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Autant le dire… : Les criquets pèlerins arrivent du Mali,…

jeudi 19 juillet 2012.

 

« Les criquets pèlerins menacent le Mali et le Niger. L’insécurité dans la région a aggravé la situation en empêchant le bon déroulement des activités préventives contre les invasions de ces insectes destructeurs pour les cultures ». Du coup, le Burkina Faso est à son tour menacé.
En effet, selon le site d’information abamako.com, « des nuées de ces insectes sont arrivés en juin dans les régions septentrionales des deux pays, en provenance du Sud-est de l’Algérie et du Sud-ouest de la Libye. En outre, l’insécurité de part et d’autre de la frontière en Algérie et en Libye a entravé les opérations de prospection et de lutte antiacridienne, ce qui a permis aux criquets de migrer à travers le Sahara vers le Mali et le Niger ». Une fois de plus, le Burkina Faso est menacé. Et ce parce que la situation sécuritaire s’est détériorée en Algérie et en Libye.

« En revanche, dans le Nord du Mali, les opérations de lutte sont entravées par le conflit politique, et les efforts de prospection doivent s’appuyer sur un réseau informel d’information alimenté par les populations locales et les nomades », ajoute le site qui renseigne que « des criquets ont également été observés dans l’Est du Tchad et au Darfour, dans l’Ouest du Soudan ».

N’est-ce pas plus clair pour tous ceux qui pensent qu’en s’occupant du Mali, le médiateur qu’est Blaise Compaoré oublie les problèmes de ses compatriotes ? En clair, c’est parce qu’il y a insécurité en Algérie, en Libye et au Niger et conflit au Nord Mali que ces pays n’ont pas pu mettre en place les dispositifs qu’ils ont l’habitude d’engager pour prévenir à défaut combattre les criquets pèlerins que ceux-ci se sont retrouvés au Burkina Faso. Du coup, les problèmes des Maliens qui devaient se limiter au Mali s’il n’y avait pas de conflit, se sont déportés au Burkina Faso. N’est-ce pas que, si plutôt le médiateur avait réussi à résoudre la crise malienne, et à remettre les Maliens au travail, il aurait en même temps résolu les problèmes des Burkinabè, principalement en ce qui concerne les criquets acridiens dans ce cas précis.

C’est pourquoi, il convient de saluer l’esprit nouveau qui est en train de naître actuellement au bord du Djoliba. L’astrophysicien Cheick Modibo Diarra qui est en train de revenir à la raison (même si c’est par la contrainte) devrait faire savoir à ses compatriotes que tant qu’ils n’accepteront pas de s’entendre sur l’essentiel, personne ne pourra les aider. En même temps, il devra leur faire savoir qu’en dehors du fait que le Mali est un pays voisin et que la paix dans ce pays intéresse au plus haut niveau les Burkinabè, personne ne se serait intéressée à ce qui s’y passe.

S’il veut un exemple, on pourrait lui donner celui de la Syrie qui, visiblement ne fait ni froid ni chaud à un Burkinabè. Parce que, sans doute nous n’avons aucun lien avec ce pays ; nous n’avons aucune relation avec ce pays. Le bazin que nous portons ne vient pas de Syrie ; le « djiguè walan » (poisson carpe fumé) que nous mangeons ne vient pas de Syrie. En dehors du fait que la mort d’un être humain, dans ces conditions de guerre, est toujours douloureuse, le conflit syrien ne nous intéresse pas.

Aussi, les autorités de la transition doivent hâter le pas. Quant à la junte qui croit qu’elle peut toujours tirer les ficelles, qu’elle sache que le Mali n’appartient pas seulement aux Maliens. En lui seul, le Mali n’est rien. Il a besoin de ses voisins pour être le Mali autant que ses voisins ont besoin de lui pour exister.
En attendant, conjuguons les efforts pour lutter contre les terroristes, mais également contre les criquets pèlerins. Notre sécurité physique et alimentaire passe par là.

Dabaoué Audrianne KANI

L’Express du Faso