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Messe inaugurale du Pape François : Les impressions du Mgr Séraphin Roamba

dimanche 24 mars 2013.

 

Le mardi 19 mars dernier, le Pape François a célébré la messe inaugurale de son pontificat en présence d’une foule immense et de nombreux évêques du monde entier. Mgr Séraphin Roamba, archevêque de Koupèla et président de la conférence des évêques du Burkina et du Niger, a concélébré cette eucharistie. Ses impressions de retour de Rome.

Mgr Séraphin Roamba, vous venez de rentrer de Rome où vous avez pris part à la messe inaugurale de sa sainteté le Pape François. Comment avez-vous vécu cette célébration ?

C’est avec beaucoup d’émotion que j’ai vécu cette célébration grandiose dans sa simplicité, puisque la messe a duré moins de deux heures. Et je crois que la simplicité du saint Père, son humilité, nous ont beaucoup frappés. Il a voulu que les choses se passent simplement. La foule des fidèles qui était là, a manifesté sa grande joie et sa foi en venant nombreuse pour vivre cet événement d’église, mais qui dépassait en fait les dimensions de l’église catholique en tant que confession religieuse. Car je suis sûr que dans la foule qui était en liesse sur la place saint Pierre, il y avait bien des gens qui n’étaient pas forcément catholiques ni Romains ou Italiens, mais des gens qui étaient venus d’un peu partout pour vivre cet événement.

Ceci montre que les gens s’intéressent à ce qui se passe dans l’Eglise, et que ce qui la concerne ne laisse pas étranger le monde dans lequel elle vit. Ceci est une bonne chose, car on est habitué à entendre les critiques faites à l’Eglise, ou à entendre parler des fautes commises par des gens de l’Eglise, qu’on cherche souvent à mettre en exergue à côté d’autres événements plus importants vécus ailleurs. Cet état de chose se comprend bien, car il révèle que ce besoin de sainteté et de sincérité que l’Eglise prêche, les gens désirent la voir vivre elle-même ces vertus-là.

Dans tous les cas, j’étais personnellement très content de participer à cette célébration en compagnie des évêques d’autres pays d’Afrique. C’est un événement très important pour nous, et nous sommes heureux que le Pape François vienne et qu’il apporte aussi ce que l’Esprit lui dit de vivre dans l’Eglise et pour l’Eglise.

Vous l’avez évoqué, on semble voir que les media jadis intéressés par les travers de l’Eglise, sont acquis à la cause du Pape François. Comment l’expliquez-vous ?

Au début, on ne savait pas qui était ce Jorge Bergoglio. Mais la personne est venue, on l’a vue et entendue, et les média ont compris tout de suite qu’il s’agit de quelqu’un d’extraordinaire dans sa simplicité, dans son amour des pauvres. Il ne dit pas seulement qu’il faut faire, ou ce que l’Eglise doit faire. Sa propre vie, son comportement sont un langage que le peuple comprend et que les media perçoivent. Ils ont sans doute compris qu’il ne faisait pas pour faire, mais que c’est sa vie qui est ainsi.

De son vivant, saint François est venu voir le Pape à Rome avant de repartir chez lui. Mais ce François-là est venu au Vatican, centre de la catholicité, et c’est de là qu’il veut rayonner de l’esprit de pauvreté et rappeler à l’Eglise qu’un des signes de l’avènement du royaume de Dieu, est que les pauvres sont évangélisés. Le pape qui vivait cette pauvreté chez lui en Argentine, continuera de vivre dans ce même esprit, nul ne doute que cela va bousculer les habitudes à Rome. Ça ne plaira peut-être pas à tout le monde, car ce n’est pas donné d’accepter d’être bousculé dans des habitudes séculaires. Mais pour ce que nous avons vu et entendu de qu’il fait, nous sommes enchantés et nous souhaitons qu’il ait la force de continuer dans ce sens.

Pensez-vous que le Pape puisse objectivement continuer à faire ce qu’il fait, est-ce qu’il sera possible d’entretenir cette accessibilité par exemple ?

Je ne pense pas qu’il puisse continuer de la même façon. Ce qui va demeurer cependant, c’est l’exemple de simplicité qu’il a donné et qui est l’essentiel à retenir. Autrement, tout le monde sait que le Pape est très pris et que ses obligations sont multiples. Même s’il a un vicaire- ce cardinal vicaire chargé de gérer le diocèse de Rome-, le Pape reste quand même l’évêque de Rome. Et c’est encore lui qui doit rester présent au niveau de l’Eglise universelle.

Il ne pourra certainement pas multiplier ces gestes de proximité, mais on voit déjà que beaucoup de choses vont changer. Tenez par exemple, le fait qu’il aille célébrer le jeudi saint 2013, dans une prison pour mineure. Depuis des années, cette messe a toujours été célébrée soit à Saint Pierre, soit à la basilique du Latran, la cathédrale de l’évêque de Rome. Et voilà que cette année, le Pape va la célébrer à la prison où il va laver sans doute les pieds de quelques prisonniers. C’est sûr que ça ne peut que bousculer les habitués.

