cours dans notre pays ? ». Confrontation analyses scientifiques - positions politiques sinon partisanes, il y’en a eue, comme il fallait s’y attendre. C’était le mercredi 19 février 2014 à Ouagadougou dans le cadre d’un « dialogue démocratique ».

En organisant ce cadre de débat, le CGD a voulu enregistrer des réponses à des questions précises relativement à la gouvernance économique de l’après 2015. De ces questions, l’on retiendra « Les politiques néolibérales conduites au Burkina Faso sont-elles responsables des déficits qui caractérisent la situation socio-économique des Burkinabè ? Ou faut-il chercher d’autres facteurs explicatifs ? », « Y a-t-il une alternative aux politiques néolibérales conduites au Burkina Faso sous l’égide des institutions financières internationales ? Si oui, laquelle ou lesquelles ? », «  Les partis et leaders politiques qui pourfendent le néolibéralisme ont-ils les moyens de conduire des politiques alternatives ou leur discours anti-libéral relève-t-il de la phraséologie ?  ».

Autant de questionnements suscités, dit-on au CGD, par le constat sur le terrain ; constat qui a révélé que les aspirations des burkinabè vont au-delà de la seule alternance politique en 2015. A l’endroit des responsables des partis politiques de l’opposition dont certains se réclament du libéralisme, de la social-démocratie, du socialisme, du communisme, de l’écologisme, du « tercérisme », du sankarisme, etc., précise le CGD, de nombreux citoyens, pris individuellement ou organisés, attendent, en cas d’alternance, qu’ils opèrent un changement qualitatif de la gouvernance économique et sociale pour plus d’équité, plus d’attention aux préoccupations des couches les plus défavorisées. Préoccupations qui se déclinent en termes d’accès à l’eau, à la santé, à l’éducation, à l’alimentation, en termes d’emploi, d’éradication de la vie chère.

Pour le CGD, ces préoccupations sont réelles. Et l’explication en est que, « malgré les taux de croissance économiques relativement élevés du Burkina Faso, de nombreux Burkinabè se plaignent de ne pas ressentir jusqu’ici les effets bénéfiques de cette croissance et de continuer à vivre dans la pauvreté alors qu’une minorité s’accapare des richesses générées dans le pays ». Il est temps, estiment les responsables du CGD, de mener la réflexion, dans l’optique de faire inverser la tendance. D’où le dialogue démocratique de ce 19 février 2014 qui a connu des débats nourris - sur fond de controverses idéologiques - précédés de communications livrées par le sociologue Fernand Sanou et les économistes Idrissa Ouédraogo et Ra-Sablga Seydou Ouédraogo. Tous ont collé un carton rouge au néolibéralisme.

Le néolibéralisme, un bilan jusque-là décevant

Pour le Pr Sanou, l’Etat libéral se confond aujourd’hui avec les intérêts privés, mettant la grande majorité de la population dans la misère. Or, « la finalité de l’économie, martèle-t-il, c’est l’homme ! ». Et de s’insurger contre les discours politiques qui clament la croissance accélérée, alors que même la pauvreté n’est pas encore vaincue au pays des hommes intègres.

« On peut refuser les injonctions des institutions de Breton Wood », foi du Pr Idrissa Ouédraogo. Ce d’autant plus que les plans (PAS, CSLP) de gouvernance économique qu’elles ont jusque-là imposés à nos Etats ont tous conduit à l’échec. Il en sera de même avec la SCADD, prédit l’économiste Idrissa Ouédraogo.

Citant au passage les privatisations, le désengagement de l’Etat des secteurs sociaux dont l’éducation, l’eau, la santé, Dr Ra-Sablga Seydou Ouédraogo conclut qu’en gros, le néo-libéralisme a « un bilan très décevant ». Et « la massification de la pauvreté dans notre pays » est une des preuves de l’échec des politiques néo-libérales.

L’heure est aux vraies réflexions

Au même moment, les partis politiques de l’opposition dans notre pays n’offrent pas de perspectives convaincantes quant à la mise en œuvre d’une politique économique véritablement bénéfique pour le peuple. Ils ne donnent même pas de « comprendre qu’ils connaissent la réalité du pays et qu’ils ont des alternatives à produire ». C’est du moins, l’analyse que l’économiste-chercheur dit avoir faite, avec la précision d’être convaincu qu’aucun « parti n’est prêt pour faire radicalement quelque chose de différent  ».

