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Chasse à l’homme à Sari au Mali : Voir la borne frontalière sans l’enjamber

mardi 29 mai 2012.

 

L’affrontement entre les Dogons et les éleveurs peulhs au Mali qui a enregistré une centaine de morts, a fait l’objet de rencontre d’une mission conjointe à la frontière des deux pays. Le gouverneur de la région du Nord, Boukari Khalil Bara et celui de Mopti, Seïdou Toumani Camara sont allés évaluer la situation et rassurer les rescapés de leur sécurité en territoire burkinabè. A la date du dimanche 27 mai 2012, sept sites dans la commune rurale de Banh accueillent les rescapés au nombre de 1108. Voici la vie sur les sites d’accueil.

Ils sont plus de mille déplacés : hommes, femmes, jeunes et enfants dans la commune de Banh. Fuyant la furie de Sari, village malien situé à une quinzaine de kilomètres de la frontière. Groupés sous les hangars et à l’ombre des arbres, ils sont attentifs au moindre bruit. Les femmes et les jeunes filles s’isolent. La main au menton, elles portent des boucles d’oreille et des bagues brillantes au nez. Le corps chétif dans un boubou, le porte-parole des rescapés, Barry Guibrilou Mayo s’est adressé à la mission conjointe avec une émotion désespérée. La liste des biens pillés est longue à l’entendre.

A côté de lui, un autre Barry Assane, qui depuis son arrivée chez les hôtes n’a pu ouvrir la bouche pour s’adresser à quelqu’un. Père de vingt enfants avec six femmes, il affirme qu’ils sont tous tués par l’ennemi. Dans une démarche hésitante avec un regard en détresse, un jeune homme raconte le début de la scène macabre.
"L’autre camp, c’est-à-dire les Dogons nous interdisaient de puiser dans le puits du village. Un matin, un des nôtres est allé constater que la margelle du puits était fermée. C’est ainsi que suite à des injures, il a ouvert deux coups de feu sur eux. La situation a dégénéré plus tard et a touché tous les Peulhs habitant Sari ».

La situation est toujours instable

« La consternation est grande », a déploré le maire de Banh, Boukary Barry. " Je salue l’initiative prise pour que ces problèmes connaissent une solution aussi rapide pour que ces populations qui sont dans la nature puissent être réintégrées dans leurs droits », a suggéré le bourgmestre. Car, " c’est une communauté peulh du Mali, mais qui a des proches parents au Burkina ". La situation est toujours instable. Les gouverneurs des deux régions voisines ont rassuré les rescapés de leur soutien. Boukari Khalil Bara, face aux déplacés massifs a peint la situation d’accueil à son collègue du Mali. " Ceux qui sont en face de nous sont des administrés maliens en détresse. Il est de notre devoir en tant que pays ami et frère, de les accueillir et de les soutenir ".

A l’issue d’un recensement exhaustif effectué le 25 mai dernier par le Conseil provincial de secours d’urgence et de réhabilitation du Loroum, il ressort 1108 déplacés. Et leur sécurité pose problème dans la mesure où il y a des velléités belliqueuses qui se font entendre de Sari. « C’est une chasse à l’homme », ajoute le gouverneur. « Nous ne pouvons pas franchir la frontière pour aller porter secours à ses gens en détresse », poursuit-il.

Les autorités maliennes rassurent

« Notre déplacement à Sari est d’abord, a dit le gouverneur de Mopti, d’évaluer la situation sanglante survenue dans le village. » Des choses horribles, des crimes odieux, commis ont été commis par des Maliens sur d’autres Maliens. Et cela pour des raisons non-fondées. " Je voudrais rassurer nos compatriotes rescapés que nous sommes en train, dès ce dimanche 27 mai, de prendre toutes les mesures idoines pour chercher, arrêter et traduire tous les auteurs de ces crimes odieux. Il faudrait qu’ils soient soumis à toute la rigueur de la loi. Des travaux sont en cours pour permettre le retour de ces hommes et femmes. Leur retour dans les foyers et dans la dignité ", a-t-il rassuré. L’autorité malienne souhaite également dynamiser la coopération administrative transfrontalière. Avec un ton ferme, le gouverneur de Mopti a réaffirmé la volonté commune du peuple malien à s’inscrire constamment dans cette dynamique de régions complémentaires.

Un devoir pour les deux camps. Les populations doivent connaître une cohabitation paisible, d’interpénétration et d’échanges féconds. Celles vivant le long de la frontière commune méritent une protection de sécurité particulière. Dans une expression fraternelle, des condoléances ont été présentées aux familles endeuillées. Mais comment survivre sans nourriture ?

