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Jérôme Kaboré, Président de l’association nationale pour le bien-être des enseignants du primaire du Burkina Faso, ANEP : Améliorer impérativement la condition enseignante

lundi 2 septembre 2013.

 

Créée en 2007 l’association nationale pour le bien-être des enseignants du primaire du Burkina Faso (ANEP) œuvre pour l’épanouissement des acteurs de l’enseignement primaire. Son dynamisme ne passe pas inaperçu, dans un contexte d’interrogation générale sur la contribution de l’éducation au développement. Avec son président, Jérôme Kaboré, nous avons abordé quelques grandes questions qui concernent le secteur.

Lefaso.net : Monsieur le Président, Pouvez-vous nous présenter l’ANEP ?

Jérôme Kaboré : L’ANEP, c’est l’Association nationale pour le bien-être des Enseignants du Primaire du Burkina Faso, en abrégé (ANEP). Elle est une organisation des enseignants des écoles primaires publiques et privées et d’animateurs des centres d’alphabétisation du Burkina Faso et régie par la loi N° 10 /92/ADP du 15 décembre 1992, portant libertés d’association au Burkina. Elle est entièrement non syndicale et purement apolitique. Elle est également laïque et non lucrative.

Elle a été statutairement créée en novembre 2007 et légalement reconnue en janvier 2008 par récépissé N°2008_0004/MATD/SG/DGLPAP/DOASOC du 25 janvier 2008. Concrètement peuvent en être membres, tous les enseignants des écoles primaires publiques et privées, les inspecteurs de l’enseignement du premier degré, les conseillers pédagogiques itinérants et les animateurs des centres d’alphabétisation ; en somme tous ceux qui relèvent du corps des enseignants du primaire.

L’Association nationale pour le bien-être des Enseignants du Primaire du Burkina Faso(ANEP) a une envergure nationale. Elle est déjà représentée dans 8 régions du Burkina par des sections et dans beaucoup de communes par des sous-sections.

Nous avons au programme d’installer la section de la Région de la Boucle du Mouhoun incessamment, ce qui va porter le nombre des sections à 9 régions sur 13. Nous comptons être présents dans toutes les 13 régions du Burkina d’ici fin 2014 et dans toutes les communes du Burkina en fin 2017.

L’ANEP est dirigée par un bureau national siégeant à Ouagadougou et des bureaux de sections et de sous-sections siégeant aux différents chefs-lieux de régions et de communes. Le bureau national tout comme les bureaux de sections et de sous-sections sont dirigés par des enseignants et des encadreurs pédagogiques du primaire. Le bureau national est présidé par un président national que je suis.

Que fait-elle concrètement sur le terrain de l’amélioration des conditions de vie et de travail des enseignants au Burkina ?

Aujourd’hui tout le monde s’accorde à dire que l’Education est la clé du développement. Ce qui n’est pas tout à fait vrai. C’est plutôt l’éducation de qualité qui est facteur de développement sinon l’éducation tout court engendre plus de problèmes qu’elle ne résout.

Or, cette éducation de qualité à même de produire des effets de développement durable, ne peut s’obtenir tant que les acteurs directs, je veux nommer les enseignants, ne sont pas dans de bonnes conditions de vie et de travail.

Mais attention, le bien-être dont nous parlons n’est pas seulement fait de pain et de l’eau, mais le bien-être concerne aussi tout ce dispositif interne et externe d’un être humain capable de lui procurer la satisfaction qui peut être morale, matérielle, financière, sociale, etc. Par exemple la formation et les différentes connaissances qu’on doit avoir pour être à la hauteur de sa tache peuvent procurer la satisfaction de soi-même et des autres. Imaginons un maitre qui fait du zéro pour cent à l’examen. Il ne peut pas se sentir dans sa peau, même si on lui donne le pain et l’eau.

C’est pourquoi, l’ANEP dont l’objectif général est de contribuer à l’amélioration quantitative et qualitative du système éducatif de base au Burkina Faso axe principalement ses activités sur l’amélioration du bien-être des enseignants dans son entière compréhension.

Sur le terrain, concrètement nous organisons des sessions de formations pédagogiques continues au profit des enseignants, par exemple notre programme Enseignant pour Enseignant (EPe) vise à faire encadrer les plus jeunes enseignants par d’autres plus expérimentés (IP, Conseillers pédagogiques, inspecteurs, etc.).

