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Palais de justice : Leur salaire était incitatif au vol…

jeudi 6 septembre 2012.

 

Le débat a été long. Des heures durant, les deux parties, suivant les directives de leurs conseils se sont défendues jusqu’au bout. En effet, l’affaire qui a opposé Abdoulaye, Karim et Zougba a Abdoul-Karim porte sur un abus de confiance plus un vol de 1217 bouteilles de gaz. Les faits remontent à mai 2012. Abdoul Karim, distributeur agrée d’une société de gaz, portait plainte à la gendarmerie contre Abdoulaye, Karim et ses employés. Ces derniers avaient pour tâche de distribuer et/ou de ramasser les bouteilles de gaz auprès des clients de leur employeur. C’est dans ces circonstances qu’il leur est arrivé de distribuer du gaz ou bouteilles vides à des personnes qui ne sont pas les clients de leur « patron ». Un deal qu’ils auront effectué sur instruction du gérant du nom d’Issouf.

Ainsi, au cours des débats, son nom n’a cessé d’être cité. Mais lui (Issouf), rappelle le président du Tribunal, n’est pas poursuivi. « C’est vous qui êtes à la barre aujourd’hui. Arrêtez donc de dire que c’est Issouf qui a… » a prévenu le juge. Karim, après cette observation a signifié qu’il n’avait jamais livré sans faire de mentions dans le cahier de livraison. Il revient sur ces déclarations plus tard pour dire qu’il a une fois livré avec la complicité d’Abdoulaye une trentaine de bouteilles à Zougba. Le nombre des bouteilles déclaré par la victime porte confusion. Il aurait déclaré à la gendarmerie qu’il a remis plus de de 2 millions au gérant, qui devait en principe les remettre aux deux acolytes.

Ce qui n’a pas été fait. Zougba, poursuivi pour recel a reconnu avoir reçu des bouteilles des mains de Karim et Abdoulaye. Le parquet après son réquisitoire, a estimé que les faits de vol et d’abus de confiance n’ont pu être justifiés. Par ailleurs, indique le président du tribunal, les deux prévenus percevaient un salaire de 30 000FCFA par mois. Un dû en deçà du SMIG. Ce qui peut donc, à son avis, inciter à arrondir le mois par de telles « initiatives ». Le conseil de la victime, a, quant à lui, pointé du doigt la responsabilité du gérant qui malheureusement n’a pas été poursuivi. Après s’être constitué partie civile, il a réclamé le préjudice rapporté. Le tribunal l’a déclaré partiellement fondé. Il a donc condamné le receleur à lui payer la somme de 437 700 FCFA pour les 35 bouteilles reçues. Les deux autres prévenus ont été relaxés au bénéfice du doute.


Un gardien « assistant » des voleurs

Il l’a échappé belle ! Avec une sanction de 15 mois de prison avec sursis, Ousmane, un sexagénaire, pourrait se réinsérer en société. Lui qui assistait Adama, Issouf, Madou, Djibril, Lassina dans leur soustraction frauduleuse de ferrailles sans rien dire, procurera conseil à qui veut l’entendre. En effet, ces cinq prévenus s’adonnaient à l’activité qui consistait à voler les ferrailles au préjudice d’une société de transports en commun. Ils y travaillent et se défendent par le fait que la société a fermé ses portes. Réduit donc au chômage, ils n’avaient autre recours que de voler les ferrailles. Ils les revendaient à deux ferrailleurs au prix du marché.

Ces derniers, présents au Tribunal ont soutenu qu’ils n’avaient pas connaissance de l’origine frauduleuse du fer. Le parquet après son réquisitoire, a situé la responsabilité des prévenus qui, selon lui, mérite la peine de 12 mois de prison avec sursis. Le gardien qui a joué un faux rôle mérite, selon toujours le parquet, 15 mois d’emprisonnement avec sursis. Aussi, le tribunal après délibération, a suivi la requête du parquet. Les receleurs ont été relaxés pour infraction non-constituée.

Rassemblées par Bassératou KINDO

L’Express du Faso