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CÉLÉBRATION DE LA JOURNÉE DE L’AFRIQUE : Message du ministre des Affaires étrangères, Djibrill Bassolé

vendredi 25 mai 2012.

 

Le message ci-dessous que nous vous livrons en intégralité est du ministre burkinabè des Affaires étrangère et de la Coopération régionale, Djibrill Bassolé, livré dans le cadre de la célébration de la Journée de l’Afrique.
Ce jour 25 mai 2012, le Burkina Faso, à l’instar de tous les peuples d’Afrique, célèbre le 49ème anniversaire de l’Organisation de l’Unité Africaine (1963), devenue l’Union Africaine en 2002.
En ce moment de communion, de partage et de souvenir, le Burkina Faso voudrait réaffirmer son adhésion aux idéaux d’unité, de paix, de liberté, d’intégration et de développement qui ont été au cœur des actions de notre Organisation durant les cinq dernières décennies. Aujourd’hui, l’Afrique continue d’être confrontée à de nombreux défis, avec cependant des lueurs d’espoir en matière de croissance économique.

C’est dans un contexte difficile que l’Afrique célèbre cet anniversaire. La crise politico-militaire au Mali, l’échec du processus électoral en Guinée-Bissau, le regain de tensions entre le Soudan et le Soudan du Sud, et entre l’Ethiopie et l’Erythrée, l’instabilité chronique en Somalie, la situation politique et sécuritaire toujours fragile en Egypte et en Lybie, l’insécurité alimentaire dans le Sahel, ainsi que la difficile prise en charge des réfugiés sur le Continent sont autant de défis majeurs qui interpellent dans l’urgence les africains que nous sommes.

Fort heureusement, la détermination de nos Etats à y faire face à travers les actions concertées déployées aux niveaux régional, sous-régional et en collaboration avec les partenaires internationaux du continent, n’a en aucun moment failli. Dans un tel contexte, il convient de souligner le rôle-clé de la CEDEAO dans le rétablissement de l’ordre constitutionnel au Mali, les initiatives en cours pour la restauration de son intégrité territoriale, les efforts déployés suite à la crise postélectorale suivie du coup d’Etat en Guinée-Bissau. En collaboration avec l’UEMOA, la CEDEAO a apporté un appui aux Etats de la région dans la gestion des flux de réfugiés maliens et de la crise alimentaire dans le Sahel. Dans la même dynamique, l’Union Africaine, les Etats membres de l’IGAD (l’autorité intergouvernementale sur le développement), continuent également de déployer d’importants efforts pour la paix entre les deux Soudan, la stabilisation de la Somalie, le processus de paix entre l’Erythrée et l’Ethiopie.

Ces actions fortes, l’Afrique doit s’en féliciter et consolider ses acquis dans les domaines de la paix, de la sécurité, de la stabilité et de l’intégration des peuples.
Cette mobilisation de l’Union Africaine et des Communautés sous-régionales témoigne de la volonté politique des Etats africains de prendre leur destin en main avec le soutien de la communauté internationale. C’est dans ce sens qu’il faut comprendre la décision des chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Union Africaine de faire de l’année 2012, une année de la promotion du commerce intra-africain. Aussi, avaient-ils placé la 18ème Session de leur Conférence, en janvier 2012, sous le thème « Promouvoir le Commerce intra-africain pour un développement durable ».

C’est dire tout l’intérêt et l’importance que le continent entend accorder aux échanges commerciaux entre les Etats africains, dans une conjoncture internationale marquée par la crise économique mondiale. Au Burkina Faso, nous avons décidé de marquer la commémoration du 49ème anniversaire de l’Union Africaine par l’organisation d’une conférence ce 25 mai 2012, sur le thème « Promouvoir le commerce intra-africain : enjeux, défis et perspectives ». Véritable outil de développement, le commerce est également un instrument catalyseur de l’intégration des peuples. Notre Organisation commune, l’Union Africaine, en a fait un axe majeur pour la réalisation de l’intégration économique, politique, sociale et culturelle du continent qui s’est résolument engagé sur la voie du progrès.

En effet, l’Afrique a très vite pris conscience de la nécessité de se doter d’instruments pour la réalisation de l’intégration économique de ses Etats. Cela s’est matérialisé à travers le Traité d’Abuja, qui accorde une part importante au libre échange. Cette volonté affichée par nos Etats continue de se manifester aujourd’hui par l’adoption du Programme pour le Développement des Infrastructures en Afrique (PIDA), le regroupement de certains blocs régionaux (COMESA-CAE-SADC) en une seule zone de libre échange.

Les efforts aujourd’hui doivent se concentrer sur le renforcement des acquis à travers le développement des capacités de nos entreprises et la diversification de la production en vue de l’édification d’un marché régional véritable. Cela passera par une meilleure harmonisation des textes règlementaires et le développement des infrastructures, qui sont au cœur de l’agenda de l’intégration continentale.
L’Afrique est par excellence un continent d’opportunités et de croissance au regard de l’énorme potentiel qu’il offre pour les investissements et en tant que destination de choix pour les capitaux internationaux. L’illustration est donnée par les flux d’investissements directs étrangers en Afrique.

Ils sont passés, au cours de la dernière décennie, de 9 milliards de dollars en 2000 à 62 milliards de dollars en 2009, progression qui devrait se maintenir dans les années à venir. Cette évolution, signe d’une confiance retrouvée, est le résultat d’une volonté politique constante, de l’amélioration de la gestion macroéconomique, des progrès réalisés dans la gouvernance et dans les réformes institutionnelles en cours sur le continent.

Une nouvelle « géographie » de la croissance est donc en train de se dessiner dans le monde. Un consensus de plus en plus large se dégage sur le décollage économique que l’Afrique est sur le point d’opérer, la positionnant ainsi, dans un proche avenir, comme la locomotive qui tirera la croissance mondiale. Cette opportunité, il appartient à l’Afrique de la saisir en renforçant davantage les dispositifs institutionnels existants, en assurant la stabilité politique, la promotion de normes des investissements attractives, le développement du capital humain et des infrastructures, le tout dans une dynamique d’intégration régionale à même de favoriser l’essor du commerce intra-africain.

La transformation de l’OUA en Union Africaine en 2000 et l’adoption d’un Plan stratégique depuis 2009 constituent des avancées qualitatives. Elles ont permis à l’Afrique de s’affirmer davantage dans les instances internationales, de devenir un acteur plus crédible et mieux respecté. En témoigne le nombre croissant des partenariats stratégiques avec le reste du monde, notamment avec l’Union Européenne, l’Amérique du Sud, l’Inde, la Corée du Sud, les Etats-Unis d’Amérique, la Chine, le Japon et la Turquie. Cela est le signe d’une Afrique qui s’intègre de façon progressive et harmonieuse dans la gouvernance économique et politique mondiale.

Vive l’intégration régionale !
Vive l’Unité africaine !
Vive l’Union Africaine !