Nous organisons des grandes conférences à l’endroit des enseignants afin qu’ils aient toute la lumière de ce qui se fait dans leur secteur d’activité. A titre d’exemple, l’ANEP a été la seule organisation des enseignants à organiser sur toute l’étendue du territoire des grandes conférences sur la réforme de l’éducation avec le soutien du ministère de l’enseignement de base aujourd’hui ministère de l’Education nationale.

Nous avons aussi bénéficié du soutien de l’ex- ministre de la fonction publique qui est aujourd’hui Président de l’Assemblée nationale que nous remercions au passage. Nous avons été également les seules à co-organiser avec le conseil nationale des Associations des parents d’élèves (CNAPEP) et l’Association pour le Développement des Communes Rurales (ADECOR) et avec le soutien de la commune de Ouagadougou, du MEBA d’alors, du ministère en charge de la décentralisation, une conférence grandeur nature sur le transfert des compétences afin de permettre aux enseignants de mieux cerner la problématique.

Depuis 2010, nous organisons chaque vacance des formations en informatique au profit des enseignants du primaire. Il faut ajouter que nous sommes une organisation partenaire de la marche mondiale contre la Faim à l’école primaire aux côtés du PAM et d’autres associations, et nous assistons des enseignants en situations difficiles, et nous faisons des plaidoyers auprès des pouvoirs publics et des déclarations pour interpeler souvent l’Etat sur certaines mesures qui dévalorisent l’enseignant.et la liste est loin d’être exhaustive.

Aujourd’hui au Burkina Faso, pratiquement l’opinion publique connait très bien l’ANEP à cause de nos activités et aussi du fait que chaque fois nous réagissons à l’actualité éducative.

La condition des enseignants en particulier celle des enseignants du primaire est-elle aussi préoccupante au point qu’il faille mettre sur pied une structure associative à l’image de la vôtre ?

Oui, le problème de la condition du personnel enseignant en général et celui des enseignants du primaire en particulier est très préoccupant. Les conditions dans lesquelles beaucoup d’enseignants se trouvent aujourd’hui ne leur permettent pas de donner des enseignements de qualité. Et si nous restons dans cette dynamique, il faut craindre que notre système éducatif ne puisse être source de développement pour notre pays.

Mais l’ANEP en tant que structure non syndicale, a une autre vision de sa résolution. Pour nous, il ne faut pas s’asseoir les bras croisés attendant que toutes les conditions dont on a besoin nous arrivent comme l’eau de pluie. Il y a certaines conditions nécessaires à l’accomplissement de notre tâche que nous pouvons nous procurer nous-mêmes, d’où la naissance de l’ANEP en 2007

Ne craignez-vous pas de faire doublon avec les syndicats ? Comment se passe la collaboration avec eux ?

Non, il n’y a pas de doublon avec les syndicats. Mieux nos actions se complètent tant elles sont dirigées vers les enseignants. Mais les modes d’actions diffèrent. Alors que les syndicats revendiquent et ont recours aux grèves et autres, à l’ANEP, nous montons des projets orientés vers l’amélioration des conditions des enseignants et recherchons des financements pour exécuter des activités. Nous vous avouons que la collaboration avec l’ensemble des syndicats du MENA se passe bien. D’ailleurs il ne peut pas en être autrement. Nous sommes des collègues et ensuite nos membres se trouvent être des militants de divers syndicats. Et comme notre structure est clairement non syndicale, nous ne sommes même pas sur le même chemin de combat

L’ANEP est très active sur la toile, grâce notamment aux informations concernant le secteur de l’enseignement de base qu’elle diffuse. Comment le MENA le prend-t-il ?

Effectivement aujourd’hui on peut convenir avec nous que l’ANEP est la seule association d’enseignants au Burkina à disposer d’un journal électronique, d’une page newsletter animée quotidiennement et d’un site dynamisé même s’il reste à l’allure d’un blog. On peut même taxer nos rédacteurs d’engagés, au regard souvent des problématiques qu’ils abordent. Beaucoup d’enseignants, de directeurs centraux et d’autres internautes du Burkina et en dehors du Burkina sont abonnés à notre Newsletter car notre présence sur le réseau TIC-EDUC-BF a permis à tous ceux qui recherchent des informations éducatives de toutes natures de nous découvrir et de s’abonner. Il y a actuellement environ 3 000 abonnés à notre Newsletter. C’est un potentiel de lecteurs. Pour cela beaucoup de cadres du Ministère de l’Education nationale et de l’alphabétisation suivent nos écrits de près et nous prennent au sérieux. Maintenant comment le MENA le prend il ? Mais, il fait avec. Le MENA ne peut pas nous empêcher d’animer une page newsletter. Il ne peut pas non plus censurer nos écrits.

