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Isabelle Garango, Directrice adjointe de SAP Olympic : « Chacun se cherche, c’est le problème du Burkina … »

vendredi 24 mai 2013.

 

Interférences des politiques, piraterie, contrefaçon, fraude sont entre autres des pratiques qui minent le tissu industriel du Burkina Faso. Encore existant grâce à un programme de restructuration des entreprises en difficultés, des industries du pays tentent de se maintenir bon an mal an. Qu’en est-il de la Société africaine de pneumatique ? Implantée à Bobo-Dioulasso, elle semble vivre les mêmes réalités que les autres. C’est du moins ce qui ressort de l’interview que nous a accordée Isabelle Garango, la directrice adjointe.

Lefaso.net : Qui est Isabelle Garango ?

Isabelle Garango (IG) : Je suis la directrice adjointe de la Société africaine de pneumatique. Je travaille à la Sap Olympic depuis près de vingt ans.

Lefaso.net : En vingt ans qu’est-ce qui a changé à la Sap Olympic ?

IG : Au niveau de la Sap Olympic nous produisons toujours les mêmes articles, les pneumatiques et les chambres à air. Bien entendu la gamme de produits que nous fabriquons a évolué en fonction de la demande du marché et des nouveaux engins qui sont intervenus. Ce qui a changé également c’est certainement les méthodes de travail et la modernisation des équipements.

Lefaso.net : Et votre positionnement sur le marché de la pneumatique. Toujours leaders ou pas ?

IG : Non, nous ne sommes malheureusement pas leaders. Nous aimerions bien l’être. C’est vrai que nous sommes la seule industrie de pneumatique dans la sous-région et partant du Burkina Faso. Mais, malheureusement nous sommes loin d’être leaders parce qu’il y a une concurrence très importante qui vient d’Asie, d’Inde et de Chine, de produits importés qui ne respectent pas les droits de douane et qui sont vendus par un secteur informel qui, évidemment, ne se soumet pas aux taxes intérieures.

Lefaso.net : Au stade actuel peut-on dire que la Sap Olympic est une société d’avenir ou une société appelée à disparaître sous le poids de la concurrence.

IG : On ne va jamais dire qu’on va disparaître. La Sap Olympique est une société qui a des difficultés à se maintenir sur le marché compte tenu de la mondialisation. Mais qui a des ressources par le fait qu’elle à une autre activité stratégique qui est la conception d’articles techniques en caoutchouc. Deuxième domaine d’activité stratégique, elle est en train de développer un projet, pour lequel elle a fait des investissements qui vont permettre à terme de compenser les difficultés qu’elle rencontre sur son secteur stratégique n°1 qui est la conception de pneumatiques et de chambres à air.

Lefaso.net : Au vu des difficultés, est-ce que la Sap Olympique est appelée à licencier ?

IG : Absolument pas. Parce qu’en pneumatique et en chambres à air, même si le marché est compliqué, nous avons une capacité de production du double de ce que nous faisons actuellement. Si les règles du jeu étaient très bien respectées, nous serions en mesure d’embaucher au moins 150 personnes.

Lefaso.net : La Sap Olympic comme bon nombre de sociétés a bénéficié d’un programme de restructuration des entreprises en difficultés. Votre avis sur ce programme ?

IG : C’est un excellent programme. C’est un moyen pour les industries de se remettre à niveau et de pouvoir investir dans les équipements comme nous on l’a fait. Mais il faut tenir compte de l’environnement. Si l’environnement n’est pas sain pour les affaires on aura beau avoir de beaux équipements, de bons produits, si la concurrence déloyale est là, si le secteur informel bouffe tout on aura de beaux produits mais on n’aura pas de marché. Il faut donc une synergie entre les actions qu’on fait au niveau des entreprises et des actions qu’on mène pour assainir l’environnement économique.

Lefaso.net : Pour assainir l’environnement économique, est-ce que les entreprises ne gagneraient pas à mettre en place des lobbyings ?

IG : Il y a le Groupement des professionnels de l’industrie (GPI) qui maitrise toutes les difficultés des industries du Burkina et qui fait un peu ce travail. C’est vrai que l’union fait la force. Il y a eu beaucoup de mémorandums qui ont été faits, signés par tous les industriels mais maintenant il y a que chacun se cherche, c’est le problème du Burkina. Il n’y a pas un vrai lobbying, un lobbying puissant qui permet de faire opposition ou de manifester un mécontentement qui soit puissant. Combien de personnes les industries emploient au Burkina Faso ? A la Sap, nous sommes 370 personnes. Imaginez les personnes que la société fait vivre. C’est quand même une puissance non négligence. Si on ferme vous voyez ce que cela peut donner. Et pourtant, ce n’est pas évident que nous puissions tenir éternellement s’il n’y a pas un assainissement du milieu des affaires.

