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Ouagadougou : les serveuses de bars sont-elles des prostituées ?

jeudi 19 juillet 2012.

 

« Il arrive parfois que je drague certaines serveuses, car je les considère comme des prostituées. Pour moi, au Burkina Faso, si une femme travaille dans un bar, c’est qu’elle a échoué dans la vie ». Cette confession de beaucoup de clients de maquis (nom donné aux bars, dancings et autres débits de boissons, Ndlr) dans la ville de Ouagadougou témoigne de la mauvaise compréhension du métier de serveurs/serveuses de bars. Considérée la plupart du temps comme un sous métier ou échouent les filles sans diplômes, la serveuse de bar est en plus perçue comme une prostituée. Quand est-il exactement ?

Le statut du serveurs/serveuses est reconnu dans le Code du travail du Burkina Faso. Ces derniers bénéficient, comme tout salarié burkinabè, d’un salaire minimum équivalent au SMIG et doivent être déclarés à la Caisse nationale de sécurité sociale. De même, la convention C172 N°4, entrée en vigueur le 13 juin 1921 et adoptée par le Burkina Faso, lors de la 78e session de la rencontre de Genève en Suisse, revient sur les conditions de travail de « ces travailleurs de nuit ». Ainsi, on peut y lire que ces travailleurs bénéficient d’un repos hebdomadaire, de congés payés annuels et ne doivent pas dépasser les 52 heures de travail par semaine.

Sur la même lancée, la législation burkinabè sanctionne les gérants et propriétaires des maquis et bars qui ne respecteraient pas la loi. La peine pouvant aller d’une amende à payer jusqu’à la fermeture totale du débit de boisson. Cette dernière mesure par contre n’est pas courante. La raison, selon l’inspection du travail, est d’éviter que ces filles se retrouvent dans la rue. Est-ce que l’inspection du travail, reçoit des plaintes de filles qui se font harceler ? « Je sais que cela arrive et j’en entends parler de manière officieuse. Mais de officiellement, si plainte il y a, les filles en parlent plus à leurs patrons », répond une source proche de l’institution. Et d’ajouter avec dédain que « les filles ne se plaignent pas d’habitude pour ce genre de choses ».

« Faux », nous rétorque une serveuse du maquis « Dynastie ». « Les clients nous insultent pour un rien, parce qu’on a un peu trainé avec la monnaie, ou pour le service », déclare Aïcha, puisque c’est d’elle que l’on parle. Selon elle, les serveuses ont toujours des problèmes avec les clients. Et des exemples, Aïcha a en plein. « Des clients nous demandent de les servir et quand tu le fais, ils te demandent de venir s’asseoir avec eux et après, ils te demandent à combien tu fixes le prix d’une passe avec eux. Il y a une semaine de cela, un autre client est allé encore plus loin en proposant 10 000 F CFA à une de mes collègues qui le servait, pour coucher avec lui ». Quand elle est fatiguée de subir les insultes et harcèlements des clients et que son patron ne semble pas prêt à la défendre, la serveuse change de maquis. « Je suis à mon troisième travail depuis que j’ai quitté Nouna il y a deux ans », explique Aïcha.

« Au début je jouais à la forte tête »...

Même son de cloche pour des serveuses au bar « Taxi brousse » sis sur Kwamé N’Nkrumah. « Quand tu travaille dans un bar, les hommes te qualifient automatiquement de prostituée », témoigne Sali. Pour une autre ancienne serveuse, devenue aujourd’hui en péripatéticienne, rencontrée sur une table du Taxi brousse, « être fille burkinabé et serveuse de bar, c’est incarner une malédiction ». Pour avoir servi dans deux grands débits de boissons de la capitale, elle avoue aujourd’hui, sous anonymat, être passée du service en maquis au trottoir. « Au début je jouais à la forte tête et je refusais systématiquement toutes les propositions que l’on me faisait sur mon lieu de travail. Mais par la suite, je suis entrée dans le cercle ».

Il s’agit, selon notre ancienne serveuse, d’une autre forme de prostitution. « Il m’arrivait de sortir avec cinq garçons la même nuit. Quand je prenais service à 18h, je m’éclipsais pour 30 ou 45 minutes, le temps de rejoindre la maison close la plus proche, avec la complicité de mes collègues, pour m’occuper de mes clients personnels ». Et d’affirmer qu’il est quand même rare que les serveuses sortent avec un client le même jour.

