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Installations anarchiques au grand marché de Bobo-Dioulasso : Attention au désordre, source potentielle d’incendie !

dimanche 21 avril 2013.

 

Ce fut un évènement extraordinaire pour les commerçants, cette démonstration d’extinction de feu en cas d’incendie au grand marché de Bobo-Dioulasso. Il s’agissait de préparer les soldats du feu « au cas où »…, mais aussi, sensibiliser les premiers concernés que sont les commerçants. C’était le vendredi 19 avril 2013, conformément au programme d’activités de la Brigade nationale des sapeurs-pompiers.

« Allo ! Sapeurs-pompiers, venez vite au grand marché de Bobo-Dioulasso, boutique n°2300. C’est une librairie et elle vient de prendre feu. Venez vite. Il y a déjà trois victimes graves ». Ce n’est pas une réalité, mais un événement imaginaire n’est pas non plus à exclure.

Il s’agit juste d’un exercice en guise de sensibilisation et de préparation en cas d’incendie. En effet, cet appel d’un commerçant alerta effectivement les équipes de la deuxième compagnie de la Brigade nationale des sapeurs-pompiers (BNSP) et de l’Ecole nationale des sapeurs-pompiers (ENASAP). Déployés sur les lieux, ils ont procédé à la mise en place des dispositifs pouvant maîtriser le feu et sauver les victimes. Le drame a eu lieu à « l’entrée de Diarradougou » du marché et les victimes se sont retrouvées en plein milieu du marché.

Leur évacuation s’avérera difficile du fait de l’occupation anarchique qui règne au marché. Il le fallait pourtant. L’entrée des deux ambulances à l’intérieur du marché va détruire des étales. De plus, les moyens de secours tels que les extincteurs, les robinets d’incendie armée (RIAD) ne sont pas accessibles. Ils sont chargés par des commerces qui peuvent, du coup, bloquer les opérations si toutefois un drame venait à se produire. Débuté aux environs de 10 heures, l’exercice a pris fin vers midi. En présence de tout le personnel de garde des Sapeurs-pompiers ce vendredi 19 avril où chacun relevait des notes pour sa propre gouverne. Etaient aussi présentes, la gendarmerie et la police qui sont généralement sollicitées dans de pareilles circonstances. L’opération a donné lieu à une rencontre entre les soldats de feu, le préfet de Bobo-Dioulasso et les responsables de la gestion de la structure du marché.

Au titre de difficultés relevées, le lieutenant Rasmané Wango de la BNSP, précise qu’elles se résument à l’accès même du marché du fait de l’occupation anarchique de certains commerces et l’inaccessibilité des moyens de secours. La distribution anarchique de l’électricité a été aussi signalée. « Le marché a quatre poteaux d’incendie qui sont sur les conduites de l’ONEA. Il serait intéressant que le marché ait sa propre réserve d’eau pour être un peu plus autonome. Il faut aussi initier des visites de sécurité permanente », mentionne le lieutenant Wango. Plus de 40 000 personnes fréquentent le grand marché de Bobo-Dioulasso, sans compter les milliers de marchandises qui y sont. C’est un marché qui draine beaucoup de monde. Et le lieutenant Abdoul Aziz Aouba, commandant de l’ENASAP, de rappeler : « si une catastrophe survenait, l’intervention pourrait être difficile, d’où ces exercices ».

Bassératou KINDO

L’Express du Faso


Encadré :

Adama Traoré, chef d’exploitation de la structure de gestion du marché central

Le marché de Bobo-Dioulasso est bâti sur 6 hectares répartis en 3 300 boutiques. Les boutiques sont réparties en 4 secteurs dont 825 boutiques par secteurs. Les tables sont autour de 2 000. Les moyens de lutte contre l’incendie sont : quatre poteaux d’incendie, 4 RIA, 125 extincteurs. Je suis très content de cet exercice car tous les jours, j’interpelle la direction sur l’anarchie qui s’installe dans le marché. Je souhaite donc que de telles manœuvres soient organisées chaque trimestre ou semestre, ce qui permettra de maintenir l’ordre dans le marché.

Mamadou Ouédraogo, commerçant de tissus

Je suis très content de cette initiative des sapeurs-pompiers. Je l’ai beaucoup appréciée puisqu’il y va de l’intérêt de tous les usagers du marché. Je les encourage à poursuivre dans la même dynamique. Je suis conscient du désordre qui règne, mais on n’y peut rien. Chacun cherche sa pitance quotidienne. Nous prions tous les jours les doigts pour qu’il n’y ait pas de drame.

Amadé Zonon, libraire

J’apprécie positivement ces actions de sensibilisation des sapeurs-pompiers qui viennent nous rappeler des dangers que nous encourons du fait de l’occupation anarchique qui semble être une loi au grand marché de Bobo-Dioulasso. Une chose est de sensibiliser, et une autre est de trouver une solution à ce problème. J’interpelle les responsables du marché.

Ouédraogo Adama, vendeur de médicaments de rue

Je pointe du doigt la responsabilité des gestionnaires du marché. Je suppose qu’il y a des boutiques et hangars vides dans le marché. Mais aucune démarche n’est prise pour permettre aux commerçants de les occuper. C’est pourquoi, nous sommes anarchiquement installés dans les allées qui drainent des clients. Nous payons tous les jours les taxes et rien ne change. Bref, je félicite les sapeurs-pompiers pour cet exercice interpellateur.

Mariam Guira, vendeuse d’ « attiéké »

C’est un travail impeccable bien que nos commerces aient été détruits par le passage des véhicules. Nous ne pouvons faire autrement par rapport à cette occupation anarchique des allées. C’est là que les commerces sont bien visibles et qui attirent les clients. Je félicite les sapeurs-pompiers pour ce travail.

Adjara Compaoré, vendeuse d’argile

Je me suis rendue compte qu’on pense bien à nous à travers cette action de sensibilisation par les sapeurs-pompiers. Ce n’est pas facile pour eux à cause du désordre dans les étals, mais il faut reconnaître que les boutiques et les tables sont dépassées. Elles sont trop petites et ne peuvent pas souvent contenir nos marchandises.



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