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ORPAILLAGE DANS LE PONI : Gaoua, le dépotoir de produits toxiques

mercredi 25 janvier 2012.

 

Une des tournures que prend l’orpaillage dans le Poni, c’est le transport des minerais dans la ville de Gaoua pour extraction. Ce nouveau type d’orpaillage a pour système le transport des produits toxiques au cœur de la ville avec particulièrement l’usage du cyanure. Cette situation qui se présente comme une véritable menace pour la santé humaine et animale, fait que la cité est sur le qui-vive, à en croire le maire de Gaoua qui a eu à faire des contrôles inopinés et a même saisi certains produits pour analyse.

L’information est répandue à Gaoua : plusieurs domiciles d’orpailleurs ont été transformés en "usines simplifiées" d’extraction d’or. Et dans la ville, c’est au moins une dizaine de maisons qui sont subitement devenues des industries de traitement d’or. Le travail consiste à transporter les minérais dans ces maisons et à les traiter comme on le fait sur les sites d’orpaillage. C’est par-dessus tout l’usage de cyanure qui inquiète. Et à ce sujet, les orpailleurs concernés nient l’utilisation de ce produit extrêmement toxique. Ardjouma Ouédraogo, qui a installé son industrie d’orpaillage de fortune au secteur 5 de Gaoua, dit ne point faire usage de ce produit et nous a montré succinctement comment il procède pour extraire l’or.

Selon lui, il n’utilise que de l’eau mais le résidu de terre est acheté par un Blanc qui vient de Diébougou. Quand une première équipe communale de contrôle est passée chez lui et lui a proposé de prélever l’eau résiduelle pour le laboratoire afin de vérifier s’il n’utilise pas le cyanure, il a eu une réaction des plus surprenantes. Comme pour prouver sa bonne foi, il a proposé de boire cette eau. S’il ne meurt pas, cela prouvera qu’il n’utilise pas du cyanure. Cyanure ou pas cyanure, le conseil municipal a-t-il autorisé de telles pratiques dans la ville ? Pour en savoir davantage, nous avons renconttré le maire de Gaoua, Jean Baptiste Kambou.

« Je pense qu’il est bon de donner la position de la commune. Vous savez que suite aux évènements de 2010 (ndlr : la descente de la population armée de Holly sur Gaoua pour protester contre l’orpaillage dans son village), le conseil municipal avait pris une délibération interdisant l’extraction de l’or, notamment l’orpaillage dans notre commune. Donc, en principe, on ne devrait pas assister à cela. Mais malheureusement comme vous l’avez constaté, les gens vont exploiter ailleurs et, pour des raisons d’approvisionnement en eau et autres, ils transforment certaines maisons d’habitation en des lieux de traitement. Le phénomène est vraiment en train de prendre de l’ampleur ». A propos de l’usage du cyanure, il souligne ceci : « Nous avons pu saisir un cas. L’échantillon du liquide a été transmis au service technique de l’environnement pour qu’au niveau du laboratoire, on nous dise de quoi il s’agit. La population est sur le qui-vive ».

L’édile de Gaoua dit constater malheureusement que les exploitants des sites arrivent de Ouaga avec leur autorisation d’exploitation bien signée sans que la commune ne soit même pas avisée. Autre action menée par le conseil : le rapport spécial fait au ministère de tutelle et la demande de renfort en forces de sécurité pour faire face au phénomène. Qu’en est-il donc du produit saisi ? Selon le lieutenant colonel Sidi Hassane Diallo, directeur régional par intérim de l’Environnement, le rapport montre que des produits avérés toxiques sont utilisés dans la ville. Selon lui, le service de l’Environnement s’est même vu obligé d’infliger une amende de 2 millions de F CFA à des réfractaires après sensibilisation. L’on comprend aisément la réaction énergique du maire, ces derniers temps, qui a fait fermer ces sites de traitement. Malheureusement, certains orpailleurs ne semblent pas avoir pris la mesure de la situation.

Des villages de la commune sont devenus des QG de traitement avec usage des mêmes produits toxiques. Albert Oussé, lui, fait des traitements d’envergure dans des villages. Il soutient qu’il n’utilise pas du cyanure mais de l’acide et du mercure. Il souligne que son lieu d’exploitation est protégé par des grillages. Inutile d’insister pour faire comprendre à cet opérateur économique que même le mercure est toxique. Il vous signifie simplement qu’il n’aime pas qu’on mette du sable dans son couscous et que c’est ce que font des orpailleurs dans les autres régions.

