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AFFAIRE « 475 HECTARES DE TERRAIN A KOUBRI »

mardi 17 juillet 2012.

 

Le projet de réalisation de plus de 6000 logements sociaux dans la commune rurale de Koubri aura-t-il lieu ? Un problème de communication entre l’ex-maire, Ousmane Compaoré, et les conseillers municipaux avait fini par mettre des grains de sable dans la machine. Le bourgmestre avait en effet signé l’arrêté d’attribution des 475 hectares de terrain hors lotissement, qui devaient servir à la réalisation des logements, sans avoir vraiment impliqué les conseillers. Ces derniers ont donc décidé de remettre en cause l’arrêté d’attribution du terrain. Depuis lors, une brouille s’est installée entre les différentes parties. Au point qu’on se demande si cet ambitieux projet, qui aurait pu contribuer à résorber, un tant soit peu, la cruciale question du logement au Burkina, sera finalement réalisé. Le hic, c’est que, jusque-là, l’entreprise BTM, initiatrice du projet, ne s’était pas exprimée sur le sujet.

Et on avait vraiment du mal à cerner tous les contours de cette affaire brûlante. Nous avons enfin réussi à obtenir une interview. La Directrice générale de BTM, Henriette Kaboré, répond, sans détours, à nos questions.

Le Reporter : Peut-on encore espérer la réalisation des 6 132 logements sociaux annoncée il y a quelques années ou avez-vous définitivement rangé ce projet dans les tiroirs ?

Henriette Kaboré : Avant de répondre à votre question, je voudrais vous remercier d’abord pour votre démarche afin de mieux comprendre le dossier foncier du projet de réalisation de logements dans le cadre des activités de promotion immobilière de BTM.

Ensuite, il convient de rappeler le contexte et la justification du projet de promotion immobilière.

Comme vous le savez, la question du logement a toujours été un problème majeur au Burkina Faso. Il n’y a qu’à observer toutes les manifestations liées aux lotissements relayées régulièrement par la presse. Les autorités politiques ont diagnostiqué le problème et ont décidé de le résoudre. Mais vous constatez qu’au Burkina, tout est prioritaire. L’Etat ne peut pas tout faire à la fois et tout seul.

C’est pourquoi le secteur privé est sollicité à travers divers mécanismes pour accompagner les pouvoirs publics dans la résolution du problème du logement, à travers la promotion immobilière.

C’est dans ce contexte et pour accompagner les pouvoirs publics que BTM s’est investie dans la promotion immobilière qui demeure un secteur social très coûteux.

Pour revenir à votre question, il faut remarquer que la première ressource d’une entreprise de promotion immobilière, c’est la terre (le terrain) ; c’est la matière première. Le coût d’acquisition et la sécurité de jouissance sont essentiels pour garantir aux acquéreurs des logements décents à des coûts financièrement supportables, surtout que nous avons choisi de faire de la mixité sociale une réalité dans notre espace.

Le projet est-il définitivement rangé ? Je dirai non. Maintenant où sera-t-il réalisé ? C’est cela la vraie question. Je ne pourrai le réaliser que dans une localité où j’aurai un terrain avec une superficie adaptée pour ces types d’activités, et surtout là où il y aura une sécurité de jouissance pour mes clients ; c’est-à-dire là où il n’y aura pas de contestations sur la propriété des terres.

De façon concrète, en quoi devait consister ce projet ?

Comme tout projet de promotion immobilière, il s’agit d’un aménagement de site en vue d’y construire des logements avec toutes les commodités et les équipements de la vie urbaine.

Vous aurez donc des logements avec des équipements urbains nécessaires, comme le prévoit la loi sur la promotion immobilière au Burkina Faso. Il y aura environ 6 100 logements.

On vous accuse de n’avoir pas suivi la procédure normale pour l’acquisition des différentes autorisations. Etes-vous en mesure de nous démontrer le contraire ?

Voyez-vous, quand on est convaincu de son dossier, on ne répond pas à ces genres d’accusations.