Lefaso.net : Peut-on dire que le politique au Burkina Faso favorise la fraude ?

IG : Personne ne va se prononcer sur la question. Mais il y a trop d’interférences entre la politique et le secteur informel. De toutes les façons, un vrai pays est dirigé par les politiques, ce qui engendre des politiques. Le politique entre donc automatiquement en ligne de mire. Mais on sait très bien que la politique est financée par l’économie dans tous les pays du monde.

Lefaso.net : Pour finir, que gagne un client en achetant des pneus ou chambres à air Sap olympique ?

IG : Ce qui fait la différence, c’est la qualité. Nous sommes reconnus sur le marché comme offrant des produits de qualité. Mais qui dit qualité dit prix. Le prix de nos produits est évidemment plus élevé qu’un produit asiatique mais il dure deux fois plus longtemps. Donc, un prix tout à fait correct par rapport au besoin des consommateurs.

Interview réalisée par Ousséni Bancé

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Vos commentaires

  • Le 25 mai 2013 à 07:29, par hamidou SONGNE En réponse à : Isabelle Garango, Directrice adjointe de SAP Olympic : « Chacun se cherche, c’est le problème du Burkina … »

    Je suis très content de l’intérêt que vous portez pour nos industries . Cette question mérite d’ être résolu le plus rapidement possible pour que nos sociétés survivent parce que nous devons donner de l’emploi à nos compatriotes . Un pays sans industrie ne peut pas parler de développement . il faut absolument limiter l’importation des produits qui sont fabriqués au faso pour permettre à nos industries de survivre.

  • Le 26 mai 2013 à 22:56, par simple En réponse à : Isabelle Garango, Directrice adjointe de SAP Olympic : « Chacun se cherche, c’est le problème du Burkina … »

    Beaucoup de respects la DGA, je crois qu’il faut commencer par revoir les têtes des chambres de commerce et de l’industrie de Bobo et de Ouaga. Des chambres dirigées par des analphabètes ne pourront produire que des résultats qui ne mettent pas en avant les intérêts réels des entreprises du Burkina. L’UEMOA a mis les instruments en place pour l’élargissement des marchés et la protection des produits fabriqués en son sein. Tous les industriels de l’Union et de la communautés le savent mais comme vous dites si bien les politiciens ne jouent pas franc jeu avec les vrais industriels. Le comble est que certains parmi sont sans doute ou par personnes interposées, importateurs des produits que vous fabriquer alors que vous, vous maintenez les emplois. Au Burkina c’est quand ça se gâte qu’on voit le problème.
    Courage, ça fait vieux que vous lutté, le soleil brillera un jour pour la SAP car dieu sait que vous nourrissez de par vos employés des citoyens burkinabé.

  • Le 27 mai 2013 à 08:09 En réponse à : Isabelle Garango, Directrice adjointe de SAP Olympic : « Chacun se cherche, c’est le problème du Burkina … »

    c’est dommage qu’on arrive là,si nous ne prenons garde,nos industries finirons par fermer boutique,rappeler vous que le DG kam olé de la SIFA avait en son temps attirer l attention des autorités en vain,le problème est que des gens croient qu’il peuvent faire l’import-export comme bon leur semble

  • Le 14 novembre 2013 à 15:36, par ASSINDO GNANVOME En réponse à : Isabelle Garango, Directrice adjointe de SAP Olympic : « Chacun se cherche, c’est le problème du Burkina … »

    SALUT MADAME ISABELLE GARANGO,
    Merci beaucoup pour tous les efforts que vous faites pour réduire considérablement le chômage au Burkina-FASO,voire dans la sous-region.
    Par ailleurs, nous sommes des producteurs d’hévéa en Côte d’Ivoire qui faisons nos premiers pas dans la première transformation des fonds de tasse.
    on voudrait donc rentrer en contact avec votre structure pour voir dans quelle mesure nous pouvons vous fournir la matière première.
    bonne réception, tout en espérant une suite à notre requête.

  • Le 27 avril 2014 à 15:21, par Alexio En réponse à : Isabelle Garango, Directrice adjointe de SAP Olympic : « Chacun se cherche, c’est le problème du Burkina … »

    La pacotille chinoise est entrain d entraver et saper en meme temps l evolution industrielle du Faso- Cette concurrence deloyale depistee et eragiquee selon les normes douanieres sans l obstruction politique de certains membres previligies de ce regime corrompu.La SAP cree des emplois a leur tour degenere des paiements d impots pour la chose publique. Donc le bien commun de Bobo-Dioulasso-