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Conférence sur « Les Echecs scolaires » : « TOP Project » fait le diagnostic avec Kilachiu Laurent Bado

jeudi 19 avril 2012.

 

« Les échecs scolaires : causes et solutions », c’est autour de ce thème que l’association « TOP Project » a tenu une conférence publique le samedi 14 avril 2012 au Conseil burkinabè des chargeurs (CBC). Présidée par le ministre des enseignements secondaire et supérieur, le Pr. Moussa Ouattara et animée par l’enseignant de l’Université Kilachiu Laurent Bado, l’activité a mobilisé de nombreux acteurs du monde de l’éducation.

« Tout le monde reconnaît l’importance de l’éducation », introduit le conférencier Kilachiu Laurent Bado qui situe l’importance de l’éducation dans les OMD (Objectifs du millénaire pour le développement). Il note les efforts de scolarisation estimés aux taux de 33% en 1992-1993 à 76% en 2009-2010. Revisitant le PDDEB (Plan décennal de développement de l’éducation de base), le Professeur (Pr.) a affirmé que les tribunes des ambitions du gouvernement sont extraordinaires mais les résultats sont en-deça de ceux de départ. A la volonté d’offrir une éducation quantitative, fait défaut un accompagnement de qualité. « Notre système éducatif est une référence de médiocrité », s’insurge l’enseignant de droit administratif à l’Université Ouaga II.

A l’en croire, les causes « majeures » des échecs sont la dégradation du statut social de l’enseignant (qui prendrait sa source dans la période révolutionnaire avec les méthodes de recrutement en masses d’enseignants sans qualification). A cela, il ajoute un certain nombre de mesures qui font de l’enfant, un « vieux né » sous le « design » des droits de l’enfant. C’est l’exemple de la suppression du fouet à l’école. « Dès que je serai président du Faso, je restitue le fouet en classe », promet-il. La deuxième cause « flagrante » soulevée par Laurent Bado est ce qu’il a nommé « le laxisme dans le contrôle des établissements privés et la prévalence de l’enseignement général sur l’enseignement technique ». Il avoue également être « choqué » de constater que l’enseignement soit devenu une activité à but lucratif.

« Les établissements s’ouvrent de nos jours comme des boutiques », soutient-il. Selon le conférencier, on ne peut pas arriver à l’excellence si l’Etat ne contrôle pas l’enseignement privé (voire public). « Si l’enfant ne réussit pas dans l’enseignement général et qu’on ne lui ouvre pas une porte pour se former professionnellement, c’est un échec de sa vie », relève-t-il. L’autre cause importante de l’échec que retient le Pr. Bado est la pauvreté des parents. « Un enfant qui ne mange pas le matin et qui baille ne peut rien apprendre », affirme-t-il. A ces causes qu’il qualifie de « causes élégantes » (pour dire qu’il y a bien d’autres), il ajoute volontiers la paresse des enfants et l’influence des jeux et des loisirs. En outre, « l’irresponsabilité des parents » est indexée par Kilachiu Laurent Bado pour qui nombre de parents pensent que mettre au monde un enfant est déjà une chance pour ce dernier. Il note l’urgence à trouver des solutions à cette situation qui ne fait que « fabriquer » des ressources humaines en rabais.

Comment venir à bout de la « gangrène » ?

« Il faut reformer le système éducatif et revoir le statut de l’enseignant », préconise le conférencier. A en croire l’orateur, il n’y a pas de demi-mesure, il faut revoir le statut de l’enseignant, « premier fonctionnaire dont l’Etat africain a besoin. Le passage de la tradition à la modernité étant obligé pour loger l’Afrique dans la marche du monde… Or, c’est l’enseignant qui joue ce rôle de transition ». Il déplore le « traitement » qui est fait à l’enseignant de « nos jours » avant de voir dans le système actuel une grosse machine à fabriquer des chômeurs, des tricheurs. Le Pr. dit avoir sa petite idée qu’il compte mettre en application à partir de 2015 (date de la prochaine élection présidentielle qui, selon lui, le portera à la magistrature suprême). D’ores et déjà, il confie que certaines de ses idées en la matière « ont été volées par le gouvernement mais malheureusement mal appliquées ».

Une autre solution de « taille » qu’il propose est le contrôle de la démographie. « La croissance démographique est une ruine », appuie-t-il avant de donner un aperçu de ce qui pourrait être une de ses solutions à partir de 2015 : « Par exemple, je dirais que les 4 premiers enfants de chaque couple sont pris en charge côté scolarité et santé. Le reste, je m’en fout ! ». Tout cela, conclut-il, est une question de volonté réelle des décideurs africains de donner à l’éducation, toute la qualité requise. L’importance du thème, qui a mobilisé divers acteurs, a suscité de nombreuses réactions comme cette proposition d’instituer la « cantine scolaire obligatoire » en complicité avec les décideurs, les parents d’élèves et les partenaires.

Présidée par le ministre des enseignements secondaire et supérieur, le Pr. Moussa Ouattara, cette conférence a été organisée par l’association dénommée « TOP Project ». Créée par de jeunes burkinabè résidents et vivant aux Etats-Unis, et reconnue officiellement en novembre 2010, TOP Project a pour ambition, selon son premier responsable Aboubakari OUEDRAOGO, d’instaurer une quête permanente d’excellence au sein des élèves et étudiants du Burkina Faso. Entre autres moyens d’actions, le « Tutoring » entendu ici comme un appui scolaire aux élèves et aux étudiants dans leur cursus.

Hosni Ben Hamed OUEDRAOGO

Pour Lefaso.net



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