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Lutte contre les mutilations génitales féminines : La jeunesse Unie pour l’éradication de l’excision réaffirme son engagement

mercredi 5 février 2014.

 

Ceci est une déclaration de la jeunesse unie pour l’éradication de l’excision du Burkina Faso (JEUNEE/BF) à l’occasion de la Journée internationale de l a lutte contre les mutilations génitales féminines célébrée ce 6 février 2014.

« Le jeudi 6 février la communauté internationale célèbre la journée de lutte contre les mutilations génitales féminines sur le thème « Synergie d’actions des gouvernements, de la communauté internationale et de la société civile, pour accélérer l’atteinte de la tolérance zéro aux MGF. » Au Burkina Faso cette journée sera marquée par une rencontre à Ouagadougou avec les maires, les journalistes et le parrainage d’un jeu concours à Koudougou. Le choix de ces deux cibles répond sans doute à la volonté d’impliquer les élus locaux dans le combat et les journalistes dans le plaidoyer à travers la diffusion des informations sur l’excision. Au delà de l’originalité et de la pertinence de ces activités dont l’impact est incontestable, il serait judicieux de se poser la question de savoir sur quelle couche sociale mettre l’accent si on veut éradiquer l’excision. Avant de répondre à cette question cruciale il est opportun de jeter un regard rétrospectif sur la lutte contre l’excision au Burkina Faso. En effet, les premières dénonciations de cette pratique remontent à l’époque coloniale avec l’arrivée des pères blancs. Mais c’est avec la création du secrétariat permanent du conseil national de lute contre l’excision (SP/CNLPE) en 1990 que la lutte va être mieux institutionnalisée et organisée. Depuis lors, plusieurs activités de sensibilisation ont été menées dans toutes les provinces avec comme cibles principales les leaders coutumiers, religieux, administratifs, les exciseuses, les hommes et les femmes d’une manière générale. Si ces activités bénéficiaient aux jeunes, leur implication en tant que acteurs est assez récente.

Or, ils sont les principales victimes car l’excision était jadis pratiquée sur des jeunes filles et depuis 1996, date de l’adoption de la loi contre l’excision, sur des fillettes en bas âge. Par ailleurs quand on compare les résultats de l’EDS (étude démographique et de santé) IX publiés en 2010 et ceux de l’étude évaluative des actions du CNLPE de 1990 à 2005 on observe que le taux de prévalence dans la tranche d’âge de 0 à 14 ans (tranche d’âge où les filles sont le plus souvent excisées) est en baisse. Soit 13% en 2010 contre 24.57% en milieu urbain et 23.88% en milieu rural en 2006. Ces avancées significatives sont à mettre à l’actif des efforts du CNLPE, des PTF et des différents acteurs mais aussi au fait que les jeunes qui deviennent des chefs de famille s’opposent désormais à l’excision de leurs filles. A contrario on observe que les derniers défenseurs de cette pratique se recrutent au sein des personnes du 3e âge. Après plus de 24 ans de lutte acharnée si des mentalités favorables à l’excision persistent pas par ignorance -l’étude évaluative des actions du CNLPE révèle que plus de 81% de la population est informé des effets néfastes de l’excision- mais par obsession nous pensons qu’il faut mettre l’accent sur la tranche d’âge favorable afin de la prémunir de l’intoxication des conservateurs.

Cela passe par une intensification des activités à l’endroit des jeunes pour leur permettre de mieux comprendre tous les enjeux de la lutte en vue de pouvoir s’opposer et surtout de convaincre les éventuels résistants. C’est en ce sens que nous saluons la dynamique engagée au SP/CNLPE depuis un certain temps et qui consiste à impliquer les jeunes en tant que acteurs et bénéficiaires. Cette dynamique soutenue et renforcée par l’actuelle direction est une volonté manifestée par les PTF qui voient désormais en la jeunesse un partenaire dynamique et sûr pour l’atteinte de la tolérance zéro aux MGF. Il faut également que les jeunes filles non excisées acceptent de s’afficher pour rassurer leurs sœurs. C’est un acte qui en plus de participer à la valorisation de la fille non excisée, aura le mérite de susciter un effet d’entrainement qui contribuera à faire basculer la norme sociale vers la non pratique de l’excision.

A l’association jeunesse Unie pour l’éradication de l’excision (JEUNEE/BF) nous en faisons notre crédo. C’est pourquoi en plus de conduire chaque année dans le mois de mai une caravane régionale stop excision nous avons initié un projet dénommé « TEK YAM » dont la note conceptuelle a été déposée auprès de certains PTF. Ce projet qui signifie « changement de mentalité » en langue nationale mooré est une approche globale de la problématique de l’excision par les jeunes et pour les jeunes à travers un maillage sur le territoire national et dans les réseaux sociaux, domaine de prédilection des jeunes. C’est dans cette perspective que s’inscrit la mise en place progressive dans toutes les communes du Burkina des clubs de jeunes qui vont jouer un rôle de veille et d’alerte par dénonciation précoce des tentatives d’excision. Avec les possibilités qu’offrent les technologies de l’information et de la communication et les réseaux sociaux une telle initiative aura un impact certain.

A 60% de la population totale de notre pays nous avons conscience des défis qui sont les nôtres dans l’avancement de toutes les causes justes et particulièrement la lutte contre l’excision, qui est une atteinte grave à l’intégrité physique de la femme et de la jeune fille. Il faut donc mettre l’accent sur les jeunes, considérés à raison comme l’avenir du pays car avec l’énergie, la curiosité et la fougue qu’on leur connait une génération sans excision est possible ».

Pour l’association jeunesse unie pour
l’éradication de l’excision (JEUNEE/BF)
Le coordonnateur général
Idrissa Konditamdé
Email : jeunee.burkina@gmail.com



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