Le secours d’urgence

Avant de quitter le village de Djengué, le gouverneur de la région du Nord a rassuré les rescapés, de l’arrivée de vivres et du matériel de protection, offerts par le Conseil national de secours d’urgence (CONASUR). A Banh où nous sommes retournés, à 18 heures le camion dix tonnes estampillé CONASUR a fait son entrée dans la cour de la mairie. Le directeur régional de l’Action sociale qui supervise l’opération, va conduire avec le maire de Banh la distribution des vivres sur les sites. C’est un chargement composé de maïs, du riz, de l’huile, du savon, des ballons de friperies pour enfants et femmes et des lampes-torches. Malgré ce soutien, la rareté de l’eau rend la vie difficile.

L’eau, une ressource rare

À Djengué, il n’y a qu’un seul forage pour les habitants et les déplacés qui ne cessent d’arriver. Un puits d’une grande profondeur à telle enseigne que les dromadaires aident à tirer l’eau avec des bidons transformés pour la circonstance en puisards. Il faut bousculer fort pour se faire servir. Et quand on est étranger (un déplacé) ça se présente sous une autre forme et s’accepte difficilement. Il n’y a pas suffisamment d’eau pour les hommes n’en parlons pas d’animaux. Une ressource rare pour le village et l’école. Cela se remarque très facilement de part les effets d’habillement. L’hygiène est foutue à la porte et les maladies contagieuses ne tarderont pas à se déclarer. Les enfants seront encore les premières victimes. Déjà qu’ils sont déscolarisés.

Sur le plan éducatif

Les conditions d’éducation dans les villages d’accueil laissent à désirer. Deux enseignants pour quatre classes à Djengué. Chacun est chargé d’une classe dite multigrade. Le CM2 et le CM1 ensemble et de l’autre le CP1 et le CE1. Les deux classes font une, en dur inachevé. Mais, celle sous la paillote a déjà perdu son toit avec les premières pluies. Quant aux enfants des déplacés qui fréquentaient respectivement les écoles de Dinacrou et Bangfané au Mali, dont le nombre varie entre 40 à 50, ils sont dans la nature. Ce sera un défi pour les responsables de l’éducation de notre pays de pouvoir réintégrer ces enfants à l’école, quand on sait que l’éducation est la base de tout. Elle libère l’homme et constitue un fondement pour le développement et la paix entre les frontières.

Lassané DOGA

L’Express du Faso



Vos commentaires

  • Le 29 mai 2012 à 10:34, par NAZE En réponse à : Chasse à l’homme à Sari au Mali : Voir la borne frontalière sans l’enjamber

    Toutes mes félicitations au journaliste qui nous a fait vivre l’évènement.Cette situation est vraiment triste.Que Dieu protège l’Afrique.

  • Le 29 mai 2012 à 10:42, par torodo En réponse à : Chasse à l’homme à Sari au Mali : Voir la borne frontalière sans l’enjamber

    encore des massacres des pauvres bergers. Quand est ce que la nation peulhe comprendra que son salut est dans la scolarisation de ses enfants, dans son auto prise en charge(creuser leur propre puit et construire leurs écoles)avec les moyens dont elle dispose. errer dans le sahel et dans la savane à la recherche du paturage est une période révolue. les élites peulhes que font ils pour sensibiliser cette population ? Leur rencontre(Taabitan pulaaku)se résument à des parades(qui a porté le meilleur basin et les plus belles boucles d’oreilles, sans aboutir à des décisions sérieuses. Mes chers peulhs vous rencontrerez pendant longtemps encore de l’enfer devant vous avant que finalement, pointe à l’horizon le paradis. Toutes ces autorités se moquent de vous et font semblant de compatir à votre douleur. Ils diront dans leur fort intérieur :" c’est encore eux ; ils provoquent ; c’est bien fait pour leur gueules ; ils n’ont qu’à disparaitre".