Pensez- vous qu’objectivement, on peut vouloir faire de la promotion immobilière en ignorant la loi ? Pensez-vous qu’on peut cacher l’acquisition de 475 hectares ? Non, ce n’est pas vrai. Vous pourriez le vérifier auprès des services techniques. J’ai déposé un dossier de demande de terrain en y joignant les pièces demandées depuis 2006. Le dossier a abouti à ce que vous savez : l’arrêté d’attribution du terrain. Si, franchement, l’Administration m’avait notifié l’absence d’une pièce dans le dossier, c’est sûr que je l’aurais complétée. Et vous savez, le dossier de demande de terrain fait l’objet d’un traitement par des services différents qui ne relèvent pas du même ministère. Pendant l’instruction, BTM n’intervient pas du tout ; Je veux dire que depuis le dépôt du dossier, je ne l’ai plus vu de mes yeux jusqu’à la délivrance de l’arrêté qui m’a été notifié.

Le dossier circule entre les services par voie administrative. La procédure d’instruction du dossier est conduite par des services techniques. Ça m’étonnerait fort que tous les services se trompent à la fois dans toute la procédure.

Qu’est-ce qui justifie, selon vous, le fait que le projet soit aujourd’hui pratiquement bloqué ?

Il faut nuancer. Le projet est « peut-être » bloqué à Koubri parce qu’il y a des problèmes sur la propriété du terrain qui doit être aménagé pour recevoir les constructions. Mais nous pensons poursuivre le projet.

Le Conseil municipal de Koubri affirme que l’ex-maire, Ousmane Compaoré, a signé l’arrêté d’attribution des 475 hectares de terrain sans avoir, au préalable, exposé le dossier en session du Conseil municipal. Avez-vous été surprise d’apprendre cette nouvelle ?

Très surprise. Un projet de cette taille dans une commune, il me paraît tout à fait normal que le Conseil municipal soit informé. Et je pense que c’est à l’honneur d’un maire d’attirer un investisseur dans sa commune à travers un projet qu’il présentera à son Conseil.

S’il est vrai que ce projet n’a pas été présenté au Conseil, je suis désolée mais ce n’est pas ma faute. Je ne connais pas le fonctionnement d’un Conseil ; ce n’est pas mon domaine. Sinon, le minimum aurait été que je paye au moins les taxes que le Conseil municipal a votées pour l’acquisition des terrains au niveau de la commune.

L’ex-maire affirme avoir signé l’arrêté d’attribution suite à un appel téléphonique du ministre de l’Habitat de l’époque, Vincent Dabilgou. Etiez-vous au courant de cela ?

Non, et c’est étonnant. Je ne suis pas informée.

L’affaire est aujourd’hui en Justice et l’arrêté signé par le maire risque d’être annulé. Comment réagissez-vous par rapport à cela ?

Je n’ai pas de réaction particulière par rapport à un dossier qui est en Justice.

Certains affirment que vous êtes restée trop silencieuse depuis le début de cette affaire. Pourquoi une telle attitude ?

Un dossier qui fait des vagues, il faut éviter d’en rajouter. Je me suis dit que celui qui veut comprendre le dossier prendra contact avec les différentes parties pour se faire une opinion.

Suite à la brouille engendrée par cette affaire, l’Inspection technique des services du MATDS avait préconisé à BTM « d’entrer en contact avec le Conseil municipal et les terriens afin de leur exposer le projet immobilier envisagé pour la commune et trouver une solution consensuelle ». Qu’entendez-vous concrètement faire dans ce sens ?

Nous sommes toujours disposés au dialogue. Il reste à définir les mécanismes de la concertation.

Il nous est revenu que de nombreux souscripteurs se plaignent de ne pas voir le projet se réaliser. Qu’en est-il exactement ?

Les souscripteurs sont plutôt mécontents du fait que je refuse de recevoir toute avance sur les prix de vente et d’enregistrement des souscriptions tant que l’ouverture des voies n’a pas commencé.

Avez-vous un message particulier à l’endroit du Conseil municipal et de la population de Koubri ?

Je demande aux uns et aux autres d’éviter la passion dans la recherche de solution à ce problème foncier. Je demande au Conseil municipal de Koubri d’examiner le projet dans sa globalité et pas seulement le volet foncier, et de voir si ce projet présente un intérêt économique pour la commune, une utilité sociale pour les populations burkinabè et un avantage financier pour le budget communal. A titre indicatif, pour le budget de la commune, on peut espérer des recettes de taxes de jouissance d’un montant de huit cent cinquante millions (850 000 000) de francs CFA environ dont j’ai la charge de recouvrer auprès des acquéreurs et de les reverser dans les comptes de la commune.

