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Comité d’action du peuple, CAP : Non au Sénat, non à un gouvernement d’union nationale !

vendredi 23 août 2013.

 

Suite à la controverse soulevée par la mise en place du sénat, le président du Faso, Blaise Compaoré, a instruit le Premier ministre de convoquer le Comité de suivi et d’évaluation de la mise en œuvre des Réformes politiques consensuelles. Mais pour le CAP (Comité d’action pour le peuple), un regroupement de 15 partis politiques et d’organisations de la société civile, il s’agit là d’une manière dilatoire du Chef de l’Etat pour gagner du temps afin de mieux peaufiner sa stratégie.

Depuis le 16 août 2013, les membres du Comité de suivi et d’évaluation de la mise en œuvre des Réformes politiques consensuelles sont en conclave à Ouagadougou. Objectif : proposer au Chef de l’Etat un rapport circonstancié sur le processus de mise en place du Sénat. En effet, la mise en œuvre de ce projet avait fait monter d’un cran la tension entre les pros et anti sénat qui ont battu à plusieurs reprises le macadam. Même si l’accalmie semble être revenue depuis l’annonce de la convocation du comité, tous s’accordent à reconnaitre que l’opinion nationale est sceptique quant à la suspension définitive du sénat. Pour Valère Somé et ses camarades, il est plus que jamais nécessaire de rester vigilant car c’est encore une manière dilatoire pour le chef de l’Etat pour atteindre son but : mettre en place, contre la volonté du peuple, le Sénat. « Nous avons tous lu le communiqué de la présidence du Faso. Mais comme à son habitude, Blaise Compaoré a été ambigu. Il ne dit pas clairement qu’il suspend définitivement la mise en place du Sénat. Pour cela nous disons qu’il faut avoir une vigilance accrue. Aujourd’hui le rapport de force n’est pas en faveur du président. Et en bon stratège opportuniste, il a reculé mais c’est sûr que le but final reste le même : mettre en place du sénat », a indiqué Pr Etienne Traoré, membre du CAP. Selon le Pr Traoré, toutes les manœuvres du président du Faso visent à lui assurer un après mandat paisible. « Il est vrai qu’on lui a accordé l’amnistie mais je ne suis pas sûr que lui-même croit en cela. Il a vu le cas de Charles Taylor qui avait bénéficié d’une amnistie mais qui se retrouve aujourd’hui à la Haye », a renchéri Etienne Traoré.

Non à un gouvernement d’Union nationale

Fin politicien, président rusé, les qualificatifs ne manquent pas pour le chef de l’Etat. Et selon Valère D Somé, à défaut de pouvoir mettre en place le Sénat, le président pourrait constituer un gouvernement d’union nationale pour tenter de semer des zizanies au sein de l’opposition. Mais pour lui, aucun membre du CAP n’est intéressé par un poste ministériel. « L’opposition a aussi grandi. Il ne nous aura pas par cette stratégie car nous ne sommes pas au CAP pour des postes ministériels. Soyez rassurés si le cas se posait un jour, nous allons rejeter l’offre », a-t-il ajouté. De l’avis de Valère Somé, « le peuple ne veut pas d’un sénat modifié ou pas. Les gens sont opposés à la mise en place du sénat », a-t-il ajouté.

Né dans un contexte trouble, le CAP s’est révélé le 23 avril 2013 par un appel à la mobilisation contre la mise en place du Sénat, la modification de l’article 37. Selon ses géniteurs, il regroupe 15 partis politiques et des organisations de la société civile et des personnalités. « Tout le monde peut s’inscrire au CAP », a indiqué Valère Somé. Pour l’instant, le gros de la troupe est composé de partis politiques affiliés au Chef de file de l’opposition politique (CFOP). Mais rien à craindre pour leur relation avec le CFOP. « Nous pouvons vous rassurer que nos relations avec le CFP sont bonnes. Nous avons expliqué notre démarche aux responsables de l’institution qui nous ont du reste encouragés », a précisé Valère Somé. Si les composantes des deux structures sont presque les mêmes, les objectifs diffèrent. « Nous voulons que le CAP soit une structure de veille qui éviter que même si un de nos membres devenait président que la démocratie ne soit confisquée. Nous allons veiller au respect des valeurs et libertés démocratiques », a ajouté le coordonnateur du CAP.

Appel à l’adhésion

Afin de donner plus de ses actions, le Comité invite les formations politiques, les OSC ainsi que les individus, même les « déçus du CDP », à rejoindre ses rangs. « Plus nous fragiliserons ce pouvoir mieux cela vaudra », ont indiqué les conférenciers. Pour convaincre les uns et les autres à faire le pas, ils ont initié une rencontre avec certains responsables politiques dont les premiers seront ceux de l’ADF/RDA. « Nous allons rencontrer dans un proche délai les responsables de l’ADF/RDA qui ont déjà fait le premier pas en rejetant le Sénat afin les inviter à nous rejoindre », a conclu le coordonnateur du CAP.

Jacques Théodore Balima

Lefaso.net



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