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« Les funérailles du désert » : Une symbiose du théâtre burkinabè et allemand

lundi 30 janvier 2012.

 

« Les funérailles du désert », c’est la pièce de théâtre que le Carrefour international de Ouagadougou et mainfranken Theater de la ville allemande Würzburg ont présenté du 07 au 28 janvier.Une pièce qui aborde une multitude de thème dont les problèmes l’Afrique dans la mondialisation et surtout la différence que les africains et les européens ont de la vie.« Les funérailles du désert » qui a été jouée en mooré francais et allemand a drainé du monde, parfois à guichet fermé comme ce vendredi 27 janvier.

« Si vous n’avez pas de ticket, ce n’est pas la peine de garer, il faut revenir demain parce qu’il n’y a plus de place », c’est la phrase que le parqueur devant le CITO s’évertue à répéter aux personnes qui continuent d’affluer dans l’espoir d’avoir une place. Pendant ce temps, la longue file qui serpente le goudron se rétrécie. Les privilégiés qui ont réussi à couper le ticket à temps commence à s’installer.La scène de du CITO est méconnaissable. Transformée pour la situation en un champ d’exploitation de pétrole. Près de 200 barriques vides dispatchées sur le plateau.

La représentation commence par l’ambiance dans un débit de boisson. Des bagarres que le vieux vendeur de brochette arrive à décanter,vendeurs ambulants, danseuses. Dans ce grand bazar, un groupe de touriste européen. Alors qu’une dame blanche donne du chocolat à une femme noire, une autre de couleur noire s’écrie « quand je mange du chocolat, je ne peux m’empêcher de penser à ces paysans africains qui produisent le cacao et le café, qui meurent dans les champs sans que le fruit de leur travail ne leur soit utile à eux et à leur descendance. Leurs enfants ne connaitront jamais la saveur du chocolat ni du bon café express fabriqué à base de leur sueur. C’est comme ça depuis toujours ; les uns travaillent comme des ânes et les autres récoltes le gros et le gras ».

Le ton est lancé et c’est partie pour 2 heures de théâtre. Violences postélectorale en Afriques, détournement, mauvaise gestion des projets de lutte contre la désertification, la multitude des fêtes en Afrique, « chaque jour est une journée mondiale de quelque chose et le pays s’engouffre dans la pauvreté, c’est un éventail des problèmes actuels de l’Afrique qui a été abordé mais avec un brin d’optimisme et d’appel à l’engagement « oser lutter, savoir vaincre », « un nouveau jour se lève, un autre combat s’annonce, chaque seconde est précieuse… ».
« Les funérailles du désert » a surtout été l’interculturalité entre l’Afrique et l’Europe. Les difficultés d’adaptation et les stéréotypes dont les africains sont victimes en Europe et vice versa.

Les parents qui n’acceptent pas un(e) conjoints(e) parce qu’il (elles) est noir(e ou blanc (che). La vision de la famille, grande chez les africains et réduite chez les européens, la sexualité (homosexualité) refusée en Afrique mais admise en Europe. Choque de culture, de pratiques certes, mais la pièce appelle à accepter l’autre dans sa différence. « Si je diffère de toi, loin de te léser, je t’augmente », disait Antoine de Saint Exupéry
« Une excellente pièce avec des comédiens(es) qui ont plein d’énergie qui nous emporté à mille et un lieu de mémoire, de souvenirs, d’histoires et de réflexion. Une pièce qui est au cœur de la réalité et qui donne une place à l’imaginaire et à l’histoire » selon le cinéaste Gaston Kaboré. Même chose pour Neuilly cette française qui regrette de n’avoir pas compris certains passages joués exclusivement en langue nationale mooré .

« Les funérailles du désert » a été préparé pendant plus d’un mois en Allemagne avec 15 comédiens dont 8 allemands et 7 burkinabè.

Tiga Cheick Sawadogo
Ph. Bonaventure Paré

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