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Délinquance à Ouagadougou : Ils se faisaient passer pour des officiers de police détachés au marché de Rood-Woko

jeudi 13 juin 2013.

 

Dans le cadre de la lutte contre le banditisme et le crime organisé dans la ville de Ouagadougou, la Brigade anti criminalité (BAC) et le Service régional de police judiciaire (SRPJ) du centre viennent de mettre hors d’état de nuire deux bandes de présumés malfaiteurs spécialisés dans le faux et usage de faux en écriture publique et dans la contrefaçon des sceaux de l’Etat. Avant de les déférer au parquet, ils ont été présentés à la presse le 12 juin 2013 dans les locaux de la BAC.

La première bande est un cas atypique. Elle faisait de « concurrence déloyale à la police ». Hermann Bationo, 39 ans, et son acolyte, actuellement en cavale, se faisaient passer pour des officiers de police détachés par la hiérarchie au grand marché, Rood-Woko, de Ouagadougou.

Après près de deux années d’exercice, leurs activités prirent fin le 30 mai 2013, lorsque la BAC fut « informée de ce que des individus seraient en train de légaliser des documents administratifs dans un local situé au grand marché de Ouagadougou ». Une équipe est vite dépêchée sur les lieux et constate l’effectivité des faits. Si tôt, la BAC procède à l’interpellation du mis en cause, le sieur Hermann Bationo.

Un magasin de Rood-woko servait de commissariat de police

Conduit au service régional de police judiciaire du centre (SRPJ), il ne tardera pas à passer aux aveux. « Avec son acolyte (ndlr : en cavale), ils se faisaient passer pour des policiers en civil détachés au grand marché de Ouagadougou. Dans un magasin qu’ils avaient loué, ils établissaient et certifiaient contre rémunération des documents administratifs en utilisant de faux cachets de la police nationale qu’ils avaient confectionnés. Même en l’absence des originaux, les simples photocopies des documents administratifs étaient « légalisés » moyennant 2500f CFA par document », précise le commissaire de police Patrice Yéyé, commandant de la BAC.

Plusieurs documents administratifs délivrés

Le présumé fautif reconnait « avoir prêté son concours à plusieurs dizaines de personnes de mauvaise foi qui se sont faits délivrer ou attester un nombre impressionnant de diplômes divers (BEPC, BAC), d’attestations de stage ou de travail, de certificats de résidence et bien d’autres documents administratifs à des buts multiples avant d’être interpellé par la BAC », affirme le commandant de la BAC.

Pour mener « à bien » leurs activités, le sieur Bationo et son acolyte utilisaient divers matériels contrefaits. Les différentes perquisitions ont permis de saisir :
9 faux cachets portant les sceaux de la police nationale ; une pile de fausses attestations de diplômes (BEPC, BAC) ; un lot de fiches d’attribution de parcelles ; une fausse carte grise de moto ; un faux permis de conduire ; 2 tiroirs contenant divers autres papiers.

Le délégué commercial de Laarlé qui établissait des documents pour engins volés

Au cours de la conférence de presse du 12 juin, il a également été présenté un autre individu qui « évoluait dans l’établissement de faux documents afférents à la vente et la mise en circulation des engins à deux et à quatre roues volés ». Le sieur Abdoulaye Dianda se faisait passer pour un délégué commercial.

« Avec le concours de ses complices basés au Togo et en Côte d’Ivoire, il se faisait livrer les originaux vierges des documents sus-référenciés. Après avoir contacté ses clients, il leur confectionne tous les faux documents nécessaires à l’écoulement de ces engins et véhicules volés, moyennant rétribution », souligne le commissaire de police Patrice Yéyé.

Il a été interpellé le 03 juin 2013 à 13h par la BAC, grâce à la dénonciation de la population. Il exerçait ses activités illicites au quartier Laarlé de Ouagadougou.

Des centaines de faux documents saisis

La perquisition effectuée dans ses locaux par les forces de l’ordre ont permis de saisir :
161 fausses attestations togolaises de vente de véhicules portant le sceau des autorités portuaires de Lomé ; 17 faux permis de conduire international de la Côte d’Ivoire, du Burkina Faso et du Togo ; un lot de papiers vierges servant à la contrefaçon des documents ; un lot de faux carnets de voyage CEDEAO ; un lot de faux timbres d’une valeur de 1000f chacun ; un spécimen du permis de conduire burkinabè ; une dizaine de fausses souches de permis de conduire burkinabè ; un lot de fausses cartes grises vierges ; 9 faux cachets de diverses administrations ; une dizaine de carnets de reçus de vente ; 2 faux permis de conduire au nom de Dianda Abdoulaye ; une machine dactylographique ; une machine de plastification ; et divers autres matériels (un encreur, un dateur, des agrafeuses, un coupe-papiers, etc.)

Appel à la collaboration avec les forces de sécurité

En attendant l’interpellation des différents co-auteurs et complices de ces deux bandes de délinquants, les sieurs Bationo et Dianda seront incessamment présentés à la justice pour répondre des faits de faux et usage de faux en écriture publique, de contrefaçon des sceaux de l’Etat, d’usurpation de titre et de fonction, d’association de malfaiteurs.

La réussite de ces deux opérations est le résultat de la collaboration des populations avec les forces de sécurité. Pour davantage de sécurité dans nos villes et campagnes, les populations sont invitées à renforcer cette collaboration en alertant, chaque fois que de besoin, les forces de sécurité aux différents numéros verts que sont : centre national de veille et d’alerte : 10 10 ; gendarmerie nationale : 16 ; police nationale : 17 ; police municipale de Ouagadougou : 80 00 11 03.

Moussa Diallo

Lefaso.net



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