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Institut des hautes études internationales (INHEI) : Soutenances de la deuxième promotion

lundi 29 juillet 2013.

 

Les soutenances des étudiants en fin de cycle pour l’obtention du diplôme d’Etudes supérieures en diplomatie et relation internationale ont commencé ce 29 juillet 2013 dans les locaux de l’Institut à Ouagadougou. Les questions de migration irrégulière, de médiation dans les conflits et d’environnement, ont été abordées par les trois premiers candidats qui ont présenté les résultats de leurs recherches.

La promotion sortante fait suite à celle de 2010-2012 – la première - constituée de huit étudiants. En effet, ces soutenances débutées ce jour sonnent l’aboutissement d’une formation débutée en 2011 au profit de la deuxième promotion de l’Institut. Ils sont 10 étudiants, dont cinq auditeurs recrutés sur titre et cinq élèves conseillers des affaires étrangères.

Cinq d’entre eux ont été appelés à soutenir leur mémoire ce 29 juillet, et les cinq autres à en faire autant le lendemain 30 juillet. Ces soutenances font suite à des travaux de recherches sur des thèmes divers en rapport avec soit la diplomatie, soit les relations internationales.

Il faut une sensibilisation conséquente sur la migration irrégulière

Dans le cadre de ses recherches de fin de cycle, Momouni Guiguemdé a travaillé sur le thème « La migration irrégulière du Burkina Faso vers l’Europe Occidentale : facteurs incitatifs et politiques de lutte ». La migration irrégulière, M. Guigemdé la définit comme étant « cette forme de migration que certaines personnes pratiquent en allant en Europe sans avoir au préalable réuni les documents requis ».

Le choix de ce thème a été motivé, selon l’impétrant, par un constat se rapportant à la dangerosité de cette forme de migration, en ce qu’il en résulte, des disparus, des décès, des naufragés. En effet, les migrants irréguliers empruntent des voies terrestres, maritimes joncées de risques de tout genre. Il y a également la voie aérienne, a relevé par le jury à l’attention de M. Guiguemdé. Certaines personnes falsifient des documents, tandis que d’autres refusent de regagner leur pays de départ après l’expiration de la validité de leur visa.

Situant les responsabilités, M. Guiguemdé pointe du doigt aussi bien les migrants eux-mêmes qui pensent aveuglement pouvoir s’enrichir facilement en Europe, que nos Etats, ainsi que les Etats occidentaux. Et comme il le relève avec éloquence, « à travers, ce thème, j’ai voulu lancer un appel aux autorités afin que des dispositions nécessaires soient prises pour retenir les gens sur place ». De telles dispositions – axées notamment sur la réduction de la pauvreté – permettraient selon lui, de suppléer l’absence de « politique migratoire au Burkina, contrairement au Mali, au Sénégal ».

De plus, confie l’impétrant, « dans le cadre des recherches sur ce thème, j’ai compris qu’il n’y a pas de sensibilisation sur la migration irrégulière au Burkina ; on en fait un sujet tabou, pourtant c’est une réalité ». Pour lui, il faut sensibiliser conséquemment sur la question, conscientiser les potentiels candidats à cette forme de migration, car, précise-t-il « aller en Europe sans les documents nécessaires, c’est se jeter dans la gueule du loup ».

Convenant que le thème est complexe du fait de difficultés réelles qu’il y a à obtenir des données fiables, le jury, présidé par le Pr Issa Cissé, note retenir « un travail bien construit, équilibré et cohérent ». Ce qui a valu à M. Guiguemdé la « mention très bien », prononcée sous des acclamations nourries. Il a, en effet, obtenu la note de 16/20.

Les dégradations du complexe W. Arly de Pendjari au centre d’une étude

Animée du souci de protection de l’environnent, et partant du constat que le Complexe W. Arly de Pendjari est sous l’emprise de « graves dégradations », Suzanne Nouma a travaillé sur le thème « La coopération interétatique dans la gestion durable des ressources naturelles transfrontalières : cas du Complexe W Arly Pendjari ». Cet espace de grande importance environnementale est partagé entre le Benin, le Burkina Faso et le Niger.

