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Acrobaties sur la voie publique à Bobo-Dioulasso : « Des mesures fortes seront prises », déclare le DR de la police

lundi 7 janvier 2013.

 

Ces deux dernières années, les éléments des forces de sécurité ont été postés à tous les carrefours et ont patrouillé dans la ville de Bobo-Dioulasso à l’occasion des fêtes de fin d’année. Dans cet entretien qu’il nous a accordé le mercredi 2 janvier 2013, le directeur régional de la police nationale des Hauts-Bassins, Marcel Paré, faisant le bilan de ces opérations, parle également des mesures que ses services envisagent pour sécuriser davantage les populations de la région en 2013.

Sidwaya (S.) : Pendant les fêtes de fin d’année, il y avait une présence remarquée de vos éléments dans la ville de Bobo-Dioulasso. A quoi répondait un tel dispositif ?

Marcel Paré (M.P.) : Pour ces fêtes de fin d’année, le ministère en charge de la Sécurité a estimé qu’il fallait mettre en place un dispositif spécial pour sécuriser les populations dans des grandes villes comme Ouagadougou, Bobo-Dioulasso et les alentours. Cela devait se faire à travers des patrouilles nocturnes et diurnes et, des opérations spéciales de contrôle des documents afférents à la conduite des véhicules automobiles. Il s’agissait donc d’un plan opérationnel de sécurisation de ces villes et des environs, pour lequel notre ministère de tutelle a mis à la disposition des services de sécurité, des moyens conséquents, pour être présents dans les carrefours et sur les grands axes de la mi-novembre à la mi-janvier. Cette opération s’est faite nonobstant la lutte permanente qui est menée sur tout le territoire contre le grand banditisme.

S. : Quel bilan pouvez-vous faire de ce plan opérationnel de sécurisation ?

M. P. : Nous avons fait un premier contrôle en mi-décembre et pris près de 150 véhicules, nous amenant ainsi à faire près de 2 millions de contraventions en une seule journée. Ce qui veut dire que les gens circulent avec de gros risques d’accident, dans des véhicules sans visite technique, et donc avec des défaillances mécaniques et sans assurance. De plus, l’opération de contrôle des véhicules à deux roues a fait mettre en fourrière plus de 500 engins sans immatriculation, non dédouanés ou sans éclairage. Pour les fêtes proprement dites, la présence visible de nos hommes a permis de garder les choses dans des proportions respectables, avec une certaine stabilité du bilan des accidents de circulation par rapport aux fêtes de fin d’année de 2011. Ainsi, le 24 décembre 2012, nous avons fait 14 constats d’accidents sans mort d’homme contre 12 en 2011, et le jour de Noël 2012 c’était 16 accidents sans décès également contre 18 accidents en 2011. Le 31 décembre de cette année, nous avons fait le constat de 18 accidents sans décès et le 1er janvier 2013, il y a eu 20 accidents avec malheureusement un décès. Pour moi, ce mort est de trop parce que notre objectif était « zéro décès » pour ces fêtes de fin d’année. Imaginez un peu le bilan sans la présence des forces de sécurité dans la ville. Néanmoins, nous pensons qu’il s’agit là, d’un bilan qui nous satisfait. Par ailleurs, nous avons constaté qu’il y a eu plus de civisme chez les populations qui ont, pour la plupart, obtempéré. Seulement, quelques-uns ont fait des outrages aux policiers, mais on espère qu’ils finiront par comprendre le bien-fondé de ces opérations.

S. : Pour ce plan opérationnel, combien d’agents avez-vous déployé sur le terrain ?

M. P. : Nous avons déployé le maximum d’agents pour assurer le service. Au niveau de la police nationale, près de 400 agents par jour faisaient un roulement en se relayant le matin, l’après-midi et la nuit, en service continu. Nous avons divisé le territoire en deux parties et la gendarmerie assurait la sécurité d’une partie de la ville. Aux côtés des forces de police et de gendarmerie, la police municipale a également été fortement présente.

