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Ecole de santé privée Louis Pasteur de Koudougou : Une éventuelle fermeture angoisse les 147 élèves

mercredi 7 mars 2012.

 

Le 4 octobre 2010 s’ouvrait à Koudougou, une école de santé privée dénommée ‘’Louis Pasteur’’. Son ouverture a suscité beaucoup d’enthousiasme auprès des parents d’élèves et des élèves de cette école. Deux ans après, l’heure est partagée entre regret et espoir. Regret, parce que jusqu’à présent, l’école n’a pas encore obtenu son autorisation d’ouverture, devant consacrer sa reconnaissance par le ministère de la Santé. Espoir, parce que le fondateur, Vincent de Paul Kiemdé, dit se battre de toute son énergie pour obtenir ce sésame précieux.

C’est dans un souci d’apporter sa contribution à la formation d’un personnel de santé qualifié que Paul Kiemdé, intendant universitaire de formation, a eu l’idée d’ouvrir une école de santé privée à Koudougou, sa ville natale. En 2010, l’école privée de santé Louis Pasteur est portée sur les fonts baptismaux. C’est précisément le 4 octobre 2010 que l’école démarre ses activités avec le recrutement de la première promotion. Les filières ouvertes sont celles de infirmier et sage-femme d’Etat, infirmier breveté, agent itinérant de santé et accoucheuse auxiliaire. En principe, les élèves des filières dont la formation est de deux ans sortent cette année 2012, en juillet-août. Mais voilà que l’école est aujourd’hui sous les menaces du ministère en charge de la Santé et celui des Enseignements secondaire et supérieur de fermeture.

Sur place à Koudougou, le climat est délétère, si bien que le fondateur et les élèves sont à couteaux tirés. Mais que se passe t-il réellement ? Selon le fondateur de l’école Vincent de Paul Kiemdé, il est à son quatrième dossier de demande d’ouverture, sans succès. Entre autres raisons avancées, selon Vincent de Paul Kiemdé, son dossier avait été rejeté dans un premier temps, parce qu’il devait être adressé au ministre en charge des Enseignements secondaire et supérieur et non à celui de la Santé. Dans un deuxième temps, on lui aurait été signifié de surseoir à son projet car les écoles de santé existantes au Burkina Faso sont suffisantes pour couvrir les besoins du pays en personnel de santé. Le directeur régional la de Santé du Centre-Ouest par qui les demandes transitent pour Ouagadougou dit avoir reçu la demande de M. Kiemdé plusieurs mois après l’ouverture de l’école.

C’est en ce moment que lui-même, premier responsable de la santé dans la région a su qu’il existe une école privée de santé à Koudougou. « Mais comme la demande ne m’était pas adressée, je l’ai administrativement appréciée et transmise à Ouagadougou » a précisé Dr Robert Kargougou. A ce sujet, le fondateur dit avoir commencé les cours parce qu’il avait foi que son dossier allait passer comme une lettre à la poste. Mais après une première année, il lui fut signifié de fermer son école. « Pire, non seulement il n’a pas fermé, mais il a de nouveau, recruté », a soutenu la directrice régionale des Enseignements secondaire et supérieur, lors d’une rencontre avec le gouverneur, au cours de laquelle la question avait été évoquée. Aujourd’hui, l’école totalise cent quarante-sept (147) élèves, toutes filières confondues.

Les conditions exigées

Du côté des autorités en charge de la question, il n’y a pas de raison qu’on refuse de délivrer une autorisation d’ouverture à M. Kiemdé, pour peu qu’il remplisse les conditions exigées. Il s’agit de disposer de salles de cours adéquates, d’un laboratoire de travaux pratiques, d’enseignants permanents et vacataires, pour une bonne formation des élèves. M. Kiemdé ne dispose pas de ces outils préalables, selon les autorités. Deux sites loués dans deux secteurs différents de la ville servent pour le moment, de salles de cours aux élèves. Au secteur N°8 de la ville de Koudougou, juste derrière l’université, se dresse un bâtiment R+2 en chantier, comportant à chaque niveau, quatre salles spacieuses d’une capacité de près quatre vingt places. C’est ce que M. Kiemdé nous a présenté comme étant le futur siège de son école. Et les élèves y aménageront, dès la rentrée prochaine.