Néanmoins, précise-t-il, on peut bien sortir de cette situation. Il faut, selon lui, des « politiques très contextualisées, assises sur les réalités et priorités locales avec beaucoup de pragmatisme et de courage » en donnant dos au « consensus de Washington ». Mais le préalable, relève-t-il, « il faut résolument aller vers l’alternance ». Et dans ce sens, il est impératif, selon lui, de mener les « vraies réflexions » - qui pourraient abondamment s’inspirer de l’échec des politiques actuelles - sur toutes les dimensions de l’alternance. Ces réflexions, Dr Seydou Ouédraogo dit savoir qu’elles ne sont pas de la seule responsabilité des partis politiques, mais aussi de celle du chercheur, avec la précision, « je prends ma part ».

Mener les vraies réflexions en donnant l’occasion à toutes les opinions de s’exprimer, voilà ce à quoi « tient absolument » le Pr Augustin Loada, Directeur exécutif du CGD. Pour lui en effet, « Ce qui est important, c’est de permettre la pluralité des opinions ». Et dans le contexte socio-politique actuel de notre pays, le Pr Loada dit estimer qu’il faut se faire une idée précise de « la société qu’on veut bâtir », « avoir de la vision » et faire véritablement de l’éducation un axe capital du développement.

Fulbert Paré

Lefaos.net



Vos commentaires

  • Le 21 février 2014 à 06:41, par Kabre En réponse à : Gouvernance économique au Burkina : Quelle alternative aux politiques néo-libérales ?

    Sujet bien analysé. L’alternance politic de 2015 au faso ne va pas neccessairement resoudre tout nos problèmes, mais ca peu au moins nous lancer sur le chemin du development. Pour qu’ il est un developement economic pour la majorité des Burkinabè, il faudra renforcer le système judiciaire et combatre la corruption. Esperons qu’au moins un des parties emergent aura le courage pour adresser cette situation voir crise socio-economic de notre pays

  • Le 21 février 2014 à 09:34, par kiakia En réponse à : Gouvernance économique au Burkina : Quelle alternative aux politiques néo-libérales ?

    A mon humble avis,libéralisme,néolibéralisme,socialisme,communisme, sankarisme, échoueront si il n’y a pas une gestion seine de nos ressources ! la solution est de s’attaquer véritablement à la corruption, au clientélisme, à la mal gouvernance, au tripatouillage, a l’achat des conscience, au gain facile, a l’enrichissement illicite, etc.quand ces problèmes seront résolus on peut parlé d’idéologie politique

  • Le 21 février 2014 à 10:42, par Adama Ilboudo En réponse à : Gouvernance économique au Burkina : Quelle alternative aux politiques néo-libérales ?

    Dire qu’il y a des partis politiques africains, de surcroit burkinabé qui se réclament pompeusement du néolibéralisme(?), ça fait simplement pitié ! Car ils sont victimes de leur mémoire très courte vis à vis des affres de ce système économique aux paradigmes fragiles. Oh Dieu ! Peux-tu nous donner un Thom Sank ou tout au moins nous abonder de sagesse pour que nous continuons son oeuvre ? Prions !

    • Le 21 février 2014 à 15:03, par Lepaysdoitavance En réponse à : Gouvernance économique au Burkina : Quelle alternative aux politiques néo-libérales ?

      Monsieur Ilboudo, Tom Sank avait mis en oeuvre quelle politique economique ? fouilles les archives.

      • Le 24 février 2014 à 09:39, par RAWA En réponse à : Gouvernance économique au Burkina : Quelle alternative aux politiques néo-libérales ?

        On n’a pas besoin de fouiller des archives. Tom le criait sur tous les toits.IL l’a même dit à la tribune des nations unies : comptons sur nous même. Consommons ce que nous produisons. Au delà de la nécessité de conduire le chemin de fer au nord par nos propres moyens, c’était un symbole. On a critiqué ce projet, mais 30 ans après voila que ce même projet est repris à coup de milliard. Qui bénéficie de tout ça ? Sans doute le français Bolloré. TOM AVAIT BEL ET BIEN UN PROGRAMME ET UN PROJET POLITIQUE ET ECONOMIQUE.

      • Le 24 février 2014 à 21:22 En réponse à : Gouvernance économique au Burkina : Quelle alternative aux politiques néo-libérales ?

        En voila UN qui n’a rien comprit du burkina :Dire ,Notr cher et REGRETTER TOM SANK ,n’avait pas une vision politik ,releve d’une Ignorance sans remede ,doubler d’une mlhonnete intelectuelle sans commune mesure ,vas un n peu dans les rues de Waga pr interoger ls citoyens lamnda ,et tu auras la reponse de ton ignorance , au contraire ,c’est l’actuel regime qui n’a AUCUNE VISION POLITIK ,le FOUTUARD ,LES POCHES PLEINES ,et le burkina aux mains des organismes preteurs.OOUUFFFF,,,,

  • Le 21 février 2014 à 10:45, par Tien Tigui En réponse à : Gouvernance économique au Burkina : Quelle alternative aux politiques néo-libérales ?