D’ailleurs il n’a aucun intérêt car tout ce que nous publions, nous disposons toujours de preuves et quand nous faisons des critiques, nous indiquons toujours, en tant que professionnels de l’Education, ce qui mérite d’être fait.

Quand par exemple, le MENA prend une bonne mesure, nous disons c’est bien quand c’est bien ; ou nous disons ce n’est pas bien quand ce n’est vraiment pas bien en proposant toujours la bonne manière de faire.

Mieux, le MENA passe souvent par notre canal pour donner certaines informations aux acteurs de l’éducation parce qu’aujourd’hui au ministère, on sait très bien que nous touchons aux enseignants de pratiquement toutes les régions.

Nous pouvons vous avouer que nous sommes souvent invités par la direction de la communication et de la presse ministérielle du MENA pour couvrir des activités de notre ministère comme les autres presses et en retour nous publions.

Avec le MENA, nous entretenons un partenariat exemplaire et ce, depuis le temps de madame Odile Bonkoungou . Certains directeurs centraux du MENA aussi nous envoient parfois des rapports et des informations à publier à l’intention des enseignants.

En tout cas, avec le MENA, nous n’avons aucun problème. Ce qu’il faut retenir aussi c’est que, prenant conscience du nombre des abonnés, de ce que nos newsletters font le tour du monde et peuvent être exploitées par d’autres personnes, nous prenons soins de traiter correctement les informations que nous collectons avant de les publier. Nous ne diffamons personne, mais dans certains cas, on n’est pas souvent tendre. Mais c’est toujours dans l’esprit de contribuer à l’édification d’un système éducatif de base de qualité dans notre pays.

L’on se plaint de la baisse du niveau de l’enseignement en général au Burkina. Au niveau de l’enseignement de base, quelle est la réalité du phénomène ?

Vous savez, contrairement aux autres secteurs d’activités, le secteur éducatif produit ses propres intrants. Donc tout dépend du mécanisme de reproduction. Vous n’ignorez pas qu’il y a des problèmes dans les universités publiques du Burkina. On rencontre souvent des étudiants qui n’ont même pas le niveau requis pour leur conférer le statut d’étudiant, mais qui par miracle arrivent à décrocher une licence ou une maitrise. C’est vous dire qu’avec la pédagogie universitaire actuelle, on peut effectivement, entrer à l’université de Ouagadougou, en ressortir avec un diplôme et ne rien avoir dans la tête. De tels diplômés vont devenir des professeurs de peu de qualité, vont donner des enseignements de bas niveau aux élèves dans les lycées et collèges. Ces derniers, parvenus miraculeusement à décrocher un BEPC, vont faire les concours d’entrée dans les ENEP et devenir enseignants, étant entendu que le succès à un concours dans la fonction publique avec le système de recrutement actuel relève de la pure chance pour ne pas dire du pur hasard. Même l’ignare confirmé peut réussir à un concours de recrutement d’enseignant du primaire actuellement. Naturellement, ils ne pourront enseigner plus que ce qu’ils ont appris. C’est ainsi que les élèves au niveau du primaire ont des acquisitions de moins en moins bonnes, des acquisitions taillées à la mesure du niveau de celui qui enseigne. Et vous voyez le circuit ? Ce sont donc encore ces écoliers sans niveau qui vont « caracoler » comme ils peuvent pour avoir plus tard le BEPC pour certains, le BAC pour d’autres, vont passer encore les concours et redevenir enseignants. Les gens parlent de baisse de niveau au primaire ? Il faut plus parler de dégénérescence. Et ce n’est ni les autorités du ministère de l’éducation nationale et de l’Alphabétisation, ni les acteurs de l’éducation au niveau du primaire à eux seuls qui peuvent résoudre le problème. Il ne faudrait pas leur en vouloir.

Comment appréciez-vous le déroulement des dernières sessions d’examens du CEPE dans l’ensemble ? Session 2013 ?

Dans l’ensemble l’organisation du CEP session 2013 s’est bien déroulée. En tout cas on n’a pas eu connaissance d’une situation déplorable comme ce qui se raconte souvent au BEPC ; au niveau du primaire, le fait que les inspecteurs, chefs de circonscriptions et leurs staffs soient les présidents de jury, c’est pratiquement difficile de vivre des situations comme ce qui se passe lors des examens au secondaire. Nous apprécions également le fait que le MENA ait pris en compte les revendications des syndicats dans le cadre de l’organisation du CEP, ce qui a permis d’avoir une session dans la sérénité.