    • Le 29 mai 2012 à 14:28, par albouri En réponse à : Chasse à l’homme à Sari au Mali : Voir la borne frontalière sans l’enjamber

      La question peulh demeure une équation à ressoudre si on ne veut pas que ce groupe ethnique qui se sent de plus en plus delaissé par les autorités ne prenne ses responsabilités.
      Il faut avoir le courage de le dire dire : Les peulhs sont victimes depuis la nuit des temps d’une marginalisation et une stigmatisation qui ne dit pas son nom. On les colle à tord ou à raison l’étiquette de peuple paresseux, bélliqueux, provocateur et grand corrupteur devant l’éternel.
      Sinon comment comprendre cette repression barbare et sauvage qui s’abat sur ce goupe ethnique (femmes, vieillards et enfants)dès qu’un peulh commet un acte répréhensible. Pourquoi les communautés réagissent-elles sur la base de la théorie selon laquelle ’’si ce n’est toi, c’est donc un des tiens’’. Je le dis haut et fort, c’est tout simplement sur la base d’un esprit génocidaire et un nettoyage ethnique que certaines populations réagissent dès qu’il y a un pétit différend qui les oppose aux peulhs. Et à nos autorités et autres journalistes de mettre cela sur le compte d’affrontemets entre agriculteurs et éleveurs. Nous avons encore à l’esprit les tristes massacres de Mangodara, Tiefora, Tiankoura, gogo. Que fait l’Etat pour reparer les torts et rendre justice ! Rien !
      Dans combien de villages au Burkina ces conflits couvent et que les bourreaux tapis dans l’ombre attendent le moment idéal pour se livrer à leur jeu favori c’est à dire massacrer sans pitié femmes, enfants et vieillards. Chaque année avec son lot de morts inutiles. Il est temps que cette haine vicérale que certains vouent aux peulhs cesse ! Si cela continue je vous assure que les peulhs se verrons dans l’obligation de constituer une armée pour faire face à ces génocidaires sans foi ni loi encouragés par certains. Trop c’est trop !

      • Le 29 mai 2012 à 16:39, par pillè faamudè En réponse à : Chasse à l’homme à Sari au Mali : Voir la borne frontalière sans l’enjamber

        ALBOURI JE SUIS D’ACCORD avec toi. Telement que les journalistes mêmes ne sont sont pas précis ils avaient parlé de conflit eleveurs agriculteurs comme si ces peulhs sont allés mettre leurs animaux dans les champs des dogons. Et voilà que nous venons d’avoir une autre version de quelqu’un qui a vecu la situation(rescapé) qui dit que tout est parti d’un puits commun du village. messieurs les journalistes, rassurez vous dès aujord’hui que ce n’est pas tout peulh qui est eleveur et ce n’est pas tout dogon ou autre ethnie qui est agriculteur. Pour me faire comprendre je voulais vous dire par là d’arreter de prendre tout de suite position lorsqu’on parles d’eleveurs et d’agriculteurs car il ya des cas ou c’est l’autre ethnie qui est eleveur et que le peulh agriculteur. si vous ne connaissez pas celà, vous pouvez vous rendre au grand sahel que vous avez aussi toujours confondu au désert constater.
        Il faut aussi que torodo sache que ce n’est pas parce que les peulhs n’aiment pas aller a l’ecole qu’ils souffrent dans certaines localités,combien ya t-il de rwandais,ethiopiens,somaliens,sud-africains,ivoiriens et même français et americains qui sont allés a l’ecole et qui souffrent présentement ailleur ou dans leurs propres pays ? En fait c’est la loi de la nature l’etranger souffre toujours vis a vis de l’authoctone c’est tout. Que tu soit peulhs, mossi, dogon,bambara ou autre en zone etrangère tu es exposé aux problèmes.

    • Le 29 mai 2012 à 16:51, par alafaabo En réponse à : Chasse à l’homme à Sari au Mali : Voir la borne frontalière sans l’enjamber

      torodo toi aussi tu es un peulh là ! tu me dis pas que ces peulhs se deplacent avec ces maisons en banco que je vois sur la photo là. sois précis en parlant de errer à la recherche du paturage comme si c’est uniquement ce qu’eux tous ils font.

  • Le 29 mai 2012 à 17:50, par Vif En réponse à : Chasse à l’homme à Sari au Mali : Voir la borne frontalière sans l’enjamber

    Justement votre problème vous parlez trop et agissez peu ! Regardez comment les touaregs, vos cousins de sang (je ne vois pas de différence morphotypique ou professionnelle entre un vrai peulh et un touareg) ont pris leurs responsabilité devant l’histoire au Mali et réduit tous ses vaniteux bambaras et autres prétentieux descendants de Soundiata Keita à leur plus simple et réelle expression càd rien ! Si les peulhs veulent survivre aussi bien (et surtout au BF) comme ailleurs en Afrique il faut qu’ils s’organisent patiemment, discrètement mais surtout résolument et il ne faut en aucun cas hésiter à s’armer militairement et à répliquer de façon singlante à toute attaque à fondement ethno-sectariste ;
    Tout le reste n’est que geignement et pleurnichement des élites d’un peuple qui joue encore le martyr juif en Afrique de l’ouest et tant pis pour vous !