« Faux », rétorquent des élèves, pour qui ce bâtiment appartiendrait à un parent du fondateur, en l’occurrence Anatole Yaméogo, fondateur du lycée Newton. Courant janvier, une inspection conjointe des ministères de la Santé et des Enseignements est venue à Koudougou, afin de constater de visu les réalités du terrain. Et selon les autorités sur place (gouverneur, directeur régional de la Santé et enseignement secondaire), le fondateur de l’école de Santé Louis Pasteur a usé de subterfuges pour ne pas rencontrer les inspecteurs comme ceux-ci l’avaient laisser souhaité. Les inspecteurs auraient reçu des appels anonymes les menaçant, durant leur séjour à Koudougou M. Kiemdé s’insurge contre ces allégations. Il nous a indiqué qu’avec les inspecteurs, il a eu une séance de travail de 16 heures jusqu’aux environs de 20 heures.

Face à cette situation qui a semé le désarroi au sein des élèves, leurs responsables désignés, (puisqu’ils n’ont pas été autorisés par le fondateur à former un bureau) se sont présentés au service régional de Sidwaya à Koudougou pour raconter ce qu’ils vivent présentement. Selon Pascal Ouédraogo, élève-infirmier d’Etat de deuxième année, l’ensemble des élèves éprouve de sérieuses difficultés avec leurs parents qui ont consenti d’énormes sommes d’argent, pour les inscrire. Aussi, des femmes mariées qui ont supplié leurs maris de les inscrire seraient aujourd’hui, sommées de savoir où aller si l’école venait à être fermée. La scolarité à l’école de santé privée Louis Pasteur est de 275 000 FCFA pour les accoucheuses et les AIS de première année, et de 325 000 FCFA pour ceux, de deuxième année.

Pour les infirmiers brevetés, ceux de la première année payent 325 000 FCFA, tandis que leurs aînés de deuxième année payent 375 000 FCFA. Quant aux infirmiers diplômés et sages-femmes d’Etat, la première année coûte 375 000 FCFA et la deuxième année, 425 000 FCFA. A ces montants fixes, s’ajoutent les dépenses connexes qui, parfois, dépassent la scolarité. « Nos vies sont en train de basculer, car aucun parent n’est disposé encore à payer, si l’école venait à être fermée », a dit Pascal Ouédraogo. Le fondateur quant à lui, persiste et signe quant à la viabilité de son école. Pourtant depuis le 24 janvier, date de la venue des inspecteurs, les cours ont pris un sérieux coup. Aux dernières nouvelles, les cours ont repris en cette fin de mois de février, mais les élèves refusent de faire les devoirs, car ayant pour le moment, de profonds bouleversements.

Du côté de l’école, cela relève du pur mensonge, car les cours continuent d’être dispensés et les devoirs administrés. Pour le fondateur, seuls ceux qui ne veulent rien faire escamatent les devoirs. Vrai ou faux ? Toujours est-il que le jeudi 23 février, une centaine d’élèves était réunie dans l’enceinte d’un des sites servant de cadre aux cours pour parler de leurs préoccupations du moment. Selon les élèves, ils se sont inscrits, parce qu’ils croyaient que l’école était en règle vis-à-vis de l’administration. C’est maintenant qu’ils se rendent compte que l’école fonctionne dans l’illégalité. Au total, huit lettres de fermeture ont déjà été adressées au fondateur qui, jusque-là, n’a pas obtempéré. Mais le plus dur reste à venir, car les diplômes sont signés du ministre de la Santé. Que fera M. Kiemdé face à un ministère qui ne reconnaît pas son école ? C’est là toute la préoccupation des élèves : finir la formation sans diplôme.

