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CERCLES : Aider les maires du Sanguié à devenir leaders du développement local

dimanche 19 mai 2013.

 

Le Cercle pour la Culture du Leadership dans le Sanguié (CERCLES) vient de marquer, en matière d’appui aux acteurs du développement local, un grand coup. Avec l’appui d’Eau-Vive Internationale et du Laboratoire Citoyenneté, la structure a en effet tenu, les 17 et 18 mai 2013 à Réo, un atelier de formation au profit des maires et maires adjoints de la province. « Nous sommes partis de l’idée qu’il n’y a pas d’école pour être maire », indique Jean Bosco Bazié, coordonnateur général du CERCLES, pour justifier l’initiative.

L’atelier était placé sous le patronage du haut-commissaire Orokia Onandja/Barro et sous le parrainage des députés Rosalie Bassolé et Jean Bassono.

« L’ABCD du statut d’élu et de la fonction de Maire : Théorie et pratiques, expérience partagée », tel est le thème de la présente formation qui a réuni environ une quarantaine de participants issus des 10 communes du Sanguié : Dassa, Didyr, Godyr, Kordié, Kyon, Pouni, Réo, Tenado, Zamo, Zawara.

La première journée de l’atelier a consisté à la présentation par des experts de communications, suivies d’échanges autour des préoccupations exprimées par les participants. La première communication relative à la commune et à son fonctionnement selon le Code général des Collectivités locales, et portant sur l’ABCD du statut d’élu et de la fonction de maire et des adjoints a été livrée par Daniel Coulibaly, conseiller technique du ministre de l’Aménagement du Territoire et de la Décentralisation.

M. Coulibaly a notamment rappelé aux maires du Sanguié les rôles assignés à un élu local, à savoir ceux de représentant des populations, de décideur, contrôleur, mobilisateur, communicateur et de négociateur ; mais aussi ce qui ne relève pas de leur rôle : le non respect des textes.

Abdoul Salam Ouédraogo, assistant technique chargé de la formation à Eau Vive Burkina, a assuré la deuxième communication relative à la gestion du volet eau et assainissement et intitulé « Exercice de la maîtrise d’ouvrage communale : Théories et pratiques ». M. Ouédraogo a souligné le fait que c’est au maire que revient la responsabilité de trouver les voies et moyens d’assurer des services d’eau et d’assainissement adéquats à leurs populations.

Expériences de Simon Compaoré et de Arba Diallo

Au-delà des communications classiques portant sur les textes qui régissent le fonctionnement des communes, les responsables du CERCLES ont réussi à faire venir deux acteurs de la gouvernance locale, « des gens qui ont forgé », comme dit Jean Bosco Bazié, la fonction de maire au Burkina, en l’occurrence le maire honoraire de Ouagadougou, Simon Compaoré et le député-maire de Dori, Arba Diallo.

Simon Compaoré et Arba Diallo ont fait comprendre aux responsables des communes du Sanguié que l’exercice de la fonction de maire n’est pas une tâche aisée. Il comporte, disent-ils, une lourde responsabilité à assumer et de nombreuses exigences à remplir pour espérer avoir des résultats. Il faut avoir de la volonté, de l’audace et être prêt, selon le maire honoraire de Ouaga, à faire face aux difficultés de la fonction. Sinon il vaut mieux, dit-il, se démettre rapidement. Il faut aussi avoir une bonne vision du développement de sa commune et un accompagnement des populations pour espérer réussir son mandat de maire. Les deux grands témoins ont également dit aux maires du Sanguié ce qu’ils ne doivent pas faire : manier les deniers publics, se montrer seul maître de sa commune, les raccourcis vers les lotissements pour s’enrichir, etc.

En plus de Simon et de Arba, il y a Harouna Ouibiga, directeur général de l’ONEA (Office national de l’eau et de l’assainissement) qui a répondu aussi à l’invitation du CERCLES.

Il a certes exprimé la disponibilité de sa structure à collaborer à moyen et long termes avec les communes du Sanguié ; mais cela n’a pas suffi à résoudre le crucial problème d’eau que vivent depuis des mois les autorités et habitants de Réo. Ils avaient espéré avec la venue du DG de l’ONEA avoir des réponses rapides à leur problème d’eau. Mais, hélas, ils doivent encore patienter et attendre la fin des travaux de renforcement des capacités de l’ONEA à Koudougou dont dépend Réo pour son approvisionnement en eau potable.