Il est question de plus en plus de suppression du CEP (le certificat d’études primaires), qu’en pensez-vous ?

Le débat sur la suppression du CEP ressemble à un débat de sourds muets ou chacun pense avoir raison mais sans disposer de la capacité de convaincre l’autre. Aujourd’hui, et pire dans les années à venir, on peut-être sûr qu’un certificat d’études primaire (CEP) ne sera pas mieux qu’un certificat de scolarité parce qu’il ne confèrera rien à son détenteur. Et si vous franchissez les frontières de notre pays, votre certificat ne sera qu’une simple paperasse qui suscitera une curiosité inutile des autres peuples.

Quand on analyse effectivement les choses en profondeur et non dans la passion et si l’on veut se mettre en phase avec l’évolution actuelle des choses où tout se mondialise, on peut effectivement ne pas s’opposer à la suppression du CEP. Surtout quand on sait que pour son organisation, il faut mobiliser de nombreuses ressources financières, humaines, matérielles, etc.

Par exemple, le CEP de cette année aurait couté plus de 3 milliards de francs CFA. Cependant, pour y arriver, un certain nombre de dispositions doivent être prises pour garantir l’accès et la qualité de tous les élèves des classes de CM2 qui auront juste une moyenne de passage pour la 6ème. Il faut des préalables savamment étudiées. Et comme ces mesures n’existent pas d’abord, nous sommes très surs qu’une suppression prématurée du CEP va entrainer une pagaille dans le système éducatif de base et impacter négativement la qualité de l’enseignement de base. Ce que les politiques oublient, c’est que le peu de qualité de l’éducation qu’on a actuellement au secondaire est due à l’existence du CEP ; l’expérience a montré que dans la perspective du CEP, les enseignants font des efforts considérables à partir du CM1 ce qui permet de rattraper certains retards dans les acquis des élèves accumulés dans les classes antérieures. Il ne faut donc pas mettre les charrues avant les bœufs. En définitive, la suppression du CEP pour nous est très inopportune présentement.

Etes-vous satisfaits des résultats du CEP 2013 ?

Selon des informations que nous détenons, le taux de succès au CEP session de 2013 au plan national serait de 60,91%. Comme disent les syndicalistes, c’est bon, mais ce n’est pas arrivé ; cela veut dire qu’on aurait pu faire mieux. Mais pour nous acteurs directs, on peut se féliciter au regard des conditions dans lesquelles la plupart des enseignants travaillent. Lors de mes tournées en régions, j’ai rencontré des enseignants qui sont dans des conditions qui ne motivent pas au travail. Ca veut dire qu’ils ont fait de leur mieux et il faut les encourager.

Vous avez publié sur votre site, une information relative à une guéguerre entre anciens et nouveaux enseignants au sujet de l’organisation du CEPE, comment expliquez-cette situation ?

Oui, c’était vrai. A Bobo-Dioulasso où j’ai séjourné du 8 au 10 juin2013 juste avant le CEP, il y avait effectivement des frustrations au sein de certains anciens enseignants. Nous avons été aussi informés de situations similaires dans d’autres régions du Burkina par des présidents régionaux de l’ANEP. Vous savez, contrairement aux autres agents de la Fonction publique qui ont souvent des missions, participent souvent à des ateliers et leur procure d’autres ressources financières, au niveau de l’enseignement, les enseignants ont peu d’opportunités où ils peuvent contracter quelque chose en dehors de leur salaire. Prendre part à l’organisation du CEP semble être la vraie seule opportunité pour les enseignants. Or, malheureusement, il n’ ya pas de texte qui régit le choix des examinateurs et des correcteurs ainsi que les membres du secrétariat du CEP. Le seul critère est que l’inspecteur doit faire le choix sur la base de la confiance. C’est donc laissé libre court à certains inspecteurs qui n’engagent que leurs amis, des courtisans si vous voulez. Dans ce cas, il y a eu effectivement des enseignants de plus de 20 ans de service qui n’ont pas été retenus dans certains endroits alors que d’autres plus jeunes dans le métier l’ont été. On a les preuves. Cela crée des frustrations et c’est ce que nous avons relaté tout en interpellant le ministère à définir des critères plus objectifs.

L’actualité est marquée également par le rattachement du post- primaire à l’enseignement de base. Comment à l’ANEP apprécie-t-on cette situation ?