Leur souhait actuellement, c’est de pouvoir rencontrer M. Kiemdé pour discuter, carte sur table, de l’avenir de l’école. M. Kiemdé qui dit ne pas reconnaître l’existence d’un bureau des élèves refuse de les rencontrer et préfère les appeler individuellement au téléphone, précisément les leaders du groupe. Ces derniers refusent catégoriquement, de le rencontrer, tant que ce ne sera pas en présence de tous les élèves. C’est ainsi que, malgré cette situation si préoccupante, il n’y a point de dialogue entre le fondateur et les élèves.

A l’étape actuelle de l’évolution de la situation, c’est cette question que se posent de nombreux citoyens, les parents d’élèves et les élèves eux-mêmes. Conscient du danger encouru, Vincent de Paul Kiemdé a sollicité l’intervention des coutumiers et des religieux de la ville de Koudougou auprès des autorités, afin que l’école ne soit pas fermée. C’est dans ce cadre que quatre chefs coutumiers et un proche de Lallé Naba Sanem ont été envoyés par sa majesté chez le gouverneur afin de lui demander la clémence et la compréhension des autorités. Le gouverneur, a salué la démarche des coutumiers. Il a cependant, déploré le fait qu’il s’agit là d’une école de santé, et qu’en matière de santé, il n’ y a pas d’arrangement. Du reste, en tant que gouverneur il n’est pas associé au traitement du dossier, puisqu’il s’agit là d’un dossier purement technique. « Notre souhait est que le dossier aboutisse, pour le bonheur de nos enfants qui se sont déjà inscrits dans cette école », a soutenu le gouverneur Komyaba Pascal Sawadogo. Le fondateur a lui-même affirme avoir sollicité oralement le soutien le Premier ministre Luc Adolphe Tiao, lors de son séjour en août 2011 à Koudougou, puis par lettre écrite en date du 3 février 2012, afin de solliciter son appui pour l’aboutissement de son dossier.

François KABORE

Sidwaya



Vos commentaires

  • Le 7 mars 2012 à 11:01, par S. A. Diallo En réponse à : Ecole de santé privée Louis Pasteur de Koudougou : Une éventuelle fermeture angoisse les 147 élèves

    Notre Faso est vraiment un far west moderne : comment après 8 mises en demeure d’arrêter la soit disante école continue de défier l’autorité de l’état. Les parents d’élèves ne cherchent pas à vérifier si l’établissement à les autorisations et se précipitent comme des moutons pour se faire gruger par un affairiste qui cherche à s’enrichir.
    Ce qui m’étonne le plus c’est l’attitude du Gouverneur qui n’a pris aucune initiative pour attirer l’attention des parents sur l’illégalité de ladite école : un simple communiqué à la radio aurait pu éviter que des élèves se retrouvent dans cette situation regrettable. L’état doit être ferme avec ce monsieur qui se croit au dessus de la loi.

  • Le 7 mars 2012 à 12:39, par malvoyant En réponse à : Ecole de santé privée Louis Pasteur de Koudougou : Une éventuelle fermeture angoisse les 147 élèves

    Au Burkina tout le monde veut fonder son école. Je pense que les personnes comme ce monsieur sont des escrocs. Comment ne pas avoir tes documents officiels et effectuer l’ouverture de ton école. On ne met jamais la charrue avant les boeufs.
    J’ai aussi un cas à Toma où une école de formation des enseignants du primaire avait été ouverte. De nos jours tous les élèves qui y étaient sont rentré sans aucun diplôme.
    Pour ma part avant l’ouverture il faut d’abord les documents d’autorisation car ces soit disant fondateurs ont toujours le même argument :"un tel m’empêche d’obtenir mes documents."
    Ce sont des escrocs qu’on doit poursuivre en justice et les condamnés car ils se font des millions sur le dos de nos papas qui sont soucieux de notre avenir.
    Pour les poursuites en justice, il ne faut pas ignorer les lycées,les écoles primaires et les garderies.

    Bien !!!