Le cyanure peut tuer

Selon les éléments d’informations reçues au service de l’environnement, le cyanure peut causer des effets à court et à long termes sur l’organisme. L’intoxication par inhalation peut être à la base de maux comme une respiration rapide, une haute fréquence cardiaque, une agitation, des vertiges, des maux de tête, des vomissements et une défaillance respiratoire. Dans tous les cas de figure, l’intoxication peut conduire à la mort à court ou à long terme du fait d’un arrêt cardio-respiratoire. Le cyanure a la capacité d’empêcher les cellules du corps d’utiliser l’oxygène, ce qui entraîne la mort de celles-ci.

Malheureusement, certains paysans qui semblent ignorer les risques liés à ces produits ou par simple esprit de cupidité cautionnent l’usage de ce produit dangereux. Selon Oussé Albert, les villageois (là où il a basé son QG) demandent à ce qu’on paie chaque famille si jamais on demande aux orpailleurs de ne pas faire leur exploitation. Un orpailleur nous a confié qu’il s’apprêtait, en association avec deux autres orpailleurs à acheter des minérais à 107 millions de F CFA dans une commune rurale du Noumbiel afin d’en extraire l’or à base des produits habituels. Et ce n’est pas la première fois qu’ils achètent de la terre à des coûts exorbitants pour broyer et en extraire l’or.

Hompko Sylvestre KAMBOU (Correspondant)

Le Pays



Vos commentaires

  • Le 26 janvier 2012 à 09:44, par sa marche En réponse à : ORPAILLAGE DANS LE PONI : Gaoua, le dépotoir de produits toxiques

    Bonjour mes fréres Burkinabè je m adresse particulierement aux autorités à quelque niveau que sa soit.Pour ce qui concerne les gents qui extraient l or avec les produits toxiques ceux ci est belle et bien utilisé par les orpailleurs donc ne fuyez pas vos responsalités il faut prendre les mesures necesaire car la vie de la population est menassée .Il faut interdir toute pratiques meme pas d amende mais purement interdire car rien ne peut egaler la santé voir la vie.Je signale que ses pratique existent à ouaga mais si vous les autorités vous ne faite pas quelque chose la population va agir en se defandant vaille que vaille car l argent de ces gents ne vont pas empoisonner nos vies.

  • Le 26 janvier 2012 à 09:55, par Yéti En réponse à : ORPAILLAGE DANS LE PONI : Gaoua, le dépotoir de produits toxiques

    "infliger une amende de 2 millions de F CFA à des réfractaires"
    Est ce légal mon lieutenant colonel ?
    Vous les forestiers avec votre jalousie des grades. Quand vous n’êtes que contrôleur ou assistant des Eaux et forêts vous vous bombardez officier supérieur. les préposés de douanes sont de simples citoyens comme nous mais....

    • Le 26 janvier 2012 à 23:39 En réponse à : ORPAILLAGE DANS LE PONI : Gaoua, le dépotoir de produits toxiques

      De quoi tu te plains ? De parce qu’ il est Lt Colonel ou bien de parce qu’ il inflige une amende de 2 millions ? Tu es un empooisonmneuir public. Sache que la loi environnementale est tres chere. Une bonne amnede liee a une infraction a l’ environnement peut valoir tout ton salaire et l’ argent qui est tombe dans tes mains depuis que tu as eu le malheur d’ etre ne.

  • Le 26 janvier 2012 à 12:01, par Djébour En réponse à : ORPAILLAGE DANS LE PONI : Gaoua, le dépotoir de produits toxiques

    Je pense que les populations de la région du Sud-ouest ont assez souffert comme ça.Depuis belles lurettes l’exploitation artisanale de l’or tue à petit feu nos braves paysans. Il est temps que les autorités y pensent maintenant.Quant au maire il peut commencer à mobiliser la police municipale et les forces de l’ordre de la ville pour empêcher ces actions suicidaires.C’est Dieu seul qui peut nous sauver de cette situation parce nous sommes laissés à nous-mêmes.