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ARRÊT DE TRAVAIL À LA FILATURE DU SAHEL : Sept agents licenciés

dimanche 8 janvier 2012.

 

Dans l’après-midi du vendredi 6 janvier 2012, la Filature du Sahel a licencié sept de ses agents à Bobo-Dioulasso pour « faute lourde », suite à l’arrêt de travail qu’ils ont observé le 29 décembre 2011. Cette décision concerne également 23 agents qui ont reçu des mises à pied d’un à quatre jours.

La situation qui se dégradait progressivement à la Filature du Sahel a atteint son paroxysme ce vendredi 6 janvier 2012, avec le licenciement de sept de ses agents que sont Hassane Maïga, Jérôme Koné, Fidèle Koléan, Oumar Zoungrana, Gérard Dabiré, Damata Dipama et Modeste Zongo. 23 autres employés de cette usine qui transforme le coton en produits finis (vêtements, serpillières, fils de tissu…) ont reçu des mises à pied d’un (21 personnes) et de quatre jours (2 personnes).

Les documents qui leur signifient ce licenciement notent que dans la matinée du jeudi 29 décembre 2011, la direction a constaté un arrêt de travail concerté d’environ une heure, constituant ainsi « un manquement grave à la discipline de l’entreprise, fait constitutif déjà de motif légitime de licenciement ». Les mêmes documents estiment que le directeur leur a accordé le délai de 6h30mn pour rejoindre leur poste de travail et qu’ils ont catégoriquement refusé. Evacués par les forces de l’ordre, ils auraient par la suite décidé de rejoindre leur poste de travail. « En refusant d’obéir aux ordres du directeur général, vous avez fait preuve d’insubordination caractérisée que nous ne pouvons pas accepter », rapporte la lettre de licenciement.

Cette même lettre évoque des « situations aggravantes » de leur cas, par des avertissements antérieurs et des mises à pied, entre autres. Les agents qui se sont retrouvés à l’Inspection régionale du travail des Hauts-Bassins, après avoir reçu leur lettre, ont contesté les faits, qualifiant leur licenciement d’abusif. En ce qui concerne l’incident du jeudi 29 décembre 2011, l’un d’entre eux, Fidèle Koléan, explique qu’il ne s’agissait pas d’un arrêt de travail puisqu’ils sont arrivés le matin à 5h30mn pour travailler et ont trouvé la gendarmerie à l’entrée, alors que d’habitude c’est le vigile qui prend leur pièce d’identité. « Les gendarmes ont pris nos pièces et nous ont mis sous le hangar à l’entrée.

Nous sommes restés jusqu’à 6h03mn et ils nous ont dit en ce moment d’aller travailler. Nous avons refusé parce que d’habitude nous sommes sur nos machines à 5h55 pour pouvoir remplacer les autres », a ajouté Fidèle Koléan. Se référant à l’article 19 du règlement intérieur de la FILSAH qui stipule que « L’employeur ne peut demander au salarié de reprendre son travail dans une situation de travail où persiste un danger grave et imminent », les agents estiment que l’armada de la gendarmerie les inquiétait. C’est donc plus tard, quand ils ont été rassurés, qu’ils sont allés travailler. Ils confient par ailleurs que l’incident du 29 novembre n’est pas la vraie cause de leur situation actuelle. « Le problème vient en fait de la presse. Tout cela nous arrive parce que la presse avait assisté à notre assemblée générale et en avait porté les échos à l’opinion », a dit Fidèle Koléan.

En effet, le jeudi 22 décembre 2011, la presse a assisté à une AG du bureau des travailleurs de la FILSAH, organisée pour présenter aux agents sa plate-forme revendicative en 24 points pour réclamer de meilleures conditions de vie et de travail. Jusqu’à hier dimanche 8 janvier, la situation n’avait pas évolué. Les délégués de personnels qui ont été à l’inspection régionale du travail disent avoir reçu pour seul conseil, de rencontrer la direction de la FILSAH pour lui demander de revenir sur sa décision. A leur arrivée, ont-ils dit, le directeur général et les différents chefs de services étaient en réunion. Les concertations se poursuivent entre les délégués de personnels pour trouver la suite légale à donner à cette situation, étant donné qu’ils peuvent déposer une plainte à l’Inspection du travail. « On s’est dit que s’il y avait une décision de ce genre à prendre, on allait consulter les délégués », a estimé un d’entre eux.

Jean-Marie TOE

Sidwaya



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