Décidés à vérifier cette affirmation, nous nous rendons au secteur 27 de Ouagadougou, au quartier Wayalghin. Là, dans un bar, nous rencontrons Ami. Agée de 22 ans, cette serveuse, originaire de Kombissiri, à quelques 40 kilomètres de Ouagadougou, a abandonné sa famille pour travailler dans la capitale. Il est 23h et les clients du maquis se font rares. Nous appelons Ami afin de lui offrir un Coca. La discussion est engagée. « Tu me plait énormément. Accepterais-tu sortir avec moi ? », la question est lancée et la réponse ne tarde pas. De son joli sourire qui montre ses dents blanches, Ami répond par un « oui, mais tu payes combien ? ». Ainsi donc, il y a des serveuses burkinabè qui profitent de leur emploi pour arrondir leurs fins de mois...

Et comme pour nous rassurer sur ses mœurs, surement à cause de notre mine étonné, elle poursuit, « c’est trop tôt pour moi de te suivre et partir cette nuit. Mais la prochaine fois, je ferai tout ce que tu me demanderas ». Selon le gérant du bar qui accepté de nous parler mais en conservant l’anonymat lui aussi, la majorité des ses serveuses sont des Burkinabè. « Elles sont recrutées pour faire le travail de serveuse et plus si elles veulent. Je ne m’intéresse pas à qu’elles font avec les clients. Chacune est libre de ses mouvement, tant que cela ne terni pas l’image du bar », affirme-t-il.

Quand un médecin enceinte une mineure togolaise

Le gérant du maquis « Galaxie », Papy’S Manadja, confirme les dires du patron de Ami. « Je vous mentirais si je vous dis que certaines de mes serveuses ne sortent pas avec les clients. Ici, la confusion est vite faite entre les serveuses de bar et les prostituées. Car des clients viennent dans les maquis et après quelques bières ils repartent avec une serveuse », avoue ce gérant. Cela s’explique, selon lui, par le fait que certaines serveuses veulent arrondir leurs fins de mois et elles n’hésitent pas alors à « provoquer » les clients. Toujours selon Papy’S, les serveuses peuvent sortir avec un client sans problème à condition qu’elles respectent l’heure de la fermeture qui peut aller jusqu’à 5 heures du matin.

Alice, une ancienne fille du « Flamenco », un autre bar dancing, nous confirme les raisons économiques qui incitent des serveuses à se tourner vers la prostitution. « C’est la pauvreté qui amène la plupart des filles qui travaillent dans les maquis à sortir avec les clients ». Mais ces filles, en voulant arrondir leurs fins de mois, se retrouvent face à des problèmes. Outre les bagarres et conflits qui éclatent dans les débits de boissons entre les clients et les serveuses, ces dernières peuvent se retrouver dans des situations peut enviables.

Gabriel Kiémdé, directeur provincial de l’Action sociale de Ouagadougou que nous avons rencontrés, nous a relaté l’histoire de ce médecin qui a enceinté une mineure Togolaise travaillant dans un maquis de la capitale et ayant refusé de reconnaître la grossesse. La fille s’étant présentée à l’Action sociale, le médecin interpellé a été soumis à une « simple » amende de 25 000 F CFA par mois comme pension alimentaire à verser à la serveuse. Et il ne s’agit pas d’un cas isolé, selon M. Kiemdé. En écoutant ce récit, le conseil d’Alice nous revient en tête. « Les serveuses de bar doivent surtout se protéger pour éviter de contracter les maladies, en attendant d’être mieux protégées par la loi », nous avait-elle dit. C’est la meilleure méthode, selon elle, en attendant que des peines plus sévères soient adoptées pour dissuader les gérants de bars d’embaucher des mineures et du même coup éviter à ces jeunes serveuses de plonger dans la prostitution.

*Cette enquête a été réalisée en juin dernier dans le cadre d’une formation en journalisme d’investigation du Centre national de presse Norbert Zongo par Maurice Yaméogo (Le Quotidien), Crépin Somda (Editions le Pays), Ozias Kiemtoré (Sidwaya), Asmado Rabo (Editions le Pays) et Elza Sandrine Sawadogo (Fasozine).

*Le titre et les intertitres sont de la rédaction

Fasozine



Vos commentaires

  • Le 19 juillet 2012 à 02:57, par la justiciere En réponse à : Ouagadougou : les serveuses de bars sont-elles des prostituées ?

    comment une fille va telle coucher avec 5 gas lla meme nuit ? comment cette mineuse togolaise a fait pour savoir q c c dicteur qui la enceinter, n a telle pa coucher avec dotre ga, le medecin a eu nraison de nier la griossesse car ques ce qui prouvai q cetai pour lui a defau du test dadn

  • Le 19 juillet 2012 à 06:33, par fongnon En réponse à : Ouagadougou : les serveuses de bars sont-elles des prostituées ?

    ces une tautologie de dire que les serveuses de bar sont des prostitué

  • Le 19 juillet 2012 à 09:31, par Mousla En réponse à : Ouagadougou : les serveuses de bars sont-elles des prostituées ?