S. : Cette opération vous a-t-elle aussi permis de mettre la main sur des personnes indélicates, notamment des voleurs d’engins ?

M.P. : Absolument. La majorité des gens interpellés pendant ces opérations l’ont été par simple négligence en sortant de chez eux sans les documents de leurs engins et d’identité. S’ils arrivaient à établir leur identité et que le fichier ne leur reprochait rien, on les libérait parce qu’il s’agissait d’une opération de sensibilisation. Mais il y a d’autres par contre qui sont connus de nos services et qui ont été retenus dans cette opération.

S. : Pour cette année 2013, quelles sont les mesures qui seront prises pour sécuriser davantage les usagers de la route à Bobo-Dioulasso ?

M.P. : La loi est instituée pour protéger les honnêtes citoyens. Cependant, quand les populations nous voient aux carrefours, elles pensent que nous sommes là pour sévir et pour réprimer ! Pourtant, notre rôle, c’est de préserver la vie et les biens des honnêtes citoyens. Au-delà de ce plan opérationnel de sécurisation, la police continuera d’assurer son travail de sécurisation des populations et de leurs biens. J’en appelle surtout aux jeunes qui, chaque soir, se réunissent dans la ville et préparent en groupe des acrobaties sur le boulevard sans les règles élémentaires du code de la route. Des mesures fortes seront prises pour mettre fin à ces acrobaties. J’en appelle aussi à ceux qui, au soir du mariage, quand ils vont chercher la nouvelle mariée, ne tiennent plus compte des autres usagers de la route en faisant des acrobaties avec des cales qu’ils laissent trainer sur le goudron, occasionnant parfois des accidents mortels. Pour cette année nouvelle, nous allons d’abord procéder à des sensibilisations, et si cette sensibilisation ne porte pas ses fruits, nous allons passer par la mesure répressive pour les ramener au respect du code de la route. Pour les taxis, des contrôles ont permis de constater que des véhicules arrêtés étaient des taxis à gaz. Nous les avons simplement verbalisés au lieu de les garer, pour ne pas courir le risque du manque de taxis dans la ville en fin d’année. Nous allons continuer de les verbaliser, parce que les taxis à gaz sont potentiellement dangereux en cas d’incendie. Les autorités compétentes sont déjà saisies et le ministère des Transports va prendre les mesures nécessaires pour arrêter ce phénomène.

S. : 2013 donc est une nouvelle année de défis pour vous sur le plan sécuritaire ! Quel appel avez-vous à l’endroit des différents usagers de la route ?

M.P. : J’ai toujours dit qu’une fin d’année n’est pas la fin du monde. Nous fêtons avec la joie de découvrir un nouvel an. Mais l’impression qu’on a, c’est que les gens vivent à une allure comme s’il s’agissait de leurs dernières heures. Je ne peux qu’attirer l’attention des populations. Le mot qui me revient chaque fois, c’est prudence, prudence, prudence, et ensuite, tolérance dans la circulation. Parce que de manière générale, le respect du code de la route n’est pas la chose la mieux partagée. J’appelle donc les populations à l’observation du code de la route, à respecter les panneaux de signalisation et à faire attention même s’ils sont sur une voie et qu’ils se disent prioritaires. Parce que lorsqu’il y a accident, vous pouvez avoir la priorité et lorsque vous avez été imprudent, votre responsabilité est engagée. De plus en plus, les engins à deux et trois roues sont légion et lorsqu’on circule, les usagers ont tendance à se faufiler entre les véhicules. Cela est une véritable source d’accidents de la route dans la ville qu’il faut éviter. En somme, pour 2013, au-delà des vœux traditionnels, je souhaite à tous, le respect scrupuleux du code de la route, et la police ne manquera pas l’occasion de sensibiliser. Chaque fois que nous serons dans la rue, ce sera pour sensibiliser. Notre vœu, c’est que les gens nous comprennent, qu’ils sachent que nous sommes issus de cette population et que le bonheur des populations, c’est notre bonheur.

Entretien réalisé par
Jean-Marie TOE

Sidwaya

Sidwaya



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