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Fait de chez nous : Il fait exciser son épouse qui n’enfantait que des filles

vendredi 1er février 2013.

 

Paix à l’âme de Lucie, qui est morte sans pouvoir comprendre son sort. Un sort que lui ont fait subir son époux et les siens. Les deux filles de la pauvre dame quant à elles, ne savent pas jusqu’à présent quelle a été la cause de la méchanceté de leur père vis-à-vis de leur maman. En effet, après deux maternités, Lucie n’avait malheureusement pas « fait » de garçon tant attendu par sa belle famille. Une belle famille bornée, comme dirait l’autre. Aussi, a-t-elle accusé Lucie d’être à l’origine de la situation. Sans craindre les conséquences de leur bassesse, Ahmed et certaines de ses sœurs ont décidé d’exciser Lucie après ses deux maternités. Retenez que la communauté d’origine de Lucie ne pratique pas l’excision.

Malheureusement pour elle, c’est une pratique qui est obligatoire chez l’ethnie d’Ahmed son époux. C’est pourquoi, quand Lucie n’enfantait pas de garçon, sa belle famille a décidé de la « purifier » à l’image de toute femme de sa communauté. Un jour donc, des sœurs d’Ahmed et une autre femme débarquent au domicile conjugal. Ahmed et Lucie doivent les accompagner en brousse quelque part. Sans comprendre ce que tramaient son mari et ses sœurs, Lucie les a suivi sans craindre. En pleine brousse, la mission circonstancielle s’arrête et tout le monde descend du véhicule. Conduite de force derrière un buisson, Lucie y sera excisée avec la complicité de son époux. Après leur forfait, Lucie perd conscience. L’équipe des exciseuses la raniment.

Leur objectif atteint, les initiateurs du voyage forcé ont rebroussé chemin avec la pauvre. Lucie qui s’est tue sur la question, a soigné sa plaie dans le silence. Mais depuis le jour de cette méchanceté commune de ses belles sœurs et de son mari, Lucie a perdu le « self contrôle ». Très marquée par l’acte, elle était devenue presque folle. Aussi, n’a-t-elle pas eu la volonté d’aller se plaindre à « qui de droit ».

Quelques années après, Lucie est morte sans pouvoir donner à son Ahmed le garçon tant attendu. Une triste histoire qui traduit une fois de plus, le danger de certaines croyances culturelles qui restent renfermées sur elles-mêmes. Une vraie culture n’est pas celle qui reste renfermée sur elle-même. Mais celle qui intègre une autre culture en éliminant ses aspects obscurantistes, inhumains. Toute chose que Ahmed et ses sœurs devaient comprendre pour éviter de blesser Lucie dans tous les sens du terme. Les acteurs qui luttent contre l’excision, ont du pain sur la planche.

Souro DAO ( daosouro@yahoo.fr)

L’Express du Faso



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