Le recouvrement étant assuré par BTM, la recette est donc sûre et stable sur plusieurs années, sans compter les taxes de résidence que devra percevoir annuellement la commune au titre de chaque parcelle. Dès lors, la commune pourra faire ses prévisions budgétaires en conséquence et réaliser des projets de développement au profit de la population. Et il y a bien d’autres avantages liés à la réalisation de ce projet à travers les équipements qui vont donner une certaine vitalité à l’activité économique de la commune et donner lieu à des recettes fiscales au profit de la commune.

Propos recueillis par Hervé D’AFRICK

Le Reporter



Vos commentaires

  • Le 18 juillet 2012 à 04:29, par Kam Sié En réponse à : AFFAIRE « 475 HECTARES DE TERRAIN A KOUBRI »

    La vigilante population de Koubri a vite compris le jeu et c’est bien. Si on lit cet entretient on se rend compte que l’entreprise ne gagne rien, mais que c’est la commune et les locataires qui y gagnent ! Alors, merci d’être si gentille BTM. 
    On ne veut pas de votre gentillesse, nous ne voulons pas de vos réalisations immobilières.
    Drôle de gentillesse ! Souvenez vous du nageur qui oublie que quand il nage on voit son dos.

  • Le 18 juillet 2012 à 10:46 En réponse à : AFFAIRE « 475 HECTARES DE TERRAIN A KOUBRI »

    Si ce projet n’est pas réalisé, ce sera vraiment un gachis. Il ne faut pas que les querelles entre conseillers municipaux mettent en péril un projet aussi important, surtout au moment où la question du logement au Burkina est un casse-tête. Il faut qu’on comprenne que l’Etat ne peut pas tout faire et qu’il faut permettre au secteur privé de lui apporter un appui dans certains domaines. Je ne comprends pas pourquoi au moment où on crie à la vie chère, certains conseillers municipaux s’opposent à la réalisation de plus de 6000 logements sociaux. C’est vraiment domage. Après, on plaidra qu’il n’y a pas suffisamment de logements. Sacré Burkina.

    • Le 18 juillet 2012 à 15:57 En réponse à : AFFAIRE « 475 HECTARES DE TERRAIN A KOUBRI »

      salut chèr frère ! je te parle entant que fils de koubri ! il faut encore recherché le vraie problème qui se trouve a koubri d’abord ! si les fils et les filles de koubri refusent, ils savent pourquoi !! merci !! belle journée a toi !

  • Le 18 juillet 2012 à 15:37 En réponse à : AFFAIRE « 475 HECTARES DE TERRAIN A KOUBRI »

    A terme, cela signifie t’il que Ouaga s’étendra jusqu’à Koubri au Sud, Ziniaré au Nord, etc ? Dans 10 ans, on aura une ville dont le diamètre atteindra 100 km. Est-ce raisonnable en terme de milliers d’hectares de terre cultivable perdue, dégradation de l’environnement, etc. ? Koubri ne sera plus une commune rurale mais fera partie de la banlieue de Ouaga.

  • Le 18 juillet 2012 à 15:41, par Le surveillant En réponse à : AFFAIRE « 475 HECTARES DE TERRAIN A KOUBRI »

    Pour ce qui ont une bonne mémoire c’est le journal le repoerter qui avait soulever le soit disant lièvre des 475 hectares de Koubri. en son temps le journal avait fait de gros titres où il incriminait Mme Kaboré et le maire de koubri. Mieux le journal avait qualifié l’affaire de mafieuse et de scandaleuse. Si quelque mois plus tard le même journal revient avec une interview des plus tendre pour justifier l’importance du projet, c’est à ne rien comprendre. Il y a anguille sous roche et M Hervé d’Africk a coût sur nous cache quelque chose. tôt ou tard on le saura. Pendant plusieurs numéros le Reporter a vilipender Mme kaboré,le maire et même le gouvernement burkinabè. Mrs du Reporter les masques vont tomber et l’on saura.

  • Le 18 juillet 2012 à 16:37 En réponse à : AFFAIRE « 475 HECTARES DE TERRAIN A KOUBRI »

    Du courage à BTM pour son projet.
    Vraiment dommage que l’on est pas mis en place un bon mécanisme de tutelle pour suivre les maires.

    Un arrêté d’une telle importance devait être approuvé par le haut-commissaire ou le gouverneur avant signature. Ce mecanisme allait permettre de déceler les failles