Témoignage sur… : Feu Salif DéréCe témoignage sur l’illustre disparu, El hadj Salif Déré Ouédraogo pourrait surprendre parce que nous n’avons pas eu de relations connues, ni familiales, ni professionnelles. Et pourtant, nous fûmes par moments proches, cet aîné, ce grand Monsieur et moi ; c’est un homme dont les qualités reposaient l’humilité, la discrétion, la générosité, le respect des autres, la piété… Dans les “maximes”, la Rochefoucauld ne dit-il pas : " La parfaite valeur est de faire sans témoins ce qu’on serait capable de faire devant tout le monde ". Cette citation reflète la vie d’El hadj Salif Déré qui a su allier des réalités théoriquement incompatibles à savoir, la vérité, la morale, la discrétion et la réussite dans les affaires. Les auteurs américains Robert G. Salomon et, Kristine R. Hanson, dans leur excellent ouvrage intitulé : " la morale en affaires, clé de la réussite", édité aux nouveaux Horizons et traduit de l’américain au français par Sophie Marnat, peignent en quelque sorte l’homme d’affaires Salif Déré Ouédraogo. Ce livre m’avait servi de support pour une conférence publique suivie de débats, que j’avais donnée au Centre culturel américain sur le même thème : " Morale et succès dans les affaires ". Naturellement, Salif Déré était tout indiqué pour présider et partager les secrets de sa réussite avec les 90 invités (hommes d’affaires, économistes, financiers, enseignants, étudiants). Malheureusement, après avoir donné son accord de principe, il se désista une semaine avant la conférence soit le 05 octobre 2000 en évoquant des raisons convaincantes, conformes à sa personnalité :
Il fut un moment responsable, dans le cadre de la francophonie, et il m’avait demandé de proposer quelqu’un à qui il cèderait ce poste qui n’était pas le sien. Ensuite, nous avions entretenu des relations sporadiques lorsque, passé à la RAN (chemins de fer), incontournable à l’époque, je fus affecté en 1982 comme chef d’Agence commerciale de la RAN Ouaga. Mais, c’est à la Chambre de commerce où j’ai servi pendant des années comme membre de l’Assemblée consulaire, que j’ai mieux connu et apprécié l’homme. En effet, il était président de la Commission professionnelle et avait souhaité que je fus son vice-président, mais je lui avais proposé que ce soit un autre élu consulaire de Bobo, et moi-même au poste de secrétaire ; ce qu’il avait accepté. Ainsi, Monsieur (Solo) Souleymane CIREBA, entrepreneur en bâtiments, devint vice-président. Il faut rappeler que Salif Déré, Balima, El Hadj Djanguinaba Barro et, autres, étaient actionnaires de la SONACEB Bobo dont j’étais le Directeur Général (Société nationale des cartons et emballages du Burkina), en partenariat avec le grand groupe français SICAL (LUMBRES) et des privés nationaux. A Paris, et à Rouen, où nous étions allés en forte délégation (hommes d’affaires, ministère du Commerce…), conduite par l’ex-ministre du Commerce, Kader Cissé, dans le cadre de la création de l’ISGE (Institut supérieur de génie électrique) fonctionnel depuis quelques années (cf. excellent publi-reportage réalisé par la Chambre de commerce et récemment diffusé par la TNB), le président Salif Déré avait posé à cette occasion des actes positifs discrets de portée incommensurable. Et qui l’a su ? Je pourrais témoigner sur des pages, mais il faut toujours respecter la propension du disparu à la discrétion. Malheureusement, je le voyais très peu, peut-être une fois tous les 3 ans, ce qu’il m’avait toujours reproché, surtout que j’habite à 10 minutes de chez lui. En effet, combien de Burkinabè savaient que je le connaissais depuis 1976 et auraient compris mes fréquentations ? Décédé le 16 /08 /2013 à Paris et inhumé le 23/08/2013 à Ouaga l’intervalle dans lequel j’étais moi aussi en clinique, donc absent de tout. Quels regrets ! FOFANA Demba L’Express du Faso |
Vos commentaires
1. Le 11 septembre 2013 à 08:03 En réponse à : Témoignage sur… : Feu Salif Déré
Que la terre du Burkina lui soit légère.
2. Le 11 septembre 2013 à 13:12, par Tk En réponse à : Témoignage sur… : Feu Salif Déré
Que la terre du BF lui soit legere ! Beau temoignage Demba !
3. Le 11 septembre 2013 à 13:21 En réponse à : Témoignage sur… : Feu Salif Déré
paix à son ame
Le 11 septembre 2013 à 15:04 En réponse à : Témoignage sur… : Feu Salif Déré
Paix à l’âme du défunt.
Dommage, je ne suis plus un adolescent. Je cherche toujours des personnes qui ont réussi et qui accepte de parler aux jeunes en commençant ainsi : "Je ne suis plus jeune, je ne prétends pas avoir réussi. Mais j’ai parcouru un bout de chemin. Mon age et mon expérience me donnent l’avantage et m’autorisent à vous parler". Ainsi, les Kanozoé, les Deré, les Bangrin, les Diawara et autres Nassa avaient et ont le DEVOIR de parler aux jeunes pour leur donner envie de réussir. Ce n’est pas le malin. Si Dieu te crée arbre à fourche, c’est que le bon Dieu veut que les petits enfants te montent. C’est mon proverbe que je viens d’inventer !
4. Le 11 septembre 2013 à 18:56, par Soum En réponse à : Témoignage sur… : Feu Salif Déré
Joli geste de reconnaissance . Ça n’arrive pas souvent et pour plusieurs raisons que les hommes parlent bien de ceux qui leur ont rendu beaucoup de services. Monsieur Demba également fait beaucoup pour ce pays par son franc parler et sa générosité intellectuelle. Je lui souhaite bon rétablissement. Les morts n’étant jamais morts en Afrique, votre ami vous lira au même titre que tous ceux qui liront votre article un de ces jours.