    Au temps où il n’y avait que les togolaises qui occupaient ces postes de serveuses dans les différents maquis, on ne voyait pas ces phénomènes. Depuis que nos petites sœurs et les ivoiriennes sont entrées dans la danse, le métier a tourné à de la prostitution à ciel ouvert. Certaines serveuses se livrent même dans les toilettes des maquis. Il faut que le gouvernement se penche sérieusement sur ce problème. On parle souvent d’arrivage de conteneurs (de nouvelles serveuse venues directement de la Côte d’Ivoire) et quand les clients se rassasient, elles sont simplement virées de ce maquis et on renouvelle le stock pour le bonheur des clients. Ce qui se passent dans les maquis à Ouaga, Dieu seul sait est pire que ce qu’on voit dehors (trotteuses).
    Réveillez-vous cher dirigeants.

    • Le 19 juillet 2012 à 10:21, par Monoeil En réponse à : Ouagadougou : les serveuses de bars sont-elles des prostituées ?

      Si vous frequentez les maquis et les bars par terre, vous pouvez dire que les serveuses sont des prostituées. J’en connais les bars à ouaga, où il y a des serveuses niveau BAC+2 et même BAC+3 qui viennent generalement servir la nuit pour se payer les etudes. j’en ai discuté avec certaines qui peuvent rentrer à la maison avec des pourboires en moyenne de plus de 5 000 F CFA par jour et même plus. Dans ces bars aucune serveuse ne s’asseoit avec un client, aucune serveuse ne boit pendant son travail, dire serveuse egal prostituée , je suis desolé pour vous.

      • Le 19 juillet 2012 à 12:10, par Atila En réponse à : Ouagadougou : les serveuses de bars sont-elles des prostituées ?

        Monoeil, laisse moi te dire qu’il des étudiantes qui se prostituent pour payer leur scolarité ou subvenir à leurs petits besoins. De même il y a des filles qui sont des serveuses, qui ne sont pas aller loin à l’école et qui refusent un simple pourboire pour ne pas succomber à la tentation. La prostitution n’est pas fonction du niveau d’étude. Toutes les serveuses ne sont pas des prostituées, je suis d’accord mais en lisant le reportage, beaucoup d’entres elles le sont. c’est une réalité qu’on ne peut pas occulter.

      • Le 19 juillet 2012 à 12:31, par LeSage En réponse à : Ouagadougou : les serveuses de bars sont-elles des prostituées ?

        Mon frere ce que tu viens de decrire n’est rien d’autre que la prostitution de luxe. Peux-tu confirmer que ces demoiselles ne prennent pas les numeros des clients des clients pour les retrouver apres le travail ? Le fait d’avoir BAC+2 n’enleve rien en ce qu’elles soient des prostituees. Fais un tour dans certaines cites universitaires dans la ville de Ouagadougou les week-ends et tu comprendras.

        • Le 19 juillet 2012 à 17:13, par innalah En réponse à : Ouagadougou : les serveuses de bars sont-elles des prostituées ?

          vrai, etre prostituer n est pas une affaire de niveau bac plus, c est juste une question de dignite et la pauvrete aussi qui pousse ces pauvres filles a se livrer dedans. sensibilisons les seulement pour ne pas au moins qu elles tombent malade.

      • Le 19 juillet 2012 à 15:40, par Mousla En réponse à : Ouagadougou : les serveuses de bars sont-elles des prostituées ?

        Ce que vous vites n’a rien apporté dans ce forum. Que tu paies une serveuse à 5000 ou à 200 000, c’est pareil. Moi je connais des bars comme vous le dites où on paie les serveuses à 300 000, et que la passe coûte 500 000. Dites-moi quelle est la différence ?
        Quand vous n’avez rien à dire, taisez-vous…
        Webmaster, laisse couler pour qu’il sache que y a des gens qui donne nasongo 1000 francs et d’autres donne 10 000 francs. Tout est nasongo ou bien ?

  • Le 19 juillet 2012 à 10:08, par lesage En réponse à : Ouagadougou : les serveuses de bars sont-elles des prostituées ?

    vous me faite rire quoi ça c’est pas du journalisme d’investigation !!!messieurs les journalistes donnez moi la définition exacte du JOURNALISME D’INVESTIGATION !!!!vous connaissez Ramata SORE ???elle s’est une JOURNALISTE D’INVESTIGATION !!vous partez vous s’asseoir dans des maquis pour nous raconter du n’importe quoi et dire c’est de l’investigation.
    certes ce que vous dites est salutaire mais ne confondez pas les termes. étant Ingénieur Informatique je peux écrire votre article.
    WEB-MASTER STP laisse passer ce message.
    CORDIALEMENT.

