Retour au format normal
lefaso.net

Affaire « Léguémalôgô » : Arriva ce qui devait arriver

lundi 16 janvier 2012.

 

La date du dimanche 15 janvier 2012, restera à jamais gravée dans la mémoire des vendeuses de « Léguémalôgô » et pour cause ! Lisez plutôt.
Des tas de choux, ceux de concombres, des paniers et autres matériels pour servir à l’étalage sont pêle-mêle aux pieds des gens à même le sol. Des automobiles bâchées sont chargées à la hâte pour sauver ce qui peut l’être. Pendant ce temps, des caterpillards démolissent les hangars du marché « Léguémalôgô ». Les deux entrées principales du même marché, c’est-à-dire les côtés du rond-point place du Paysan et de la caisse populaire de Farakan sont hermétiquement fermés par des hommes de sécurité en tenue anti-émeute.

De l’autre côté du marché (côté Est), les occupants des lieux assistent à la scène, espoirs déçus. Cette situation, serait venue du fait que les dames ont voulu opposer une résistance à l’équipe de la mairie dépêchée sur les lieux pour une mission pacifique de sensibilisation. Selon notre source, ladite équipe était allée faire comprendre à celles qui n’avaient pas encore libéré leurs hangars de le faire de façon volontaire. C’est à ce moment qu’elles ont commencé à lapider et à bastonner les agents de la mairie. Voici pourquoi les forces de l’ordre ont été mobilisées pour une « réponse du berger à la bergère ». Des gaz lacrymogènes sont donc entrés en danse pour sans doute disperser les femmes révoltées. Malgré tout, elles se sont démenées pour tenter de sauver leurs effets et assister à la démolition du marché.

« Le pouvoir est venu en plein jour », dit un adage populaire. Autrement dit, nul n’est au-dessus de la loi. La violence qu’on voulait tant éviter pour dénouer cette affaire dite de « Léguémalôgô » s’est avérée nécessaire ce dimanche 14 janvier 2012 après moult rencontres, explications et communiqués pour libérer le marché.

« Léguémalôgô ti wiili »

En 2006, à la veille du scrutin municipal, une soirée de Djandjoba avait été organisée sur le site du marché de « Léguémalôgô ». Cette soirée avait été organisée par celles qui sont chassées par des lacrymogènes aujourd’hui. Ce jour, l’uniforme portée par les organisatrices de cette soirée de réjouissance s’appelait « Léguémalôgô ti wiili » (le marché « Léguémalôgô » ne va pas déguerpir en langue malinké). Le parrain de ladite soirée avait pour nom El hadj Salia Sanou, l’actuel maire de la commune de Bobo-Dioulasso. A l’époque, un « bras de fer » opposait les femmes de « Léguémalôgô » au maire de la commune, Célestin Boyo Koussoubé. Arrivé à la tête de la commune, Salia Sanou le parrain de soirée de Djandjoba prend dans ses pieds « l’épine » dite de « Léguémalôgô » dont s’était débarrassée Célestin B. Koussoubé après avoir perdu le fauteuil de la mairie de Bobo.

L’administration étant une continuité, El hadj Salia Sanou était obligé de poursuivre la procédure de déguerpissement. Dès lors, des rencontres de sensibilisation avec les représentantes des femmes et des communiqués à ce propos n’ont pas manqué du côté de la mairie. Malgré tout, les femmes tenaient à rester sur le site du « Léguémalôgô ». Elles ne veulent pas trahir leur engagement. Surtout que l’actuel maire avait été leur parrain le jour où elles ont porté les tenues « Léguémalôgô ti wiili ». C’est pourquoi, certaines n’ont pas tardé de faire la comparaison entre l’actuel maire et son prédécesseur. « Koussoubé valait mieux que Salia », avons-nous entendu dire. « Elles (ndlr les autorités) se fatiguent. Nous n’allons pas bouger » disaient des femmes. Vrai ou faux ? Les jours à venir nous le diront.
Souro DAO

L’Express du Faso



Vos commentaires