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Même sous un « nouveau format », le projet de mise en place du Sénat n’a pas l’adhésion du Général Tiémoko Marc Garango

lundi 28 octobre 2013.

 

Premier Médiateur du Faso, ancien ambassadeur et ancien ministre en charge de l’économie, le Général Tiémoko Marc Garango est sorti, en août dernier, de son silence dans le contexte de débat généralisé sur le Sénat. La position prise en son temps reste aujourd’hui encore la même, en dépit du nouveau formatage de cette seconde chambre du Parlement. C’est du moins, cette position – celle du rejet - que le général a réaffirmé le 26 octobre dernier.

Le débat sur la mise ou non en place du Sénat, l’on se rappelle, a pris entre temps, une allure passionnante, sinon trop passionnante. En plus des partis et formations politiques rangés pratiquement tous, en pro- ou anti-sénat et frontalement opposés dans ce débat, la société civile a aussi fait entendre sa voix. Des associations, des personnalités politiquement neutres ont, eux aussi, pris positions et dont certaines ont véritablement été appréciées. Au rang de ces dernières, figure le point de vue du Général Tiémoko Marc Garango.

En août dernier, à quelques jours seulement de la remise du rapport d’étape circonstancié sur l’opérationnalisation du Sénat, le général Garango a indiqué que le Burkina Faso peut bien se passer d’un Sénat. C’était à un moment où le débat sur le Sénat faisait couler beaucoup d’encre et de salive.

Et c’est dans ce contexte qu’intervint le rapport d’étape circonstancié annonçant un Sénat « nouveau format », en ce qu’il est assorti de propositions visant entre autres, à réduire le coût de l’institution, à faire prendre en compte les couches sociales vulnérables dans la désignation des sénateurs. Peu de temps après, c’est l’ouverture d’un dialogue élargi - sur la question de l’opérationnalisation du Sénat- qui est annoncée. Et la suite, c’est le silence, ou du moins, l’abandon du débat public sur la question du Sénat.

Dans la foulée, certaines prises de positions, de même que certains partis politiques qui étaient initialement hostiles à la mise en place du Sénat ont fait un revirement spectaculaire. Il en a été ainsi avec l’ADF/RDA. D’autres, des politiciens - Soumane Touré - jusque-là dans l’ombre par rapport à la question du Sénat, ont fait irruption médiatique en se rangeant du côté des pro-sénat.

Mais la position du général Tiémoko Marc Garango n’a pas changé. En effet, il y a seulement deux jours – le 26 octobre 2013 - la précision est faite en ces termes, « ma position est très claire : moi j’estime que dans la situation actuelle, le Burkina Faso peut parfaitement se passer d’un Sénat sans grand dommage ».

Et les raisons sont d’ordre utilitaire et financier. Selon le général, « pour mettre en place un sénat, il faut avoir des raisons pertinentes, et avoir les moyens de le faire ; or, au Burkina Faso, j’estime que ces deux conditions ne sont pas remplies, d’autant plus qu’on a beaucoup de problèmes très importants et très urgents qu’il faut résoudre, au lieu de mettre l’argent dans un Sénat qui va coûter cher, alors qu’il n’est pas indispensable ».

Toutefois, reconnaît-il, « le Sénat est nécessaire à la démocratie ». C’est aussi la conviction de la majorité des frondeurs éclairés du Sénat burkinabè. « Le Sénat est bien pour la démocratie ; mais le Sénat qu’on veut nous servir au Burkina n’est pas le bon », c’est en ces termes qu’un de nos éminents professeurs de droit constitutionnel résumait son analyse sur le Sénat en débat dans notre pays.

Avec l’inflexible point de vue du général Tiémoko Marc Garango, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il y a au pays des hommes intègres, des personnalités irréductibles dans leur position, en tout cas par rapport à la mise en place du Sénat. Suffira-t-il juste du temps au camp pro-sénat pour faire triompher le projet tant cher au président du Faso ? Attendons de voir…

Fulbert Paré

Lefaso.net



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