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Vision Express sur… : Encore un 8 mars de souffrance pour les femmes…

lundi 4 mars 2013.

 

Quel est le sens de la célébration du 8 mars ou encore pourquoi célèbre-t-on le 8 mars, « Journée internationale de la femme ? ». Ces questions posées à une dizaine de femmes ont eu pratiquement la même réponse. « Depuis janvier, je suis en train d’économiser dans le seul but de pouvoir acheter le pagne du 8 mars », confie Fatimata, une jeune commerçante dans un petit marché de la ville de Sya.

Ainsi elle a cotisé pendant environ deux mois, à raison de 100 FCFA par jour pour ressembler à certaines de ses semblables le 8 mars, qui prévoient organiser un grand « Djanjoba ». Quant à Bernadette, une autre femme rencontrée sur un marché de la place, elle avoue avoir pris un crédit pour acheter son pagne 8 mars. Elle fait partie d’une association de femmes et toutes doivent porter ce pagne pour respecter le traditionnel « djanjoba » qu’elles doivent s’offrir à l’occasion de la Journée internationale dédiée à la femme. Cependant, une chose est de pouvoir acheter les trois pagnes, et une autre, est de pouvoir les coudre. Un autre débat. C’est donc « entre la croix et la bannière » que beaucoup de femmes arriveront à coudre leur pagne pour ressembler aux autres. En clair, elles sont nombreuses, les femmes qui ne savent exactement, ce pourquoi, l’on célèbre le 8 mars. Ce 8 mars qui trouve son origine dans une lutte des femmes au XXè siècle en Europe et aux USA, pour réclamer l’égalité des droits, de meilleures conditions de vie et de travail...

Cette date devrait donc être celle de toutes les luttes en vue de l’émergence des femmes, mais pas sûrement celle du port obligatoire du pagne, encore moins des djandjoba. Malheureusement, c’est le constat qui se fait sous nos cieux. Au Burkina Faso, chaque 8 mars a sa thématique. « Donner la vie sans périr », « Mobilisation sociale pour la réduction de la mortalité maternelle : le rôle des hommes », « Entreprenariat féminin et autonomisation économique des femmes ». Des rencontres sont organisées en vue d’une meilleure réussite de l’évènement avec en sus, quelques conférences, panels… et puis, plus rien. Il convient cependant de noter que les participantes, la plupart non-alphabétisées, ne savent pratiquement pas ce que les « intellos » leur racontent comme histoire lors de ces conférences.

Puisque rien ne change dans leur quotidien. Des femmes continuent de mourir en donnant la vie. Elles continuent d’être violentées aussi bien physiquement que moralement. Elles sont peu inscrites à l’école et sont victimes de toutes sortes de violences. Et au lieu de se pencher véritablement sur les questions réelles des femmes en posant des actes concrets tout en se fixant des objectifs, ce sont alors des soirées festives couronnées de jalousies, de « m’as-tu vu », ou encore « ta chaussure ne vaut pas la mienne », ta coiffure a été faite dans un salon par terre… Il est encore temps de donner une nouvelle orientation à cette manifestation au Burkina Faso. D’ailleurs, le problème des femmes se trouve ailleurs. Et l’on n’a pas besoin d’attendre un 8 mars pour parler de ce que tout le monde sait déjà.

Bassératou KINDO

L’Express du Faso



Vos commentaires

  • Le 5 mars 2013 à 07:18, par le cb En réponse à : Vision Express sur… : Encore un 8 mars de souffrance pour les femmes…

    Mais le 8 Mars est une journée politique au Burkina Faso ! Malheureusement toutes ces femmes mobilisées de force et amenées à dépenser de force pour se procurer le pagne qui constitue un fond de commerce pour ces politiques, ne comprennent rien de ce qui se passe. Dans leur ignorance, elles se prive du repas quotidien pour plaire au politique par les dépenses d’achats et de couture de tenues 8 Mars.
    On n’a pas besoin de coudre une tenue spéciale pour soutenir une cause quelconque. C’est dans les pays pauvres en "émergence" seulement que cela se voit.

  • Le 5 mars 2013 à 09:38, par le fadalais En réponse à : Vision Express sur… : Encore un 8 mars de souffrance pour les femmes…

    Belle analyse !!! Vraiment rien à dire si ce n’est apporter des compléments. L’exploitation de l’Homme par l’Homme et maintenant les choses se spécifient : l’exploitation de la femme par la femme. Pauvre de vous chères Mamans.

