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Liberté provisoire à Ousmane Guiro : « Ce n’est pas parce que c’est M. Guiro que nous avons pris cette décision » dixit le procureur général près la Cour d’appel de Ouagadougou

mercredi 25 juillet 2012.

 

Affaire Ousmane Guiro, du nom de l’ancien directeur général de la Douane, les tueries de Guenon, les manifestations violentes à Boussouma et d’autres dossiers en suspens à la justice étaient au centre, ce mardi 24 juillet 2012, d’une conférence de presse animée par le procureur général près la Cour d’appel de Ouagadougou, Honorine Perpétue Méda/Dabiret. Qualifiés de « dossiers sensibles » de la justice, il s’est agi pour Mme Méda d’y apporter des éclaircissements sur les dernières évolutions. Morceaux choisis.

Affaire Guiro : Incarcéré à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO) depuis le début de l’année pour détenir 2 milliards de francs CFA, l’ancien directeur général de la Douane, Ousmane Guiro, jouit, selon le procureur, d’une liberté provisoire pour des raisons de santé. « M Guiro est malade et est resté longtemps en clinique. Nous avons jugé qu’il était mieux pour lui d’aller se soigner afin de pouvoir répondre à l’audience au moment venu », a expliqué Honorine Perpétue Méda/Dabiret. De l’avis du conférencier, Ousmane Guiro a subi un interrogatoire de fond avant d’être mis en liberté provisoire.

Ce n’est cependant pas une faveur faite à Ousmane Guiro. « D’autres détenus ont déjà bénéficié de la mise en liberté provisoire. Ce n’est pas parce que c’est M. Guiro que nous avons pris cette décision. A tout moment de la procédure, tout détenu peut faire la demande de la liberté provisoire », a-t-elle ajouté. Tout en soutenant que le dossier Guiro n’est pas vide, le procureur a promis qu’il y aura un jugement parce qu’il est poursuivi pour « enrichissement illicite ». « Mais je ne peux pas vous donner une date pour l’instant », a-t-elle précisé.
Concernant le cambriolage des bureaux des avocats de M. Guiro, le procureur a indiqué que les enquêtes suivaient leurs cours et qu’aucun suspect n’a été arrêté pour l’instant.

Tueries de Guenon : Les affrontements qui ont eu lieu en début mars dans le village de Guénon situé à quelques bourgades de Tiébélé ont fait, selon les sources officielles, 12 morts, des pertes matérielles et plusieurs déplacés. Le gouvernement y a dépêché une mission afin de ramener la paix dans cette localité où les populations s’entredéchiraient à cause de la chefferie. Après le retour de la paix, les deux chefs protagonistes ainsi que d’autres ont été déférées à la MACO. N’est-ce pas un double discours tenu par le gouvernement ? « Non ! L’apaisement dont parlait le gouvernement ne signifie l’impunité. Ces tueries ne peuvent pas rester sans sanction », a rétorqué le procureur général.

Boussouma : un état de siège instauré par la gendarmerie et la police nationale est actuellement en cours à Boussouma, localité qui a connu des périodes troubles pour exiger le départ du maire accusé de malversation dans l’attribution des parcelles par les populations. Les manifestants avaient contraint le maire à quitter la ville. Selon Honorine Perpétue Méda/Dabiret, l’état de siège est normal et il est fait proportionnellement à la violence des manifestations. Douze personnes ont été interpellées dans cette affaire.
Des maires d’autres localités qui n’ont pas autant fait la Une de l’actualité ont cependant été démis de leur fonction par le gouvernement alors que celui de Boussouma reste toujours à sa place.

Ne serait-ce pas parce qu’il est le frère de Kadré Désiré Ouédraogo, ancien Premier ministre burkinabè ? « Je ne suis pas au courant de ces relations familiales et même si c’est le cas, soyez rassuré que la justice n’en tiendra pas compte dans son travail. D’ailleurs, des enquêtes sont ouvertes pour les griefs que lui reproche la population », a indiqué Mme Méda.

Dossiers connexes à l’affaire Justin Zongo  : Suite à la mort de l’élève de Koudougou, Justin Zongo, d’autres personnes ont perdu la vie dans les manifestations qui ont suivi. Dans ces dossiers, des poursuites avaient été engagées contre X. Selon le procureur général, X a maintenant un visage et un nom. « La procédure suit son cours. Les gens ont l’impression que ces dossiers prennent du temps parce que des officiers de police y sont impliqués. Alors que selon la loi, les officiers de police bénéficient de conditions particulières de jugement », a indiqué le procureur général.

Enquêtes parlementaires : des députés membres de commissions mises en place par l’Assemblée nationale pour enquêter sur des irrégularités dans la gestion des subventions de l’Etat au secteur de la santé et à la gestion des marchés publics. Les limiers ont publié les résultats de leurs travaux pointant du doigt des irrégularités dans les pratiques. Interpellée sur les conclusions des enquêtes par un journaliste, Mme Méda a indiqué prendre note de ces travaux. « Le procureur général n’est pas ampliateur des rapports. J’ai simplement vu qu’il y a des irrégularités dans l’attribution des marchés mais pas d’infractions.

Soyez rassurés que si nous sommes saisis, la justice fera son travail », a rassuré le procureur général qui est également revenu sur l’affaire Aïcha Tassembédo, tuée par balle par un militaire du Régiment de sécurité présidentielle. Ce dossier suit aussi son cours, selon le procureur général. A entendre le conférencier, tous les dossiers suivent leurs cours et ils prennent le temps qu’ils prendront pour aboutir. Car selon l’un des principes de la Justice : « Si jamais il y a un doute, il vaut mieux laisser cent coupables impunis que de condamner un innocent ».

Jacques Théodore BALIMA

Lefaso.net



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