C’est le 28 mai 2013 que le Conseil de ministres a adopté le décret portant transfert du post primaire et du préscolaire au MENA. Il n’y a donc pas longtemps. Au stade actuel, il nous est pratiquement très difficile d’apprécier de façon pertinente car nous n’avons pas tous les éléments d’analyse.

On se demande s’il en existe de façon définitive. Tout ce qu’on sait, est qu’un comité interministériel, institué par le décret interministériel N°2013-65/MENA/MESS/MASSN du 25 juillet 2013, a été mis en place pour veiller à la cohérence des interventions et à une mise en œuvre réussie du transfert en lien avec les stratégies du Gouvernement.

On a aussi appris que les 10 et 11 septembre 2013 se tiendra à l’ENEP de Loumbila, un atelier de réflexion sur le processus du transfert du préscolaire et du post primaire au MENA. On nous a aussi dit qu’il est attendu entre autres de cet atelier l’identification des actions à entreprendre et les stratégies de leur mise en œuvre, la planification des options du transfert sur les trois ans à venir, la proposition d’un arrêté conjoint MENA/MESS de dévolution de toutes les structures post primaire dans les lycées, des CEG, une liste des enseignants dont bénéficiera le post primaire. Vous comprenez que rien n’est précis pour l’instant.

Mais suite à nos propres investigations pour pouvoir cerner le transfert, nous avons appris qu’à la rentrée 2013/2014, seuls les CEG de villages ainsi que leurs personnels et équipements seront transférés au MENA. Les CEG des chefs lieux de communes quant à eux, seront érigés en lycées et relèveront du MESS tout comme les autres établissements des chefs lieux de provinces et de régions.

Concrètement le MENA va gérer les salles de 6ème uniquement à cette rentrée, les salles de 6ème et 5ème l’année prochaine. Dans 3 ans, les classes de 4ème vont s’ajouter et ce n’est que dans quatre années que le MENA va prendre entièrement tout le post primaire.

C’est ce qu’on a appris. En dehors de cela, quand on lit les documents sur ce transfert, on se perd par moment. Et comme le gouvernement burkinabé à travers les ministères en charge de l’éducation dans notre pays, n’a pas encore clairement adopté une politique communicationnelle de masse grandeur nature pour que les acteurs concernés appréhendent au fur et à mesure la problématique du processus du transfert chacun y va de ses commentaires, de ses interprétations, se laissant aller parfois à ses inquiétudes.

Pour notre part, nous attendons vraiment de maitriser tous les contours et nous sommes toujours entrain d’étudier et d’analyser les documents y relatifs en notre possession. Ce qui est sûr, notre association compte au bout du rouleau faire des observations, des propositions et des suggestions que nous adresserons aux trois ministères en charge de l’éducation dans notre pays.

Quelles peuvent en être les conséquences sur le système éducatif ?

Nous sommes des professionnels de l’Education. Pour parler des conséquences d’une mesure éducative comme celle portant sur le transfert du préscolaire et du postprimaire, nous devons en être suffisamment imprégnés pour ne pas désorienter les non professionnels.

C’est pourquoi pour l’instant nous sommes entrain d’analyser tous les documents y afférents et c’est sûr que nous allons situer clairement les Burkinabé par rapport à cette politique dans les moments qui suivent.

Pour l’instant il faut reconnaitre que tout est flou, tout est confus et si les choses restaient en l’état, ce serait une catastrophe pour notre système éducatif. Mais je souhaite et j’ose croire que ça va évoluer positivement et que les choses vont se préciser davantage.

L’ANEP se sent-elle concernée par le débat autour du Sénat ?

Soyons d’abord très clair comme à notre habitude : les cadres de l’ANEP ne se sont pas encore une fois retrouvés pour expressément délibérer sur le Sénat en vue de prendre une position quelconque. Donc à ce jour, il m’est difficile de donner une position officielle de l’ANEP sur le Sénat. Mais personnellement, en tant que citoyen libre de ce pays, je peux profiter de votre question pour livrer mon opinion personnelle sur le Sénat. En réalité, tous les arguments en faveur de la création du Sénat peuvent se justifier car dans le principe un Sénat peut participer au renforcement de l’encrage démocratique dans un pays. Mais ce qu’il faut retenir c’est qu’il n’ya pas de modèle démocratique prêt-à-porter. Le processus démocratique tient compte du climat socio-économique de chaque pays. C’est pourquoi, pour l’instant le Sénat n’est pas une priorité nationale. Je souhaite que les uns et les autres, fassent une bonne lecture de toutes les positions justifiées contre la création d’un sénat dans notre pays et laissent tomber ce projet.

Juvénal Somé

Lefaso.net



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