Et l’espoir des Réolais de revoir le précieux liquide couler dans leurs robinets s’est donc très vite dissipé quand le DG de l’ONEA a avancé 2014 pour la fin des travaux à Koudougou. En attendant donc, c’est toujours la croix et la bannière pour se procurer de l’eau sur le réseau ONEA à Réo. Et quand l’on habite en hauteur comme le haut-commissaire, le besoin devient très compliqué, voire impossible à satisfaire par ces temps qui courent.

Explications de la démarche des initiateurs

Les objectifs recherchés à travers l’invitation de ces acteurs deux clés du développement local dans leur commune, c’était qu’ils viennent d’une part partager leur vécu de maire avec les maires des 10 communes du Sanguié dont la plupart sont à leur première expérience (7 maires sur 10 sont nouveaux) ; et les principaux bénéficiaires des témoignages (maires et maires adjoints) des deux illustres invités s’en inspirent d’autre part pour jouer pleinement leur rôle en vue d’une meilleure contribution au développement local.

« Le CERCLES en tant que cadre de réflexions stratégiques d’accompagnement du développement local de la province, a jugé utile d’outiller les frères et sœurs élus maires ou maires-adjoint(e)s avec un minimum de bagages avant qu’ils n’entrent pleinement dans leurs fonctions », assure le coordonnateur général.

Ainsi, le CERCLES a aussi offert du matériel de près de 25 millions de francs CFA aux 10 communes de la province. Ce matériel composé entres autres de machines dactylographiques devrait contribuer au renforcement des services d’état civil.

Et c’est par le même souci d’appui au développement local que la co-marraine, Rosalie Bassolé, explique son soutien à l’initiative. « C’est pour permettre à nos élus locaux, ceux qui nous ont élus, d’avoir leurs capacités renforcées afin d’assurer leurs tâches que nous sommes là aujourd’hui pour les accompagner, pour témoigner notre solidarité et réaffirmer encore notre engagement à être à leurs côtés, partout où le besoin de développement de notre province sera nécessaire », confie-t-elle.

Félicitations et reconnaissances du haut-commissaire

Ces engagements en faveur du développement du Sanguié qui ne pouvaient que réjouir le haut-commissaire du Sanguié, Orokia Onandja/Barro, qui, dans son mot de clôture comme d’ouverture de l’atelier, s’est félicité de l’initiative, rendant un vibrant hommage aux acteurs.

Au CERCLES dont le coordonnateur général recevra une attestation de reconnaissance de ses mains pour les efforts d’accompagnement des communes, le haut-commissaire dira qu’il se distingue positivement de part son approche qui consiste à appuyer les acteurs du développement local, contrairement à certaines OSC qui se contentent de les juger, de les critiquer sans chercher à comprendre leurs difficultés.

Bilan satisfaisant

Au sortir du présent atelier, les responsables du CERCLES ont exprimé leur satisfaction par rapport à la tenue effective de l’atelier et aux résultats enregistrés.

Le coordonnateur général : « C’est vraiment avec satisfaction que nous terminons cet atelier. Il y a des recommandations qui ont été faites sur un certain nombre d’autres outils à mettre en place pour continuer à appuyer les communes. Le CERCLES va travailler à mobiliser des partenaires pour les accompagner ».

Le CERCLES ne s’arrête donc pas en si bon chemin.

Déjà les 4 et 5 août 2012, le CERCLES était initiateur du deuxième forum des leaders du Sanguié et qui avait permis d’explorer en long et large la question de l’intercommunalité qui offre l’opportunité aux collectivités d’une zone donnée de mutualiser leurs efforts pour répondre efficacement aux préoccupations communes.

Et avec la présente formation, c’est un autre de palier qui est franchi par le CERCLES dans son engagement en faveur du développement local au Sanguié.