Il prendra sûrement lui aussi la mesure des choses auprès de ses collaborateurs. Il va insuffler ce souffle nouveau d’abord à ses collaborateurs et ensuite dans l’Eglise. Je crois que cet exemple venant d’en haut, c’est-à-dire, du Saint Père, nous emportera inéluctablement dans son mouvement. Plus l’Eglise vivra de cet esprit de Saint François d’Assise, plus elle sera fidèle à son maître. Ne dit-on pas que saint François est le saint qui sut imiter le mieux le Christ dans sa pauvreté ?

A quelques jours de la célébration de la Pâques, quel message avez-vous pour les chrétiens du Burkina ?

Pâques, c’est la fête des fêtes. Nous nous rappelons que le Seigneur Jésus-Christ qui est venu vivre au milieu de nous, a accepté de souffrir et de mourir par obéissance à son Père et par amour de cette humanité vers laquelle son Père l’a envoyé. Pâques vient nous dire que ce que le Christ a été, nous devons l’être pour le monde et que nous devons aussi le suivre dans sa résurrection. C’est donc l’annonce du monde nouveau qui est là.

Les chrétiens doivent être alors heureux de pouvoir vivre en ressuscités avec le Seigneur. C’est une promesse ferme, une assurance que les chrétiens qui suivent le Seigneur vivront de sa vie. Je souhaite alors que les chrétiens puissent accepter de suivre le Christ dans sa mort au péché, afin de le suivre dans sa résurrection. Cette année, il y aura cette note de Saint François à travers le Saint Père, qui vient nous aider à comprendre que le Christ pauvre doit être annoncé aux pauvres, pour qu’ils puissent être enrichis par le Seigneur. La foi n’est-elle pas le trésor le plus précieux pour chaque homme ? Je souhaite donc que nous puissions annoncer au monde cette mort-résurrection du Seigneur qui est un gage de vie éternelle pour chaque homme et pour l’humanité entière.

Abbé Joseph Kinda
Chargé de de communication de la Conférence épiscopale Burkina-Niger

Lire aussi : Messe d’intronisation du pape François : « Nous ne devons pas avoir peur de la bonté et de la tendresse ! »



Vos commentaires

  • Le 25 mars 2013 à 16:26 En réponse à : Messe inaugurale du Pape François : Les impressions du Mgr Séraphin Roamba

    C’est sûr que si l’église vit sa pauvreté comme elle aurait dû le faire depuis toujours, on la croirait plus volontiers dans ces messages qu’elle veut faire passer auprès des catholiques en particulier, et, à tous les habitants de cette planète Terre en général. J’espère aussi qu’il va s’attaquer à l’hypocrisie des prêtres célibataires dont on sait très bien qu’en Afrique, cela relève du voeu pieux et, ailleurs, débouche sur des scandales de pédophilie. Et, qu’il est le courage d’ouvrir le débat sur le rôle des femmes dans l’église. A quand des femmes prêtres ? Enfin, j’espère aussi qu’elle ouvrira sérieusement les débats sur le devenir de notre planète : économie mondialisée et financiarisée, destruction de l’environnement, etc.

    • Le 25 mars 2013 à 22:36 En réponse à : Messe inaugurale du Pape François : Les impressions du Mgr Séraphin Roamba

      Ce serait alors mieux que le Pape devienne leader du gouvernement mondial et de l’Eglise. S’il faut qu’il s’occupe d’économie, de finance, d’environnement, de morale, de religion, de sport, de culture... pensez-vous que cela soit vraiment possible pour un homme ? Le rôle du Pape c’est avant tout l’annonce de l’Evangile, consolider ses frères dans la foi, proclamer la foi de l’Eglise... Au lieu de demander tout cela au Pape, commencez par prirer pour les prêtres infidèles et pédophiles, sans oublier de prier pour vous-même, car si vous êtes fidèle à votre vocation au mariage ou à la vie consacrée, c’est déjà beaucoup. Félicitations à vous qui paraissez n’avoir aucune paille à enlever de votre oeil de saint, ne parlons pas de bûche. Puisse votre sainteté contaminer les hommes d’Eglise !

  • Le 26 mars 2013 à 10:10, par CLEDIERES DENIS En réponse à : Messe inaugurale du Pape François : Les impressions du Mgr Séraphin Roamba

    LE SEIGNEUR NOUS A RENDU HEUREUX PAR NOTRE SAINT PERE FRANCOIS DE PAR SA GENTILLESSE, SA SIMPLICITE SON AMOUR. JE PRIE NOTRE SEIGNEUR, NOTRE VIERGE- MARIE ET TOUS LES SAINTS DE NOTRE SAINTE EGLISES CATHOLIQUE ET APOSTOLIQUE POUR QUE NOTRE SAINT-PERE AIT LA SANTE POUR SES NOMBREUSES MISSIONS DANS LE MONDE