Devant un jury présidé par Dr Hamidou Garané assisté du Pr Benoit Kambou et de Dr Dié Léon Kassabo, elle a présenté les résultats de ses recherches. La conduite de ces recherches a été confrontée, relève l’impétrante, à l’absence « d’écrits sur la gestion transfrontalière des ressources naturelles, spécialement sur le volet coopération ».

En dépit de cette réalité, Suzanne Nouma est parvenue à des résultats contenus dans un document jugé satisfaisant par le jury. En effet, elle a obtenu la « mention bien », avec la note de 14/20.

Dans ce document, confie Nouma, « nous avons préconisé la mise en place d’une structure sous régionale de gestion et la mise en place d’un accord régional » pour contrer les dégradations dont est victime le Complexe W Arly Pendjari.

Les médiations non médiatisées

En choisissant de travailler sur le thème « L’implication des organisations religieuses dans la gestion et la résolution des crises sociopolitiques en Afrique : cas de la Communauté de Sant’Egidio », Denis Kaboré s’est fixé pour objectif de faire ressortir la « spécificité des méthodes » que cette ONG catholique met en œuvre pour résorber des conflits.

A l’origine, la communauté Sant’Egidio, travaillait uniquement dans l’humanitaire. Elle s’est ensuite lancée dans la médiation pour faire en sorte qu’il y ait moins de conflits. C’est ainsi qu’elle a joué un rôle remarquable au Mozambique en 1992, ainsi que dans le processus de sortie de crise en Côte d’Ivoire.

C’est la discrétion qui encadre généralement les actions de médiation de la communauté Sant’Egidio, a relevé M. Kaboré. C’est une ONG qui n’aime donc pas conduire les « médiations médiatisées » ; ce qui fait qu’elle n’est pas assez souvent citée au rang des médiateurs. Elle est actuellement « sollicitée en RDC et en Casamance », a confié l’impétrant.

La communauté Sant’Egidio a une représentation au Burkina depuis 1998. Et à partir de recherches menées sur elle, Denis Kaboré a pu produire un mémoire qualitatif ; ce qui lui a valu la « mention très bien ». Il a, en effet, obtenu la note de 16/20 après une brillante présentation devant un jury présidé par Dr Seydou Oumar Kane assisté du Pr Hamidou Diallo et du Dr Antoine Somdah.

Qui peut, et comment, devenir étudiant de l’INHEI ?

Crée par décret en 2008, c’est en 2009 que l’Institut a pu effectivement commencer ses activités administratives et académiques.

« L’Institut des hautes études internationales est une structure de formation professionnelle chargée de la formation et du perfectionnement des cadres de l’administration en matière de diplomatie et de relation internationale », c’est en ces termes que l’a défini son directeur général, Didace Gampiné.

Pour l’instant, l’institut délivre des diplômes d’étude supérieur en diplomatie et relation internationale, à l’issue de deux années d’études concluantes.

Le recrutement d’étudiants de l’Institut se fait à partir de la maîtrise en sciences sociales, c’est-à-dire tous ceux qui sont titulaires d’une maîtrise ou d’un master en droit, en sciences économiques et de gestion, en histoire, en sociologie, en philosophie.

La première modalité d’accès à l’Institut se fait par concours direct de la fonction publique ouvert aux jeunes titulaires d’une maîtrise en sciences sociales.

La deuxième modalité procède par concours professionnel. Ce concours est ouvert aux cadres B de la fonction publique remplissant des conditions d’ancienneté. Une fois qu’ils sont admis, ils rejoignent l’Institut pour subir la formation.

En plus de ces formes de recrutement, l’Institut accueille des étudiants inscrits sur titre, appelés auditeurs. Mais ces auditeurs doivent également remplir les conditions de diplôme sus-indiquées. Une fois qu’ils ont satisfait aux conditions de test, ils sont également formés en deux ans, tout comme les autres étudiants de l’Institut.

Fulbert Paré

Lefaso.net



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