Grégoire B. BAZIE

Lefaso.net

ENCADRE

Des participants apprécient

Mathieu B. Bayili, maire de Kordié : ‘’Très satisfait’’

C’est une bonne initiative, le fait de faire comprendre aux maires que nous sommes, leur rôle. Nous sommes élus mais nous ignorons souvent notre rôle, même la population que nous sommes censés représenter ignore son rôle. Avec cette rencontre, nous savons maintenant notre rôle et les rapports que nous devons avoir avec les populations pour pouvoir développer nos communes. En tout cas, je sais que le maire que je suis doit rendre compte à la population, doit travailler avec la population et en retour la population doit venir vers l’information. Autant de choses qui nous manquaient, d’où les difficultés que nous avions pour mobiliser nos ressources propres. Je me dis qu’à partir de la présente formation, je pourrai dès mon retour dans ma commune mettre en œuvre ce que j’ai reçu ici comme conseils pour pouvoir réussir mon développement communal. Je suis très satisfait de la formation et je souhaite que ce genre de rencontres se répète.

Julienne Gué, maire de Pouni : ‘’Initiative très louable’’

C’est une initiative très louable pour des maires qui font leur première expérience dans l’exercice de la fonction. En tout cas, on avait besoin d’être renforcé, informé, sensibilisé par rapport au rôle et à la responsabilité du maire. C’est une initiative qui est la bienvenue et que j’apprécie vraiment à sa juste valeur. Ce que j’ai retenu, c’est ce qui est attendu de nous en tant qu’élu, comment nous devons jouer pleinement notre rôle, comment nous devons travailler à avoir l’adhésion des populations, comment nous devons travailler à intégrer leurs préoccupations et nous-mêmes comment le maire en tant que président de la collectivité doit impliquer les autres membres du conseil communal. Parce que, comme on l’a dit, le maire n’est qu’un manager, la personne qui doit coordonner les actions mais le maire doit forcément travailler avec l’ensemble des membres du conseil municipal. Je suis très satisfaite d’autant plus qu’on a pu épuiser le programme, nous avons pu poser des questions et nous avons eu des réponses adéquates.qui nous permettrons de réussir nos mandats.

Yoma Batiana, maire de Ténado : ‘’Initiative appréciée à sa juste valeur’’

Cette initiative du CERCLES de vouloir renforcer les capacités des élus locaux est très louable. Nous l’avons appréciée à sa juste valeur. L’atelier nous a permis de connaître les fondamentaux du rôle du maire, ses attributions et de savoir comment éviter un certain nombre de pièges. C’est vraiment une bonne initiative et CERCLES devrait explorer encore d’autres thèmes de formation pour renforcer les capacités des maires. En outre, ce genre de regroupement entre maires permet aussi le dialogue entre nous. La preuve, nous avons échangé entre nous d’un certain nombre de choses dans les coulisses. Ce que j’ai retenu particulièrement de cet atelier, c’est vraiment le témoignage des deux grandes personnalités de la décentralisation, en l’occurrence le maire honoraire Simon Compaoré et le député-maire Arba Diallo. Le témoignage qu’ils ont fait par rapport à l’exercice de la fonction de maire, nous donne encore plus de courage d’aller au charbon pour le développement de nos communes. Je suis très satisfait de l’atelier et je souhaite vivement que d’autres suivent.

Jeanne Badiel /Kanssané, 2e adjointe au maire de Didyr : : ‘’Très contente’’

Je suis très fière de cette formation. Je voudrais donc remercier le CERCLES d’avoir pensé à nous. J’ai été deuxième adjointe au maire mais je ne savais pas mon rôle, mon droit, ce que je devais faire et ce que je ne pouvais pas faire. Et grâce à la présente formation, je peux dire que je suis bien outillée pour l’exercice de la fonction de deuxième adjoint au maire. J’ai vraiment appris beaucoup de choses.

Je sais maintenant comment faire pour mobiliser les populations, comment les encadrer. Après avoir écouté le témoignage des deux grands acteurs de la gouvernance locale que sont Simon Compaoré et Arba Diallo, je peux aussi dire que je sais comment frapper à des portes et comment négocier pour obtenir des projets pour le développement de ma commune. Je suis vraiment contente et je voudrais remercier tous ceux qui ont contribué à la tenue de cet atelier.

Propos recueillis par GBB

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