  • Le 29 mai 2012 à 18:18, par Aboudra En réponse à : Chasse à l’homme à Sari au Mali : Voir la borne frontalière sans l’enjamber

    C’est vraiement deplorable cette situation que nous condamnons tous. Cependant, pour repondre à albouri, pourquoi c’est la communauté peulh qui tout temps victime ? Moi j’ose croire que ce peuple n’est pas marginalisé pour rien. Ils (les peulhs ) doivent posseder en eux les germes des attributs que certains de leurs cohabitants les collent : le zèle, la fièrté de soi, le manque de considération pour les autres peuples, le refus de s’integrer aux autres peuples, la ruse extreme, le nomadisme, le refus de l’éducation, le choix de l’isolement. Tous ces comportements et pratiques font que les autres les qualifient de mauvais esprits, avec lesquels la cohabitation semblent difficile. Sinon pourquoi à Passakongo( aux environs de Dédougou) leurs parents à plaisantérie les bwaba, ont été obligé de les chasser tous de village ? Mais peut-on obliger un peuple à s’intégrer aux autres peuples et à s’ouvrir à l’éducation ? Un peuple très conservateur qui refuse le mariage avec d’autres ethnies ?
    NB : je suis un de leur parent à plaisantérie poutant.

    • Le 29 mai 2012 à 20:46, par be baawa En réponse à : Chasse à l’homme à Sari au Mali : Voir la borne frontalière sans l’enjamber

      ABOUDRA je te dirai encore que les peulhs ne sont pas marginalisés parce qu’ils n’aimes pas l’ecole mais c’est parce qu’un etranger a toujours des problèmes vis a vis de l’autochtone c’est tout. si tu a remarqué, dans toutes les localités ou ils ont été victimes de brimades ce sont eux les etrangers. Si je me fait comprendre, il est plus facile de voir un peulh instruit qu’un dogon ou un bôbô instruit, la preuve en est que les peulhs double en nombre ces dogon et bôbô unis a l’echelle mondiale.Alors c’est parce ces peulhs qui ont été victimes ce sont deplacer aller dans les localité de ces barbars. Avez vous déja entendu que les dogons, bôbô ou autres ethnies ont massacré les populations de dori,gorom-gorom,djibo ou sebba ?
      Donc je dirai simplement que les peulhs doivent aimer l’ecole certe, mais il faudra qu’ils se sedentarisent et developpent leures localités.

  • Le 29 mai 2012 à 18:38 En réponse à : Chasse à l’homme à Sari au Mali : Voir la borne frontalière sans l’enjamber

    devant un tel drame je trouve que nos autorités au plus haut niveau ne se sont pas montrées à la hauteur parceque je me rappelle qu’à guénon où le chef de village a fait massacré 11 personnes,on a vu 3 ministres qui sont allés faire allégeance au criminel et là il y a plus de 100 morts,des blessés,un millier de déplacés mais excusez-moi c’est un simple gouverneur qu’on envoie de démerder au front. à dire que les morts ne se valent pas car la vraie raison de ce mépris c’est qu’à guénon,la population constitue un bétail électoral alors que pour ce cas dramatique et humanitaire,les kits biométriques n’arrivent pas dans ces zones et donc nos autorités s’en fichent presque,ils n’ont rien à cirer.
    c’est dommage d’autant que nos autorités ont manqué surtout de flair politique car c’était l’occasion de montrer à la bande de sanogo que le gouvernement intérimaire de modibo diarra était le seul interlocuteur reconnu. donc j’aurai aimé à la place de ces 2 pauvres gouverneurs,les 2 premiers ministres des 2 pays. c’est raté

  • Le 29 mai 2012 à 18:49, par Pendo En réponse à : Chasse à l’homme à Sari au Mali : Voir la borne frontalière sans l’enjamber

    Tant que cette communauté ne va pas cherché a se sédentariser a scolariser ses enfants et surtout a s unir elle risque fort de disparaitre parce que victime de marginalisation et de jalousie injustifié. Ce sont de telle acte qui font que l Afrique est miné de guerre et e génocide.Que les autorités des pays assument leurs responsabilités oubien ils seront comptable de ce qui adviendra.