    • Le 19 juillet 2012 à 14:34 En réponse à : Ouagadougou : les serveuses de bars sont-elles des prostituées ?

      Que de venin pour pas grand chose. Tu es peut être client ? Contrairement à toi moi j’ai appris certaines choses dans de papier, notamment la législation en la matière. En plus toi même tu les dis "certes ce que vous dites est salutaire", tout en vomissant ta haine.

      WEB-MASTER STP laisse passer ce message

  • Le 19 juillet 2012 à 12:02, par LeTmoin En réponse à : Ouagadougou : les serveuses de bars sont-elles des prostituées ?

    Mon frère Monoeil, les serveuses dont tu parles ont leur prix et leurs conditions (contact au maquis et RDV ailleurs ou un autre jour). Sinon à quelques exceptions près, elles sont toutes les mêmes, des maquis par terre comme vous le dites, aux hôtels N-étoiles en passant par les restaurants, les magasins, les alimentations...

  • Le 19 juillet 2012 à 13:45, par Kôrô Yamyélé En réponse à : Ouagadougou : les serveuses de bars sont-elles des prostituées ?

    ’’Décidés à vérifier cette affirmation, nous nous rendons au secteur 27 de Ouagadougou, ..... Là, dans un bar, nous rencontrons Ami. Agée de 22 ans, cette serveuse, ..... Il est 23h engagée. « Tu me plait énormément. Accepterais-tu sortir avec moi ? », la question est lancée et la réponse ne tarde pas....’’.

    - JOURNALISTE, soit ’’Wonnête’’ et dit le reste ! tu as trempé dedans !

    Par Kôrô Yamyélé

  • Le 19 juillet 2012 à 15:58, par Sylvie En réponse à : Ouagadougou : les serveuses de bars sont-elles des prostituées ?

    Je préfère mille fois être ménagère (bonne) dans une famille que de travailler dans un maquis. Elles sont mal traitées, souvent ne gagnent pas à manger la journée, en plus les clients les frappent souvent tapotent leurs fesses en passant. Une serveuse de 17 ou 18 ans s’est fait frapper sous le regard impuissant de son patron sous prétexte qu’elle a trop trainé avec sa commande, en fait, la fille était aigre ce jour car seule à servir une multitude de client, poussé à bout elle a fini par injurié le client qui n’a pas aussi hésité à la frapper.
    Les bonnes ont leur repas quotidien garantie, dorment au chaud dans leur chambre, elles sont intégralement pris en charge par leurs patronnes (santé, repas, hygiène...) elles ne dépensent pas leur salaire pour se prendre en charge ce qui fait qu’elles économisent plus. Par contre l’argent des serveuses ne les suffit pas puisque tout rentre dans les habillement, savons, nourriture, loyer... ce qui les amène à se prostituer pour subvenir à leur besoin.

  • Le 19 juillet 2012 à 16:32 En réponse à : Ouagadougou : les serveuses de bars sont-elles des prostituées ?

    En réalité, combien de gérants ou propriétaires de bar respectent les lois sur le travail ? Combien de serveuses perçoivent le smic et sont déclarés à la caisse ? Je dirais pratiquement aucune. Alors, ne soyez pas étonné que ces filles se vendent pour se faire de l’argent pour survivre. Et, ces gérants sont à la limite des "proxénètes" qui vivent du travail de ces filles. Ces filles sont assimilées à du bétail avec un taux de renouvellement tous les 2 ou 3 mois pour attirer les consommateurs pour boire dans leurs maquis.

  • Le 19 juillet 2012 à 18:18, par Le patriote En réponse à : Ouagadougou : les serveuses de bars sont-elles des prostituées ?

    Foutaise ! Si c’est ca le journalisme d’investigation, tout le monde peut écrire et N.Z serait toujours vivant. Fallait plutôt nous dire les gourous qui viennent y tromper leurs femmes. D’après que les ministres font des choses en plein air avec des mineurs ?
    Je pense que c’est une bande de journaleux en manque d’inspiration qui voulant justifier leur activités quotidiennes sont allés tirer leur coup avec les serveuses dans les plus huppés de la ville.
    Messieurs les journaleux, nous on a pas honte ; Chaque Samedi et Dimanche, nous on s’offre des serveuses majeures et bien vaccinées en nous protégeant bien sûr. Nous en tout cas, on fait piaannn !!!
    Sans rancune !
    STP webmaster, laisse couler.

  • Le 19 juillet 2012 à 22:40, par Le patriote En réponse à : Ouagadougou : les serveuses de bars sont-elles des prostituées ?

    Merci beaucoup à webmaster d’avoir laissé couler mon texto. Big up à toi. Peace !