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AFFAIRE FOLEMBRAY : Un expulsé algérien dénonce "un acharnement " contre sa personne

jeudi 10 mai 2012.

 

Naami Soufiane, l’un des expulsés algériens suite à "l’affaire Folembray" , a animé un point de presse, le mardi 8 mai 2012 à Ouagadougou. A travers la rencontre, il a porté à la connaissance de l’opinion nationale et internationale, sa situation depuis son expulsion de la France, il y a de cela 18 ans.

En août 1994, vingt algériens accusés d’être les " complices de terroristes" ont été expulsés manu militari de la France vers le Burkina Faso. Naami Soufiane, l’un d’eux, a animé un point de presse sur le thème : " Justice pour les expulsés de Folembray, otages administratifs gardés au Burkina Faso depuis 18 ans. Algériens raflés et déportés par la France... 18 ans d’injustice et d’arbitraire, ça suffit ! Halte au terrorisme administratif de la DCRI", le mardi 8 mai 2012 à Ouagadougou. Selon lui, ladite expulsion qui est en réalité une déportation ne s’est pas faite dans les règles de l’art car les mis en cause n’ont jamais été poursuivis ni condamnés par la justice française. Et le conférencier d’ajouter que leur malheur vient de ce constat amer.

A l’entendre, "cette affaire a été montée de toutes pièces par le ministre de l’Intérieur de la France en poste au moment des faits, seulement pour des visées électorales ". Il a ajouté que six des expulsés y compris lui, sont encore au "pays des Hommes intègres" et les autres ont pu s’installer en Grande-Bretagne ou ailleurs en Europe. M. Soufiane a reconnu que pour ce qui concerne son cas, le litige a eu un dénouement heureux du fait de l’abrogation définitive en 2007, de l’arrêté d’expulsion à son encontre.

Cependant, il a souligné que paradoxalement, le consulat français au Burkina lui refuse le visa pour les mêmes arguments jugés invalides par des tribunaux de la " Patrie des droits de l’homme ". Ce qui fait dire à Soufiane que tout dans cette histoire est absurde et ridicule. "Ce problème n’est pas uniquement judiciaire mais étatique. La délivrance de mon visa relève d’une volonté politique. C’est un problème facile à régler. Si les autorités françaises le veulent, elles le feront", s’est -il plaint. De ses dires, las de se voir refuser le précieux sésame, il a introduit une demande d’ audience avec l’ambassadeur.
"Le jeudi 19 avril dernier, je me suis rendu au consulat pour voir l’évolution de mon dossier mais je me suis vu refuser l’accès du bâtiment. Le lendemain, je m’ y suis à nouveau rendu et j’ai eu une altercation avec un ressortissant français se présentant comme un chargé de sécurité. Celui-ci m’a traité de tous les noms et m’a même menacé de mort", s’est indigné le conférencier. Il a dit que cet acharnement contre sa personne est l’œuvre de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) de l’Hexagone. Pour M. Soufiane, tout se passe comme si ses détracteurs veulent le diriger sur un seul chemin, " celui du terrorisme".

En outre, il a fait savoir que son désir de vouloir se rendre en France n’est pas motivé par le fait que ce pays soit un eldorado mais plutôt pour des raisons familiales car son père, sa mère et ses frères y résident. A la question de savoir si l’élection de François Hollande va avoir un impact sur le déroulement de "l’affaire Folembray" , M. Soufiane a donné une réponse sans ambiguïté : " Ce n’est pas sûr que cela aboutisse. La gauche française a déjà dirigé le pays mais notre situation à l’époque n’avait guère évolué". De même, à l’en croire, son combat est celui de la lutte d’un homme qui doit restaurer sa dignité entachée par une fausse accusation, celle de terrorisme d’où son refus de se taire.

Nestor BAKI

Le Pays



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