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Guerre au nord Mali : Les victimes collatérales reçoivent l’assistance de la Croix-Rouge

dimanche 16 juin 2013.

 

La Croix-Rouge burkinabè, avec le soutien de la délégation régionale du Comité international de la Croix-Rouge(CICR) basée à Abidjan en Côte-d’Ivoire, a procédé à la distribution de vivres aux populations locales de la province de l’Oudalan. C’était le 14 juin 2013, dans les localités de Ferrerio et de Gandafabou qui ont accueilli des milliers de réfugiés maliens fuyant les affres de la guerre dans leur terroir.

Sur l’ensemble du territoire du Burkina, les réfugiés maliens sont estimés à environ 50 000, arrivés pour la plupart, avec leur bétail. Et c’est tout naturellement que l’ONG humanitaire -le mouvement de la Croix-Rouge- dans ses différents démembrements, s’est mobilisé pour leur apporter assistance. C’est ainsi qu’à l’issue de deux évaluations, l’une en février 2012 et l’autre en février 2013, le CICR a apporté assistance à ceux de ces réfugiés accueillis dans la province de l’Oudalan.

Par la suite, une troisième évaluation, réalisée en avril 2013, a concerné cette fois les populations hôtes de ces réfugiés. Du rapport de cette dernière évaluation, la nécessité d’apporter à ces populations hôtes une assistance en termes notamment de vivres, est clairement ressortie.

En effet, les populations de la province de l’Oudalan, qui ont accueilli les réfugiés maliens, ont partagé leurs ressources avec ces derniers. De plus, presque tous leurs champs ont servi de terres d’accueil à ces réfugiés venus par milliers. A titre d’exemple, l’on a enregistré plus de 10 000 réfugiés à Ferrerio avec leur bétail. Conséquences, c’est l’épuisement des ressources des populations hôtes, doublé d’un faible niveau d’encaissement de récoltes à l’issue de la saison pluvieuse écoulée.

Etant donné qu’habituellement, les ONG humanitaires s’intéressent surtout aux seuls réfugiés, ces populations locales démunies se trouvent exposées à des risques de frustrations ouvertes vis-à-vis de ces réfugiés.

Et c’est pour, non seulement anticiper ces risques, mais surtout aider ces populations locales à tenir le coup durant la période de soudure qui s’annonce, que la Croix-Rouge a procédé à la distribution de vivres. C’est du moins, en ces termes que le chef de la délégation régionale du CICR à Abidjan, Georges Comninos, a justifié l’opération du jour.

De quoi remettre la marmite en valeur durant quelques semaines

Chacun des 120 ménages retenus de Ferrerio a reçu 50 kg de mil, plus 10 kg de haricots, plus 5 litres d’huile et 1 kg de sel. Il en a été de même pour les 169 ménages chanceux de Gandafabou.

A l’appel, le chef de ménage bénéficiaire ou son représentant, menu de sa carte de distribution, fait vérifier son identité avant d’émarger ou d’imbiber son doigt dans de l’encre indélébile. Ces formalités accomplies, les volontaires de la Croix-Rouge mettent à sa disposition, hors de l’arène d’entrepôt, son lot de vivres.

En plus de Ferrerio et de Gandafabou, des centaines de ménages à Dibissi, à Tin Edjar, à Gountouré Gnénè et à Déou, ont ainsi été gratifiés. En tout, ce sont 1 500 ménages, soit 9 000 personnes dans la province de l’Oudalan qui ont bénéficié de cet appui à même de renforcer leur sécurité alimentaire.

Le risque de frustration n’est pas à exclure encore

Toutes les populations des zones ciblées par l’opération de distribution de vivres n’ont pas été servies. En effet, sur une population estimée à 1290 personnes à Ferrerio soit environ 215 ménages, seuls 120 ménages ont bénéficié des vivres. Et à Gandafabou, on a une population estimée à 1 107 personnes réparties en 185 ménages environ, mais seuls 169 ont bénéficié de vivres avec la présente opération. Il y a donc de nombreux ménages nécessiteux dans ces zones bénéficiaires qui n’ont pas été pris en compte.

Ce qui peut faire déplacer le risque de frustration de l’externe à l’interne, entre populations locales elles-mêmes.

En attendant, le représentant du président de la Croix-Rouge burkinabè, Christophe Diébré, lance un appel à la mobilisation de ressources pour la cause de ces populations non bénéficiaires de l’opération du jour. Certaines d’entre elles sont même venues sur les sites de distribution, dans l’espoir de retourner chez elles avec quelque chose. Mais hélas ! Les quantités sont arrêtées en fonction du nombre de bénéficiaires recensés et détenteurs de carte de distribution.

Fulbert Paré

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