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Les riches doivent-ils se cacher dans ce pays ?

jeudi 2 août 2012.

 

Un homme richissime me disait la semaine dernière qu’il a l’impression que les Burkinabé sont en train d’organiser une chasse aux sorcières vis-à-vis des " feuillus " de la République. Il fonde sa pensée sur un certain comportements qu’il dénonce : " les gens considèrent ceux qui sont riches dans ce pays comme des voleurs. Ils pensent que nous autres avons volé pour devenir riches. Or, on a dû carburer toute notre vie pour en récolter aujourd’hui les dividendes".

Franchement dans nos échanges, j’ai eu entre-temps pitié de mon " ami " le riche car, je pense qu’il y a de l’exagération souvent ; des stéréotypes autour de ceux qui " ont les moyens ".

N’empêche, j’ai dû lui faire une dissertation sur les motivations de ceux qu’il considère comme des " détracteurs " de riches.

Mon premier exemple a été un incident qui s’est passé autour de l’hôpital Pédiatrique Charles De Gaulle. Un jeune " bien né " roulant dans un beau véhicule land cruzer noir de couleur, s’est garé juste après avoir dépassé un motocycliste. Le virage a été tel qu’il a failli faire chuter notre motocycliste qui n’a pas manqué de faire la remarque au grand Monsieur. Ce dernier lui dit approximativement : " tel que tu me vois là, même mon slip est assuré tout risque ". Autrement dit, il ne souciait guère du mal qu’il allait causer à son prochain parce qu’il est assuré.

J’ouvre la parenthèse pour dire que si notre pauvre ami avait une arme sur lui, il aurait dû tirer sous le slip pour voir si l’assurance tout risque marche à tous les coups. Bref ! Depuis quelques semaines, toute la République semble être braquée sur ses voleurs de tous les acabits. Il y en a qui ont la malchance d’être pris et présentés devant les journalistes ; d’autres vont grossir le nombre des prisonniers ; cependant une grande partie continuent de circuler paisiblement et ne s’inquiètent de rien.

Je parle des " voleurs " qui ont des centaines de trousseaux de clés et qui écument les quartiers et les secteurs de la ville de Ouagadougou. Bien sûr, ils font partie des vomissures que notre décence morale n’aime voir dans la société.

Mais, il y a de ces voleurs " discrets " qui pillent les richesses nationales ; qui détournent les sous mobilisés pour financer les secteurs de développement ; qui se tapent des villas sans calcul ; qui se paient des véhicules hors de gamme ; qui font oublier à nos touristes que le Burkina Faso est un pays pauvre et que sa population a des besoins existentiels non encore satisfaits ; qui se foutent royalement des cris des affamés et qui n’en écoutent que quand ils ont envie de se débarrasser de leur excès.

Je parle de ces riches qui, parce qu’ils ont la " bonne adresse " ; parce qu’ils sont dans le camp de ceux qui décident du politique et de l’économie ; parce qu’ils font partie d’un système qui se doit de fabriquer des milliardaires pour assurer sa survie ; je parle de ces riches dont aucune sueur ne coule, dont aucun effort n’est nécessaire parce que tout leur a été donné ; je parle de ces riches moulés et fabriqués,…

Ceux là, Dieu seul sait combien ils sont dans ce pays et combien ils engrangent frauduleusement sur le dos de toute la nation et des 16 millions de Burkinabé que nous sommes. Malheureusement, cette situation est telle que la société a perdu son équilibre. Les jeunes, ou du moins, les pauvres sont en train de courir avec frénésie derrière l’enrichissement sans règle et sans convenance parce que finalement l’argent n’aurait pas d’odeur. Cette course met toute la société dans une ambiance de s’enrichir pour se venger socialement. Chacun veut se venger de la cupidité de ceux qui sont riches. Finalement, toute la société craque à cause de la pression,…

Bref, je ne pense pas comme mon ami qu’une chasse aux sorcières soit organisée pour riches. Je pense que c’est la manière d’acquérir ces richesses et la façon d’en faire usage qui braquent une partie de la société.

Par Bendré



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