  • Le 5 mars 2013 à 09:56, par Noraogo En réponse à : Vision Express sur… : Encore un 8 mars de souffrance pour les femmes…

    Je suis bien content que cet article émane d’une femme à en croire son prénom. J’ai toujours eu du mal à critiquer cet aspect presqu’ exclusivement du 8 mars au BF. Charles Pinot a dit "Que les femmes ne se plaignent point des hommes, car ils ne sont que ce qu’elles les ont faits" alors Mesdames le 8 mars apprenez à vos soeurs comment éduquer les hommes pour un mieux être pour tous. C’est aussi en cela que ’la femme est l’avenir de l’homme". Bon djandjoba euh.... 8 mars à toutes les femmes !

  • Le 5 mars 2013 à 11:24, par Uncitoyen En réponse à : Vision Express sur… : Encore un 8 mars de souffrance pour les femmes…

    Ce sont les femmes politiciennes qui organisent les djandjobas pour endormir la conscience des autres femmes. Ce que je ne comprends pas c’est pourquoi décréter un jour férié pour cette journée ? La célébration de cette journée ( à travers des fêtes et djandjobas) contribue à dévaloriser la femme.

  • Le 5 mars 2013 à 11:24, par GO En réponse à : Vision Express sur… : Encore un 8 mars de souffrance pour les femmes…

    Merci pour cet article. C’est bien dit et cette manière de voir le 8 Mars ne va rien changer au quotidien des femmes.
    il faut un changement de mentalité si elles veulent voir les choses changer.
    Au lieu de mettre tout cet argent dans des pagnes, on pouvait bien le collecter et le mettre dans les maternités et soutenir les femmes dans leur activité et cela ferra un vrai bien. Mais, c’est bien dommage que toutes les femmes ferment les yeux et vont la fête de cette manière.

  • Le 5 mars 2013 à 11:39, par Justine Dao En réponse à : Vision Express sur… : Encore un 8 mars de souffrance pour les femmes…

    Ok,les femmes , rendez-vous le 09 mars pour un retour amer et brutal à la triste réalité des burkinabès..., c’est à dire la " pauvreté galopante", les maladies incurables comme le cancer du col, du sein, ..., etc.
    Si faire la fête avec des pagnes résolvait les pb, l’Afrique serait un paradis pour tous.
    Un peu de conscience chères femmes.
    merci.

  • Le 5 mars 2013 à 17:32, par GIGI En réponse à : Vision Express sur… : Encore un 8 mars de souffrance pour les femmes…

    une journée de luttes dans tous les pays,
    avec un retour aussi sur l’historique du 8 mars, toutes ces femmes qui ont lutté pour obtenir des changements.
    Mais, les problèmes des femmes (entre autre) ne dépendent par que d’un jour.
    lutte aux quotidiens pour se faire respecter et entrendUE

  • Le 5 mars 2013 à 18:06, par Dina En réponse à : Vision Express sur… : Encore un 8 mars de souffrance pour les femmes…

    Bonjour à tous

    Merci à la rédactrice de cet article qui nous rappelle encore l’ignorance de certaines femmes sur le sens du 08 mars.

    Moi je pense que c’est tous les jours la même histoire que les journalistes racontent. Je cite (pour les femmes le 08 mars = Djandjoba) Maintenant les années passent et rien ne change qu’est ce que cela signifie ? Cela veut dire qu’il est vrai que le message sur les thèmes traités par les femmes intellectuels ne sont pas assimilés par les femmes anaphabètes mais il y’a aussi les journalistes qui ne font pas leur travail. Par exemple les journalistes et aussi et surtour le Ministère de la Promotion de la Femme peuvent faire des sensibilisations( en français comme en langue locale pour une meilleure compréhension) sur le vrai sens du 08 mars à savoir expliquer aux femmes l’origine du 08 mars et les véritables questions que les femmes doivent se poser sur leur rôle et leur importance dans la société. Je pense que de cette facon les femmes arriveront à mieux comprendre le sens du 08 mars. Je pense aussi que le pagne et les fêtes organisés en cette occasion ne sont pas mauvais en soi car elle accompagnent la journée, seulement il ne faut pas que ces fêtes passent avant l’essentiel et soient fêtés de façon exagéré.
    Donc prenons toutes les mesures pour changer la done et participons toutes et tous à cette importante sensibilisation.