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Présidentielle française : 2 grands candidats pour 2 challengers ?

mercredi 29 février 2012.

 

A moins de deux mois du premier tour de l’élection suprême en France, la campagne bat son plein. Tandis que le président sortant s’est déclaré, d’autres candidats se retirent les uns après les autres.

Nicolas Sarkozy, candidat du peuple ?

Nicolas Sarkozy a officiellement déclaré sa candidature le 15 février, au cours d’une intervention télévisée sur la première chaîne française. Depuis lors, le président sortant bat la campagne. Après avoir dévoilé les deux grands axes de son programme, - que sont la revalorisation du travail et la lutte contre l’immigration - il multiplie ses déplacements et déclarations. Cherchant à récupérer la confiance perdue des Français, et à renouer avec le succès qui était le sien en 2007, il tente à présent de marquer une rupture avec son arrogance passée. Ainsi s’emploie-t-il à donner de lui l’image du « candidat du peuple ».

A l’ouverture du salon de l’agriculture samedi matin, le président-candidat, attendu à 8h 30 du matin, est arrivé avec une heure d’avance, espérant ainsi démontrer qu’il fait partie de « cette France qui se lève tôt », autrefois chère à son cœur. De poignées de main en poignées de main, Nicolas Sarkozy se chiraquise. Oublié le malencontreux « casse toi pauv’con » lancé au cours du même événement 4 ans plus tôt. Aujourd’hui, l’homme s’astreint à paraître moins sûr de lui.

Parviendra-t-il à convaincre de cette façon ? Possible, pourrait-on croire au vu de l’extraordinaire charisme médiatique qui l’avait conduit à la victoire en 2007. Mais ces médias français, qui appréciaient tant le « showman » qu’il était il y a 5 ans, semblent néanmoins aujourd’hui beaucoup moins disposés à lui dérouler le tapis rouge.

L’Extrême droite et la question des signatures

A l’extrême droite de l’échiquier politique, Marine Le Pen, qui voit depuis quelques temps, sa position de challenger s’éloigner, change de stratégie. Elle qui s’employait, depuis maintenant plus d’un an, à « redorer » l’image de son parti, n’a d’autres choix à présent que de récupérer les grands thèmes si chers au cœur de son père Jean-Marie. Ainsi se laisse-t-elle tout d’abord aller à la stigmatisation de la communauté musulmane, fustigeant la région Ile-de-France, au sein de laquelle selon elle, toute la viande qui circulerait serait hallal alors même que le consommateur n’en serait pas averti. Ainsi a-t-elle également attaqué, dans une démarche de victimisation dont son parti a l’habitude, le caractère public des 500 signatures d’élus nécessaires pour se porter officiellement candidat : selon elle en effet, nombre de maires et députés lui refuseraient leur parrainage pour ne pas avoir ensuite à s’en justifier auprès de leur famille politique ou de leurs administrés. Sûre de tenir là une faille de la démocratie française qui engendrerait une « diabolisation du Front national », Marine s’en est allée réclamer l’anonymat des signatures au Conseil constitutionnel… qui l’a déboutée la semaine dernière. Le fait est pourtant que le Front national, qu’il soit tenu par le père ou la fille, a toujours, en 30 ans de candidature à la présidentielle, hurlé au scandale des signatures… alors qu’il les a systématiquement obtenues. Nul ne doute finalement que les choses seront similaires en 2012, et que Mme Le Pen sera effectivement sur la ligne de départ. Nul ne doute non plus que, dans la féroce bataille qui semble l’opposer à Nicolas Sarkozy pour une place au second tour, les grands thèmes de l’immigration et du communautarisme vont à présent venir remplacer dans son discours le programme économique sur lequel elle avait basé le début de sa campagne.

La gauche garde son avance

A gauche, François Hollande maintient le cap. Celui qui fait figure de leader garde pour l’instant sa confortable avance dans les sondages face à Nicolas Sarkozy. Preuve que les attaques répétées et parfois justifiées de la droite à l’encontre de son programme économique n’enregistrent que très peu d’effets, 10 % d’intention de vote le sépareraient toujours de son adversaire, tandis que, contrairement à 2007, l’homme du centre François Bayrou montrerait son incapacité à gagner du terrain. Comme si les Français avaient d’ores et déjà prévu de ne pas éparpiller leurs voix. Le 22 avril, jour du premier tour, il y aura, à n’en pas douter, les « pro-Sarko » et les « antis », les « pros-Hollande », et ceux qui feront ce choix par défaut. Un duel somme toute classique, au sein duquel on voit mal comment le Parti socialiste pourrait à présent échouer, à écouter les dires des commentateurs de la vie politique française.

Cerise ASSADI-ROCHET/stagiaire

L’Express du Faso