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REFUGIÉS MALIENS DE GANDAFABOU : Le manque d’eau, une préoccupation récurrente

jeudi 28 juin 2012.

 

Au second jour de son séjour au Sahel, la caravane de presse a mis le cap sur le site des réfugiés de Gandafabou, dans la province de l’Oudalan, le 26 juin 2012. Dans cette localité, le manque d’eau est placé en tête des préoccupations. Les réfugiés réclament également de la viande et du lait, des denrées prisées chez eux, qu’ils ont du mal à trouver ici.

Gandafabou ou terre infertile en langue sonrhaï n’a pas volé son nom. L’eau y est une denrée rare et constitue naturellement la préoccupation majeure des réfugiés maliens qui s’y sont installés. L’accès au site est particulièrement difficile et l’on y parvient au prix de slaloms parfois dignes du Paris- Dakar, en raison d’une zone sablonneuse. De la dizaine de véhicules qui composaient le convoi des jounalistes, deux ou trois se sont immobilisés au passage d’un ravin de sable, mais ont été vite « libérés », grâce à l’assistance des forces de sécurité qui escortaient le groupe. Elles maîtrisent mieux le terrain, car elles sont quotidiennement sur le terrain pour des opérations ou patrouilles de sécurité.

A la différence du site de Mentao, Gandafabou se distingue par un calme étonnant. Dans ce silence presque de cimetière, le secrétaire général du comité de gestion du site, Mohamed El Moktar reçoit, entouré d’autres réfugiés, les journalistes.

Ce Touareg bon teint qui s’est présenté comme un administrateur logisticien de profession, dit avoir travaillé pendant 20 ans dans les ONG, dont le Comité international de la Croix-Rouge (CICR). Une vie de privilégié qui a basculé en vie de réfugiés, pour El Moktar qui estime a 5000, le nombre de ses compagnons d’infortune a Gandafabou. Ils y sont depuis le 5 février 2012 et selon le secrétaire général, des réfugiés continuent d’affluer, même s’ils ne sont plus en grand nombre comme au début. Les habitants du site sont répartis en 23 groupes, composés majoritairement de Touaregs, originaires, pour la plupart, de la région de Tombouctou. Les femmes sont estimées à 50 %, tandis que les enfants constituent 30% de la population réfugiée à Gandafabou.

Cette population est confrontée au problème d’eau, qui revient sur toutes les lèvres. Les femmes disent être soumises quotidiennement à des corvées d’eau pour les tâches ménagères. A l’image de la plupart des réfugiés touaregs au Burkina, ceux de Gandafabou ont la nostalgie de la viande séchée et du lait, qui correspondent beaucoup plus à leur habitude alimentaire, car le Programme alimentaire mondial (PAM) ravitaille le site en vivres, composés généralement de céréales et n’a pas dans ses attributions, de distribuer de la viande.

Solution improbable dans l’immédiat

Dans la région du Sahel déjà confrontée à une crise alimentaire et qui a vu aussi son bétail décimé, il n’est pas évident que le problème soulevé trouve solution dans l’immédiat. Ce manque est si grand que Mohamed Ali Ag Moktar qui était instituteur dans son village, dans la région de Tombouctou, envisage de retourner chez lui, pour voir son troupeau de bœufs et ramener si possible, quelques bêtes afin de résoudre un tant soit peu, le problème de lait et de viande. Ce manque est aussi ressenti chez les femmes. Entourée de plusieurs d’entre elles, dont elle est d’ailleurs la responsable, Fati Wellet Mohamed El Moktar rappelle avec une certaine peine, leurs conditions d’arrivée au Burkina. Elle explique que beaucoup ont franchi la frontière burkinabè à dos d’âne, de chameau ou en charrette. En plus des habitudes alimentaires déjà citées, les femmes disent avoir perdu aussi leurs activités de teinture et de couture qu’elles pratiquaient chez elles et plaident pour la reprise de ces occupations, même étant refugiées.

Au regard du problème d’eau, elles ont souhaité la réalisation de forages pour alléger leurs souffrances, et rappellent d’ailleurs que la construction de forages a été une des promesses qu’on leur a faites à leur arrivée. Les femmes réfugiées de Gandafabou pensent aussi au retour au Mali, dès que la paix reviendra. Mais, elles ne veulent pas retourner dans un Mali sous l’ancienne formule.

Elles militent ouvertement, pour la partition avec laquelle elles pensent être mieux à l’aise. Depuis la date d‘installation du site de Gandafabou, deux décès ont été enregistrés. Mais, il n’y pas que des évènements malheureux. Cinq naissances ont été enregistrées. L’histoire retiendra qu’ils ont vu le jour sur le sol burkinabè, dans un site de réfugiés.

Gabriel SAMA

Sidwaya