    Si au Burkina on était dans une vraie démocratie, tout serait fait pour (enfin) respecter les choses les plus simples comme les articles 37 et 168 de notre constitution, lutter contre le clanisme, l’affairisme, la corruption et j’en passe. C’est au pied du mur qu’on reconnait le maçon !

    • Le 21 février 2014 à 16:54, par Teophile Kouanda En réponse à : Gouvernance économique au Burkina : Quelle alternative aux politiques néo-libérales ?

      Renier que le Burkina n’est pas un pays démocrate est une erreur grave. La vérité est que les gars se sont cambrer sur leurs sentiments et les belles paroles car il trouve que la réalité blaisse. En réalité il faut savoir lire tout lire et surtout lire entre les mots, car il existe un article dans notre même constitution qui dit que l’article 37 est révisable. Si les gens pensent que recourir a cet article pour changer cet article s’est du tripatouillage ; alors je dirais que ces gens sont les premier a ne pas respecter la constitution et non ceux qui veux la modifier. La constitution a toujours été respecter au niveau des deux parti( la majorité et l’opposition) c’est que les gens ne font que réciter les article qui sont a la faveur de leurs causes. Vous direz que notre constitution est fait de contradiction je présume vue que blaise peut se représenter en 2020 ; mais hélasse c’est cela le problème.

  • Le 21 février 2014 à 11:38, par YAK En réponse à : Gouvernance économique au Burkina : Quelle alternative aux politiques néo-libérales ?

    Sujet très pertinent à approfondir. De mon point de vue, et dans le contexte de ressources limitées, il faut miser sur l’éducation, l’emploi des jeunes et PME/PMI et la question de la sécurité alimetaire. Ensuite viendront effectivement la lutte contre la corruption,justice sociale, etc.

  • Le 21 février 2014 à 14:17, par Bruno En réponse à : Gouvernance économique au Burkina : Quelle alternative aux politiques néo-libérales ?

    individuellement pris aucun pays africain ne peut prétendre définir une politique économique à même d’accélérer son développement . Nos pays sont formatés pour vivre au crochet des chercheurs de ressources minières , agricoles et même humaines qui en retour entretien le minimum vital pour la survie de nos peuples balkanisés. Et comme le néo libéralisme prévaut dans ces contrées occidentales , il ne faut pas s’attendre à la diffusion d’une autre religion économique dans les colonies. L’alternative est le panafricanisme soutenu par une politique volontariste pour une intégration économique accélérée régionale. Le libéralisme est un opium inoculé dans les cerveaux des africains sous la pression financière des institutions financières internationales sous contrôle des capitalistes occidentaux. Il nous de grands idéaux panafricanismes, de grands espaces géographiques, des grands nombres démocratiques pour nous extirper des griffes crochues des faucons néo libéraux. C’est ce que lue, les usa, le brésil , l’inde, la chine etc font malgré les différences philosophiques de ces différents pays.Personne n’a un avenir certain dans nos petits pays qui n’ont pas d’avenir

  • Le 21 février 2014 à 14:18, par Bruno En réponse à : Gouvernance économique au Burkina : Quelle alternative aux politiques néo-libérales ?

    individuellement pris aucun pays africain ne peut prétendre définir une politique économique à même d’accélérer son développement . Nos pays sont formatés pour vivre au crochet des chercheurs de ressources minières , agricoles et même humaines qui en retour entretiennent le minimum vital pour la survie de nos peuples balkanisés. Et comme le néo libéralisme prévaut dans ces contrées occidentales , il ne faut pas s’attendre à la diffusion d’une autre religion économique dans les colonies. L’alternative est le panafricanisme responsable et intelligent , soutenu par une politique volontariste pour une intégration économique accélérée régionale. Le libéralisme est un opium inoculé dans les cerveaux des africains sous la pression financière des institutions financières internationales sous contrôle des capitalistes occidentaux. Il nous de grands idéaux panafricanismes, de grands espaces géographiques, des grands nombres démographiques c’est à dire la maitrise par les africains de leur destin pour nous extirper des griffes crochues des faucons néo libéraux. C’est ce que l’UE, les USA, le Brésil , l’Inde, la Chine etc font malgré les différences philosophiques de ces différents pays.Personne n’a un avenir certain dans nos petits pays qui n’ont pas d’avenir. Plus un pays devient petit face aux grands ensembles économiques , plus ce petit pays perd la parole dans le concert des nations et devient pays mendiant irresponsable.

  • Le 21 février 2014 à 15:10, par Jeus En réponse à : Gouvernance économique au Burkina : Quelle alternative aux politiques néo-libérales ?

