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Guilllaume Soro, président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire : « Blaise Compaoré est un monument vivant de bon sens et une réserve d’expérience politique précieuse pour nous tous »

vendredi 10 janvier 2014.

 

A la tête d’une importante délégation dépêchée par le président Alassane Ouattara, Guillaume Soro était dans notre capitale mardi 7 janvier pour rencontrer les protagonistes de la crise qui secoue le CDP. Sur les tractations qu’il a menées pour essayer de rapprocher les différentes parties et sur les perspectives politiques du Burkina, il se prononce dans cet entretien que nous avons réalisé en ligne avec lui.

Comment réagissez-vous aux dissensions et démissions que connaît le parti présidentiel au Burkina ?

Vous savez, je me dois avec probité et insistance de dire que je respecte scrupuleusement le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats étrangers, et a fortiori des partis politiques des pays étrangers. Cette neutralité est une clause de bon voisinage bien connue en droit international. Je n’ai donc pas d’avis décisif à donner dans les affaires intérieures du Burkina Faso. J’admire d’ailleurs la vitalité démocratique de ce pays.

Cependant, vous me posez certainement cette question parce que votre pays est voisin du mien, parce que les Ivoiriens et les Burkinabè sont des frères adoptifs et parce que le Burkina Faso partage, comme chacun le sait, une riche histoire et une grande communauté destinale avec la Côte d’Ivoire. Tout le monde sait aussi bien que le Président Compaoré m’est absolument précieux. Nul n’ignore les relations fraternelles qui me lient à Roch Christian Kaboré.

Je dirais donc avec toutes les précautions qui s’imposent que la stabilité du Burkina Faso est un enjeu sous régional et même continental. La paix, le progrès et l’union des Burkinabè ne sont pas seulement précieux pour le peuple Burkinabè, mais pour tous nos Etats. L’évolution positive du Burkina Faso ces trois dernières décennies est l’un des fondements de notre commune espérance d’une Afrique de l’Ouest de mieux en mieux intégrée, démocratique, dynamique et prospère.

Je suis donc convaincu que nos aînés et frères Burkinabé, mesurant les enjeux que revêt pour nous tous, la poursuite d’une saine compétition démocratique chez eux, sauront amplement privilégier les voies du dialogue, de la négociation, du compromis et surtout de la souveraineté démocratique populaire, pour trancher les différends légitimes qui peuvent provisoirement apparaître entre eux. Dans la vie politique en général, les gens vont et viennent. Là n’est pas le drame. L’essentiel est que l’intérêt général de la Nation soit sauf et que tous recourent aux voies légales et légitimes pour le préserver. La colombe de paix et l’aigle scrutant l’avenir, doivent veiller sur le Faso, pour le dire en métaphore.

Quelles conclusions tirez-vous des tentatives de rapprochement que vous avez entreprises ?

J’ai franchement envie de vous dire que je sais que le Président du Faso, S.E. Blaise Compaoré est un monument vivant de bon sens et une réserve d’expérience politique précieuse pour nous tous. Les liens qui m’unissent au président Compaoré sont sacrés. Avec quelqu’un comme mon très cher doyen Roch Christian Kaboré, ancien président de l’assemblée nationale, ils sont condamnés à s’entendre. Les véritables rapprochements politiques ne se font pas sur la base des humeurs ou des caprices de l’instant, mais sur le fond d’un consensus global sur le mode d’arbitrage des conflits politiques et sur les procédures de sortie de crise.

C’est au Burkina Faso que le dialogue direct entre les Ivoiriens a conduit en 2007 à un Accord de Paix historique. La case Burkina Faso ne saurait donc brûler. Les politiques Burkinabè savent rassembler et doivent persister dans cette éthique de l’Union qui sans doute fait l’aura de ce pays remarquable. Je ne doute donc pas un instant, et je souhaite ardemment, qu’une saine entente du droit et un sens prononcé des responsabilités amènent tous nos Frères Burkinabè à poursuivre la belle aventure de paix, de progrès et de démocratie jusqu’ici conduite sous la houlette du président Compaoré qui, comme vous le savez, est précieux à son pays, à notre sous-région comme à notre continent, par l’exceptionnel rayonnement diplomatique qu’il a donné à la parole du Burkina Faso. Il faut savoir préserver ce qui fait notre force à tous, sans précipitation ni excès.

Quel message avez-vous pour la classe politique burkinabè et pour les Burkinabè en général ?

Les ressources de la sagesse africaine et du droit burkinabè sont à leur disposition pour aller ensemble de l’avant. Je dis aux acteurs de la classe politique Burkinabè, experts dans les médiations de paix dans notre sous-région, de faire honte à ceux qui se réjouiraient de les voir tous ensemble tomber bas. Qu’ils donnent de nouveau une leçon de hauteur et d’élégance politique à l’Afrique contemporaine.

Un différend politique que le peuple Burkinabè peut trancher en toute transparence ne saurait être transformé en drame. C’est au peuple, en dernière analyse, qu’il faut rendre la parole, quand des mésententes apparaissent sur les projets des uns et des autres. Tel a été mon combat en Côte d’Ivoire : la parole au peuple, à tout le peuple, régulièrement et solennellement. Battons-nous, dans toute l’Afrique, pour avoir des Institutions réellement émanées de la volonté de nos peuples et laissons les querelles de personne à l’arrière-plan.

Vous savez, pour moi qui ait vu les présidents Bédié et Ouattara se réconcilier, rien n’est impossible. Le Président du Faso, Blaise Compaoré, et ses frères actuellement en désaccord finiront par se retrouver. Je ne suis vraiment pas inquiet. Et quand on sait que le Burkina Faso de Blaise Compaoré a été, depuis de longues décennies, la terre d’accueil de tous les déshérités d’Afrique, le lieu de répit des exclus de tant de pays africains de toutes les régions, on ne peut douter qu’il y ait dans ce pays, une grande réserve de transcendance.

En Côte d’ivoire, l’on a suivi les récentes déclarations de Affi N’Guessan remettant en cause l’éligibilité du président Alassane Dramane Ouattara ; comment réagissez-vous à ses déclarations ?

Depuis que je suis président de l’Assemblée Nationale, je me tiens davantage à l’écart des échauffourées de la politique nationale, car je suis conscient de la lourdeur et de l’importance de mes tâches législatives. Je ne commente pas les déclarations des hommes politiques ivoiriens. La parole est libre et libérée. Qu’ils s’expriment ! Je les écoute tous et je réserve mes analyses pour l’inspiration de mes engagements comme Chef du législatif et député de la nation.

Je constate que le président de la république Alassane Ouattara réussit merveilleusement son premier mandat et c’est un secret de Polichinelle que de rappeler ici que mon vœu le plus cher, à savoir la réélection prochaine du Chef de l’Etat, est probablement ce que la prochaine présidentielle de 2015 réalisera, avec le soutien massif du peuple pour notre démocratie apaisée, dialogique et proactive.

Vous comprenez donc que c’est l’avenir radieux de mon pays qui m’importe, et non les propos circonstanciés ou fleuris de tel ou tel individu.

Entretien réalise en ligne par C.PARE
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