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Egalité entre hommes et femmes au Burkina Faso : va-t-on y parvenir ?

lundi 16 septembre 2013.

 

Les 12 et 13 septembre 2013, nous avons participé à un atelier de concertation entre le ministère de la promotion de la femme et du genre (MPFG) et ses partenaires techniques et financiers (PTF). Organisé par le MPFG, cet atelier avait pour objet de renforcer le partenariat MPFG/ PTF pour une synergie d’actions en faveur de la promotion de la femme et du genre au Burkina Faso. Des partenaires ont assisté à cet atelier avec la présence effective de Nestorine Sangaré, MPFG et de son staff. Avant, l’ouverture de cet atelier nous avons été témoins d’un fait que nous avons relevé.

Nathalie Sandwidi, secrétaire générale du MPFG, Marie Claire Millogo, secrétaire permanente du conseil national pour la promotion du genre (SP CONAP Genre) et Mme Sawadogo, PTF à leur arrivée font le tour de table pour saluer les participants de la première rangée. Arrivée, au quatrième participant, celui-ci refuse de prendre la main de Mme Sandwidi. Même scénario avec les autres femmes. Ce monsieur en fait, ne salue pas les femmes. A un atelier où on parle de réduire voire supprimer les inégalités et iniquités envers les femmes, comment intégrer qu’un participant soit dans cet état d’esprit ?

Conditions de la femme : des stéréotypes très tenaces…

En mission dans le nord du Burkina (Ouahigouya), une délégation d’ingénieurs et de techniciens en agriculture conduite par une femme rend visite à un agriculteur. Pour leur souhaiter la bienvenue, on leur propose de l’eau précisément à un technicien. Celui-ci remet l’eau à sa supérieure. Crime de lèse majesté pour le chef de ménage qui a tenu à leur enseigner les bonnes manières dans ce genre de situation. Des exemples de ce genre de faits sont légions au Burkina. Même quand c’est la femme qui est la plus âgée, le droit d’aînesse n’est pas appliqué.

A ce genre de situation, on peut ajouter l’accès et le contrôle des terres pour les femmes, la non participation des femmes aux réunions importantes (surtout dans le milieu mossi), les problèmes d’héritage… sont autant de domaines dans lesquels les stéréotypes liés au genre sont tenaces. Ces difficultés rencontrées par beaucoup de femmes au Burkina peuvent avoir des conséquences dramatiques.

Apport de la femme dans la vie socio-économique du Burkina.

La contribution des Femmes à l’économie tant dans le milieu rural que urbain est reconnue à tous les niveaux. Elles jouent un rôle majeur surtout dans le secteur informel. Dans ce secteur en effet, les femmes occupent plus de 60% des activités de production. Ces activités sont notamment l’agriculture, l’élevage, le petit commerce, la transformation des produits agro-sylvopastoraux…

Le secteur informel au Burkina contribue pour 70% dans la formation du produit intérieur brut et à la lutte contre le chômage.

Aujourd’hui au Burkina, beaucoup de femmes sont chefs de ménage. Elles élèvent seules leurs enfants, elles se battent autant que les hommes sinon plus. Il faut sillonner la ville de Ouagadougou à partir de 4h du matin pour les voir à moto, à vélo ou à pied transportant des marchandises. Il y a aussi les femmes de la brigade verte de la ville de Ouagadougou qui travaillent généralement aux heures indues pour rendre la ville propre.

Il est très rare actuellement de trouver une femme qui soit assise à ne rien faire. De plus en plus, celles instruites essaient d’aller loin dans leurs études. Les autres sont promptes à apprendre un métier. Les femmes du Burkina sont debout. Elles ont pris leur destin en main en commençant par chercher leur indépendance économique.

Les efforts considérables fournis par les femmes pour être autonomes économiquement et contribuer à la gestion des charges familiales méritent qu’on leur accorde la place qui leur est due. Dans les familles burkinabé, les femmes malgré la présence de leur mari, contribuent plus à la gestion de la famille. Cet apport de la femme intervient à plusieurs niveaux : l’éducation des enfants, l’énergie qu’elles dépensent pour rapporter de l’argent à la famille et l’exécution des tâches ménagères.

Pour un développement durable du Burkina Faso, il est indispensable que les femmes soient impliquées à tous les niveaux. L’Etat Burkinabé consent déjà des efforts afin de réduire considérablement voire de supprimer les inégalités liées au genre. Cependant, la contribution de tous est souhaitée pour l’évolution des mentalités, le changement de comportement. Chacun à son niveau est interpellé pour apporter sa contribution pour l’égalité entre l’homme et la femme.

Les femmes représentent environ 52% de la population au Burkina Faso. Pouvons-nous avancer en les laissant en marge ? Est-ce normal que nous reléguions nos femmes, sœurs et femmes en arrière plan ? Quel avenir voulons-nous pour elles ?

Patindé Amandine Konditamdé

Lefaso.net



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