    Je crois que kiakia n’a rien compris à l’idéologie politique avant de réagir prenez le temps de vous informer sur les courant idéologique.

    • Le 21 février 2014 à 20:20 En réponse à : Gouvernance économique au Burkina : Quelle alternative aux politiques néo-libérales ?

      peut importe le courant idéologique, aucun pouvoir ne peut appliquer purement un courant idéologie en Afrique. les réalités socio-économiques se heurtent aux idéologies. Nous voulons juste des écoles, des universités, des logements, des routes, des structures sanitaires, des moyens modernes de production agricoles.On ne mange pas idéologie.Si le projet de société du néolibéral ou du socialiste ou du sankariste peut nous sortir de la misère, on le vote.

    • Le 21 février 2014 à 20:41 En réponse à : Gouvernance économique au Burkina : Quelle alternative aux politiques néo-libérales ?

      peu importe le courant idéologique, aucun pouvoir ne peut appliquer purement un courant idéologie en Afrique. les réalités socio-économiques se heurtent aux idéologies. Nous voulons juste des écoles, des universités, des logements, des routes, des structures sanitaires, des moyens modernes de production agricoles.On ne mange pas idéologie.Si le projet de société du néolibéral ou du socialiste ou du sankariste peut nous sortir de la misère, on le vote.

    • Le 21 février 2014 à 21:15, par konzoé nifou En réponse à : Gouvernance économique au Burkina : Quelle alternative aux politiques néo-libérales ?

      Tollé Sagnon est un visionnaire : ce panel lui donne entièrement raison..

      • Le 22 février 2014 à 19:22, par Lepaysdoitavance En réponse à : Gouvernance économique au Burkina : Quelle alternative aux politiques néo-libérales ?

        Le probleme du Burkina Faso, c’est que le pouvoir a pu maintenir les gens a l’interieur du pays, sans acces a de bonnes informations, de telle sorte kils ne savent pas la dynamique actuelle du monde. Dans tous les pays, les ideologies servent maintenant comme marche pour la competition entre politiciens. sinon si vous regarder au Etats Unis comme en Angleterre, il n’y a pas de difference majeur en terme de l’importance de l’interevention publique entre different gouvernements d’obediences ideologiques opposes. c’est comme ca. c’est pourquoi je crois fortement que la migration peut etre benefique pour le Burkina en dehors de son aspect pecunier. pendant longtemps les Burkinabe sont restes refractaires a la migration international ; et l’acces au passport a accentuer le probleme.

  • Le 23 février 2014 à 15:35, par un passant En réponse à : Gouvernance économique au Burkina : Quelle alternative aux politiques néo-libérales ?

    Independemment de l’ideologie et du parti au pouvoir (avec ou sans alternance), le developpement se finance. Historiquement, differents pays ont utilise differentes strategies. Par exemple, l’Europe de l’Ouest a en partie finance son developpement par l’exploitation de ses colonies quand cela etait possible. En Asie (Chine, Coree du Sud par exemple), le financement du developpement s’est fait par le transfert de resources inter-generationnelles : une generation supporte les sacrifices pour elever les niveaux de vie des generations futures. Meme au Burkina, le CNR a reussi en redistribuant les resources (salaires et autres avantages des fonctionnaires, train de vie de l’etat, etc.) de la ville vers la campagne. Nous aimons tous crieer Sankara, mais le fait est qu’aucun parti (y compris les sankaristes) n’ose (et ne pourra) appliquer le genre de redistribution qu’on a applique sous le CNR. La question de fond est comment comptons-nous financer notre developpement. A defaut de decouvrir des ressources naturelles extraordinaires (e.g. petrole), nous ne pouvons compter que sur les prets et/ou les aides... et de facto le processus de developpement depend des creanciers et des bailleurs. Sinon, il faudra que la generation actuelle supoorte les sacrifices. Par example, supposons qu’un parti propose de bloquer les salaires sur son mandat (5 ans) pour construire des hopitaux, des ecoles et des barrages, quelles seraient ses chances aux elections et eventuellement contre les syndicats si toutefois ce parti parvenait au povoir ?

  • Le 24 février 2014 à 12:31, par PCRV-CGD En réponse à : Gouvernance économique au Burkina : Quelle alternative aux politiques néo-libérales ?

    Depuis sa création, le PCRV n’a de cesse d’interpeler le peuple et les classes politiques de ce pays sur la nécessité de trouver une alternative aux politiques néo-libérales en cours dans ce pays, attirant ainsi les attentions "sur les réalités et priorités locales, avec beaucoup de pragmatisme et de courage", malgré les foudres de l’adversaire. En effet, hormis le PCRV "aucun parti n’est prêt pour faire radicalement quelque chose de différent".