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Toussaint Abel Coulibaly, ministre de l’Aménagement du territoire et de la Décentralisation : « Je change très rarement d’avis et je préfère ce défaut à l’inconstance »

mercredi 23 janvier 2013.

 

Anciennement ministre délégué auprès du ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Sécurité chargé des Collectivités territoriales, Toussaint Abel Coulibaly est, depuis le gouvernement de Tiao III, ministre plein chargé de l’Aménagement du territoire et de la Décentralisation. Comment le nouveau ministre se sent dans sa peau ? Que va-t-il changer fondamentalement ? Est-ce que ce poste ministériel est la récompense des accointances de son parti avec le CDP ? C’est autant de questions auxquelles a répondu le ministre Coulibaly lorsque nous l’avons rencontré dans son cabinet sis rue de l’UEMOA à Ouagadougou.

Monsieur le ministre, le dernier remaniement vous a vu passer de ministre délégué chargé des Collectivités territoriales au ministre de l’Aménagement du territoire et de la Décentralisation. On a tout de suite envie de savoir les sentiments qui vous animent ?

Vous vous en doutez certainement que ce sont des sentiments de gratitude à l’endroit des plus hautes autorités de ce pays pour cette marque de confiance renouvelée. En même temps que de l’appréhension, car en pareille circonstance l’on n’a pas le droit de démériter. Ce dont je suis certain, est que cette confiance m’oblige à donner le meilleur de moi-même pour réussir la mission qui m’a été confiée et que je ne ménagerai aucun effort pour être à la hauteur de la tâche.

Est-ce la récompense du travail bien fait lors des élections couplées de décembre dernier où votre formation politique, l’Union pour la République (UPR) s’en est bien sortie ?

Vous savez, si l’on devait récompenser par des portefeuilles ministériels tous ceux qui ont bien travaillé d’une façon ou d’une autre dans ce pays, je ne suis pas forcément le plus méritant. Je pense qu’il y a ce pouvoir discrétionnaire insondable par essence qu’il faut prendre en compte. En la matière, seul le chef de l’Etat et le Premier ministre savent quels sont les critères qui guident leurs choix. Pour ma part, je me contenterai donc d’assumer la responsabilité qu’ils ont bien voulu me confier et laisser les commentaires sur leurs motivations aux autres. Ce qui est sûr, ils ont leurs raisons et je les remercie.

A l’Assemblée nationale, nous avons des députés qui contribueront à leur manière à consolider la majorité présidentielle de même que des élus locaux. Je ne suis donc pas seul à avoir fait le travail et certainement pas seul à le poursuivre.

Votre parti est membre de la Mouvance présidentielle. Est-ce que le pacte tient toujours ?

L’Union pour la République est un parti membre de la majorité présidentielle depuis sa création le 20 juillet 2004. De quel autre pacte parlez-vous ? Si c’est de l’Alliance pour la mouvance présidentielle (AMP) dont vous voulez parler, nous ne sommes plus membres de cette structure-là.
Mais, je dois vous dire une chose. Ce n’est pas l’étiquette qui classe un parti dans tel ou tel camp, ce sont les actes que ce parti pose au quotidien. Entre le président Blaise Compaoré et nous, l’on n’a pas besoin de pacte. Notre soutien est indéfectible et cela nous semble plus important qu’un simple document par lequel l’on proclame un soutien avec des calculs dont les résultats ne sont pas toujours politiquement justes.

Vous savez même en politique contrairement aux idées répandues, il y a des personnes fidèles dans leurs choix et les assument. Il n’y a jamais eu de marchandage et il n’y aura jamais de marchandage en ce qui nous concerne pour notre soutien au président du Faso.

Revenons à votre ministère, qu’est-ce qui va fondamentalement changer ? Quelle lecture faites-vous de vos nouvelles missions ?

Ce qui va fondamentalement changer déjà est que désormais, la Décentralisation et l’Aménagement du territoire sont pris en compte par un ministère avec tout ce que cela implique comme organisation à mettre en place. Dans la pratique, il n’y a rien à inventer même s’il faut innover.
Les politiques du gouvernement sont déjà élaborées et il s’agit de les mettre en œuvre de concert avec les autres ministères, chacun jouant sa partition. Il n’y a donc pas d’autre lecture à faire que la volonté des pus hautes autorités de poursuivre la recherche de l’efficacité comme l’a dit le Premier ministre.
Un ministre n’est pas là pour faire la lecture de son ministère, mais plutôt pour exécuter sa lettre de mission. Ce qui n’est pas aisé et largement suffisant pour vous occuper nuit et jour ; croyez moi.

N’y aura-t-il pas de confusion de rôles entre Administration territoriale et Décentralisation ? Quel est votre feuille de route ?

Vous savez, le Burkina Faso n’est pas un pays isolé dans le monde. Dans plusieurs pays africains, la décentralisation seule ou avec l’Aménagement du territoire constitue un ministère et nous n’avons pas d’informations sur des difficultés particulières dans ces pays ; bien au contraire. Il faut aussi rappeler que la République a son mode de fonctionnement préétabli avec pour fil conducteur, l’Etat unitaire.

Il peut ne donc pas avoir de confusion de rôle en République. Quant à la feuille de route, c’est l’Aménagement du territoire et la Décentralisation que je suis chargé de mettre en œuvre avec mes collaborateurs au sein du gouvernement en parfaite complémentarité avec mes collègues ministres.

Monsieur le ministre, ainsi donc vous n’êtes plus le ministre des maires ?

Qu’appelez-vous ministre des maires ? Tous les ministres sont ministres des maires ; mais moi un peu plus parce j’assure la tutelle des Collectivités territoriales. Dans tous les cas, le plus important, c’est ce que l’on apporte pendant qu’on est là. Les commentaires on les laisse aux commentateurs. Il y a pire que ce que vous avez dit, vous n’êtes pas allé au bout de votre idée, j’en suis sûr. Mais, il faut plus que des commentaires pour déstabiliser quelqu’un qui est convaincu et déterminé à réussir. Je change très rarement d’avis, c’est peut-être un défaut, mais je préfère ce défaut à l’inconstance.

Interview réalisée par Ibrahim BAYILI

L’Express du Faso



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