  • Le 7 mars 2012 à 13:47, par avocat des pauvres En réponse à : Ecole de santé privée Louis Pasteur de Koudougou : Une éventuelle fermeture angoisse les 147 élèves

    honnetement je suis decu de lire ce message.dabord le fondateur comment pouvez vouz recrutez sans etre en regle ?je crois qu’il ya manisfestement mauvaise fois de ce dernier ;il connait bien les regles puisquil est passé par l’enam.si vous imaginez la souffrance des parents vous devriez avoir pitie de faire ces genres de choses.AU DR il a certainement entendu le communique pour le recrutement ?pourquoi ne pas saisir la justice pour annulé ?sincerement ,il faut que les gens changent

  • Le 7 mars 2012 à 16:53, par bouteille cassee En réponse à : Ecole de santé privée Louis Pasteur de Koudougou : Une éventuelle fermeture angoisse les 147 élèves

    Je peux comprendre que ce dernier ne soit pas en regle, mais que le gouvernement dise qu’il y a suffisamment d’ecoles de santes dans le Burkina, c’est deplorable. Que signifie la decentralisation dans ce cas ? Levons plutot l’equivoque et non des sentiments personnels de regionalisme. Que veront les fils de Koudougou dans ces genres de declaration ? Arretons ces genres de propos. Mr Kiemde ne doit en aucun cas ouvrir un etablissement public de surcroit la sante sans avoir au prealable une autorisation. Cela se condamne, et je suis d’avis. Quant au gouverneur de dire qu’il n’est pas technicien, je me pose souvent la question a savoir comment le gouvernement peut nommer des cadres qui ne reflichent pas avant de sortir des propos. Il aurait tout simplement declare de soumettre les doleances au plus haut niveau a la place de je ne suis pas technicien en la matiere. Mr Kiemde, vous ferrez mieux de repartir sur de bonnes bases en allant rencontrer les responsables presents du ministere en question, accepter votre erreur, vous excuser. Je suis sur que comme ca, vous pourrez aller de l’avant et non un affront aux premiers responsables de ce pays. Ne rallumez pas une autre breche. Le pays est deja mouvemente. Bon boulot lefaso.net.

  • Le 8 mars 2012 à 23:40 En réponse à : Ecole de santé privée Louis Pasteur de Koudougou : Une éventuelle fermeture angoisse les 147 élèves

    Les échecs des uns ainsi que leurs épreuves des autres peuvent instruire. En attendant que solution soit trouvée à ce dossier d’école de santé, il serait bon que sur toute l’étendue du territoire et dans les régions ou provinces sinon au niveau des ministères responsables, qu’au moment de la rentrée une liste exhaustive des établissements autorisés soit publiée, de la garderie au supérieur, pour éviter de pareils cas.
    Que le dossier soit tranché non sur la base des affinités et des interventions mais sur la base de la technicité.
    Nous sommes à l’écoute...
    Kpièrou

  • Le 9 mars 2012 à 12:59, par Malou TRAORE En réponse à : Ecole de santé privée Louis Pasteur de Koudougou : Une éventuelle fermeture angoisse les 147 élèves

    Après avoir lu cet article, je suis d’accord avec tous mes prédécesseurs surtout avec Mr S. A. Diallo qui dit que ‘’Notre Faso est vraiment un far west moderne’’.
    Primo ce monsieur est bien connu et n’a aucun attribut morale pour ouvrir un tel établissement. Je dit bien nqu’il est connu a Koudougou ;
    Secundo , les gens sont têtus. On ne s’inscrit pas dans une école comme on va au marché. Et même mieux, si vous vous renseinger, vous verrez que beaucoup d’élèves se sont entêtés pour s’inscrire bien qu’on leur ait dit que cette école n’était pas légale, ne disposait pas d’enseignants requis, et que le sérieux du fondateurs laissait des doutes. Bien d’entre les élèves le savaient bien et ils ont quand même versé leur argent.
    Tierso, c’est honteux de se mettre dans l’illégalité et demander ensuite la médiation des coutumiers. Eux-mêmes coutumiers ne devraient pas descendre bas pour intercéder pour quelqu’un en faute dans un domaine aussi délicat que la santé.
    Encore une fois : faites attention à ce Monsieur Kiemdé.