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Promotion des droits humains au Burkina : « On le mène souvent à contre cœur »

vendredi 7 juin 2013.

 

« Les droits humains c’est comme les religions. En leurs noms on mène des luttes nobles tout comme, malheureusement, des luttes les plus obscènes qui puissent exister », foi d’un cadre exerçant dans le domaine tant en vogue dans les relations internationales.

Des pays pauvres sont de plus en plus sommés de se soumettre à un idéal jugé universel. Mais promu et imposé par des puissances occidentales. Au nom des droits humains « les facultés, libertés et revendications inhérentes à chaque personne au seul motif de sa condition humaine », bien de discriminations et de crimes sont combattues sur la terre. Mais l’universalité de ces droits se bute parfois à des réalités sociétales.

Comme par exemple la peine de mort, la polygamie, l’homosexualité, les droits de la femme… qui sont acceptées ou refusées en fonction des pays. Si les Etats-Unis, la Chine, la Russie… sont suffisamment forts pour accepter ou refuser des recommandations en déphasage avec leur réalité, cela relève d’un crime inexpiable pour des pays pauvres.

A titre d’exemple, la peine de mort est effective en Chine, on y tue encore sans problème et sans sanction conséquente. A contrario de la Gambie. De même on n’en veut à des pays comme le Burkina ce qui semble être dans l’ordre normal des choses dans les relations entre les pays du golf et les occidentaux.

C’est ainsi, que de retour du troisième Examen périodique universel (EPU), la ministre des Droits humains et de la Promotion civique, Julie P. Nignan avait laissé entendre du bout des lèvres qu’il est demandé au Burkina de faire des efforts en matière de droits humains sur des questions comme la polygamie. Autrement dit, la reconnaissance de la polygamie au Burkina dérange.

Personnellement opposé au forceps des institutions et autres puissances occidentales qui ne tiennent pas compte des réalités culturelles des pays démunis, notre expert se bat paradoxalement pour que le Burkina se plie au désidérata de ses mentors. Et il va falloir y aller vite selon lui car un pays comme la Côte d’Ivoire à déculotté ses hommes pour être en bonne posture avec les bailleurs de fonds.

En effet l’article 58 de la nouvelle loi sur le mariage adopté en novembre 2012 en Eburnie a supprimé la notion de chef de famille. L’ancien article 58 « Le mari est le chef de famille. Il exerce cette fonction dans l’intérêt commun du ménage et des enfants » a été modifié pour donner « La famille est gérée conjointement par les époux dans l’intérêt du ménage et des enfants. Ils assurent ensemble la direction morale et matérielle de la famille, Pourvoient à l’éducation des enfants et préparent leur avenir ». Le Burkina gagnera donc à revoir son dispositif.

Pourquoi donc s’échiner à se battre pour la suppression de la peine de mort, l’acceptation de l’homosexualité… alors même que l’opinion burkinabè y est fortement opposée ? La réponse est claire selon notre expert qui a requis l’anonymat : « c’est pour permettre à ce pays d’exister et de bénéficier de l’aide de ces principaux bailleurs. Dans le cas échéant, c’est le même peuple qui se soulèvera pour raison de difficulté économique ». C’est donc un « combat qu’on mène souvent à contre-cœur », regrette notre interlocuteur.

Ousséni Bancé

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Vos commentaires

  • Le 7 juin 2013 à 11:42, par Waayi En réponse à : Promotion des droits humains au Burkina : « On le mène souvent à contre cœur »

    Il faut que les gens aient le courage d’assumer notre identité. Le Burkina n’est pas la Côte d’Ivoire, ni la France et vice versa. Du reste, la ministre des droits humains n’est pas à ses premières affirmations osées du même genre (qu’elle nous en fasse grâce !). La dignité du peuple passe avant la mendicité des dirigeants. Il existe bien d’autres pays qui n’acceptent ni l’homosexualité ni la suppression de la peine de mort mais qui sont tout de même financés par les bailleurs de fond. S’ils ne veulent pas nous financer, qu’ils gardent leur argent.
    Céder à ces pressions reviendraient au finish à accueillir dans notre pays des pédophiles du genre de ce français qui a abusé de nos enfants.

  • Le 7 juin 2013 à 12:20, par Mamon Yélé En réponse à : Promotion des droits humains au Burkina : « On le mène souvent à contre cœur »

    La forme de votre article me gène. de bribes d’informations, vous concluez qu’il s’agit d’une position d’un spécialiste qui requiert l’anonymat. N’est-ce pas une simple fuite de responsabilité ? Vous avez le droit de donner votre point de vue.
    Le contenu est fait de petites affirmations sans reférence. Par exemple, la question de la polygamie avait été posée plus tôt par la ministre Nestorine de la promotion de la femme avant que Mme Nigna ne soit nommée et la transition pour aborder la modification du code en Cote d’Ivoire ressemble à un mélange de situation.
    Je suis d’accord avec vous que la pression est exercée sur les pays faibles pour qui les ratifications sont souvent des conditionnalités "non avouées", d’accord avec vous qu’il y a nécessité de préparation et d’adaptation social mais je pense que beaucoup de lois sont rationnelles et que leur refus sur la base de considérations sociologiques n’est pas suffisante : lemal ou le bien est universel, l’adaptation socioogique est circonstentielle et humaine.
    On n’a encore le temps d’expliquer et surtout de montrer qu’il n’était pas de l’intérêt de la justice et du droit de laisser Yaya djamey liquider ses opposants sur la base d’une parodie de procès politique comme par exemple en Guinée Konakry.
    Si la polygamie altère les droits de la femme c’est partout mais comme l’esclavage en son temps, elle est acceptée par résignation. Pas plus loin qu’en Mauritanie, de nos jours, des humains se contentent et à la limite revendiquent ce statut d’esclave. Ici, en Pays Moaga il y a des patronimes qui disent "rog né yemd kon tek nam" (celui qui est né esclave ne saurait se transformer en prince), lavage d’esprit pour garder le statut quo, imposé par les plus forts ?
    Les mutilations sexuelles des filles doivent elles continuée parce que socialement acceptées ?
    Il y a derière chaque convention un certain argumentaire, dont le refus n’est pas une démonsdration de vérité mais plus une défense d’intérêt soutenable selon son rapport de force dans le concert des nations.
    Respectieux de votre point de vue ou de celui de votre spécialiste, j’espère que le Ministère de la promotion des droits humains créera un espace d’échange sur ces accords afin de recueillir les appréciations argumentées des citoyens comme le promoteur "d’amnesty International", qui pense que "bien que je sois contre ton point de vue, je me batrais pour que tu l’exprimes"