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Militaires burkinabè en attente de jugement : « C’est à la justice militaire de faire son travail », dixit Blaise Compaoré

lundi 29 octobre 2012.

 

Ils sont officiellement plus de 300 militaires à être incarcérés depuis l’année dernière suite à la vague de mutineries enregistrées au Burkina Faso de mars à juin 2011. Pour eux, après plus d’un an d’incarcération, pas toujours de jugement. Quand aura lieu le procès et comment vont se passer les choses, peut-on se demander.

Interrogé sur la dernière question ce lundi, 29 octobre 2012 à Ouagadougou, à l’issue d’une rencontre qu’il a eue avec les représentants des différentes composantes des Forces armées nationale (FAN), le Président du Faso, chef suprême des armées, Blaise Compaoré, par ailleurs ministre de la Défense et des Anciens Combattants, a renvoyé la balle dans le camp de la justice.

« Je suis ministre de la Défense. Je n’ai pas de pouvoir d’apprécier comment ça va se faire. Je laisse la justice faire son travail », a-t-il indiqué. Mais, peut-on dire aujourd’hui que la crise est derrière nous quand des militaires sont en attente de jugement ? Réponse du Chef de l’Etat : « Pour nous, la crise est derrière nous. Puisque depuis plus d’un an maintenant, vous savez bien que nous n’avons pas de débat sur ce qui s’était passé l’année dernière au niveau des armées. Nous avons des militaires qui effectivement s’étaient mis en marge des règlements militaires, de la morale même de manière générale, qui ont été indignes d’être dans l’armée, donc ont à répondre devant la justice. Et ça, ce n’est qu’une minorité par rapport à la grande majorité qui n’est pas entrée dans ces situations d’indignité ».

Quant à l’objet de la présente rencontre, elle a permis selon le président Compaoré, d’évaluer avec les représentants des différentes composantes des FAN, à la fois des engagements, l’exécution des devoirs. "C’est ce que nous avons fait ce matin, en écoutant, bien sûr, mais aussi en échangeant, en partageant avec eux sur les voies et moyens de consolider à la fois le professionnalisme de nos forces armées, de mieux ancrer l’armée dans la nation c’est-à-dire consolider les liens armée –nation ; mais aussi de faire en sorte que le commandement puisse assumer pleinement ses responsabilités avec davantage d’écoute, davantage de perfectionnement des outils de commandement ; mais aussi avec un œil sur l’environnement régional et international. Car aujourd’hui nous sommes obligés de former des armées et de prendre en compte ces éléments-là ».

Ces échanges directs du Chef de l’Etat avec les FAN répondent à l’une des recommandations de la dernière rencontre qu’il a eue en 2011 avec les délégués des forces armées qui avaient souhaité avoir un cadre de dialogue du genre. A entendre des participants, le bilan est on ne peut plus positif. « C’a été un réel plaisir pour nous d’échanger avec le Chef de l’Etat qui nous a donné des conseils », nous confie Rosine Zerbo, un élément de la brigade nationale des sapeurs pompiers. « Il nous a demandé d’être de bons militaires, fidèles, loyaux, intègres. Certainement, ce message a été bien reçu », précise le Sergent Chef Amidou Yelbi. Pour l’Adjudant-Chef de gendarmerie, Zakaria Sanou, "tout va bien". Parlant de la prise en compte de leurs doléances, l’Adjudant Chef Sanou dira même qu’ils sont satisfaits à 80-90%. Mais que reste t-il à satisfaire dans leurs revendications. A cette interrogation, le Sergent Chef Yelbi a préféré botter en touche : « Je crois que nous avons échangé avec le Chef de l’Etat de nos conditions de travail, essentiellement ». Mais, ces conditions se sont-elles améliorées depuis l’année dernière ? « Si nous sommes là, c’est qu’il y a des débuts de solutions, ça va », a-t-il conclu.

Au vu de ces réponses, le Chef d’état-major général des armées, le Général Honoré Traoré, ne devrait pas, en principe, avoir de quoi se plaindre, lui qui en début de cérémonie a égrené une batterie de mesures visant à réconcilier les FAN avec leur institution et la nation. « Durant la période écoulée, beaucoup d’efforts ont été consentis pour apporter des corrections aux dysfonctionnement constatés dans le cadre d’une meilleure prise en compte des aspirations des personnels militaires à se sentir partie prenante de la vie et du destin de l’institution qu’ils ont choisi de rejoindre pour servir leur pays », a-t-il souligné.

Grégoire B. BAZIE

Lefaso.net

Ph. Bonaventure PARE



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