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Fait de chez nous : Il volait les récoltes dans les champs

lundi 19 décembre 2011.

 

« Tous les jours appartiennent au voleur, un seul jour au propriétaire », dit un adage populaire. Cette pensée, Yassia et ses acolytes ne pourront la démentir jusqu’à la fin de leur vie terrestre. Aveuglé par un fétiche auquel il croît aveuglement, Yassia a fait du vol des récoltes sa profession. Profitant de cette crise alimentaire, il s’est vite enrichi en décimant les champs des honnêtes cultivateurs du village. Tous ceux qui, par habitude collectaient leurs récoltes dans leur champ avant de les transporter au village, ont été victimes de Yassia. Muni de son fétiche surnommé « Makotê » (« je m’en fous » en malinké), Yassia passait de champ en champ pour ramasser le mil et le maïs des autres paysans de son village.

Il s’était fait aider par deux autres jeunes qui conduisaient une charrette à traction asine. Yassia n’avait peur personne. Jeune ou vieux, il suffisait que tu collectes ta récolte dans ton champ et Yassia te « passait à la casserole ». Les conseils villageois encore moins les interventions d’autorités coutumières et administratives n’ont pu le dissuader. Et comme l’appétit vient en mangeant, Yassia a fini les champs de son village d’origine et il s’est maintenant tourné vers ceux d’un village voisin. Si au début il s’en est sorti sans être inquiété, il a été stoppé dans ses rapines dans le champ d’un vieux. Ce jour là, Yassia avait repéré comme d’habitude le champ du vieux Kiantigui. Grand producteur céréalier, le vieux Kiantigui avait déposé deux gros tas de maïs dans son champ.

Au lieu d’évacuer sa récolte au village, il l’a laissée sur place pour la compléter avec d’autres opérations de récoltes. Des paysans victimes de Yassia l’ont prévenu afin qu’il mette en lieu sûr sa récolte, mais il n’a pas fait bouger une seule graine de son champ. C’est ainsi que le propriétaire du fétiche « Makotê » l’a repéré. Il met son plan à exécution une soirée, tard dans la nuit. Deux charrettes ont été chargées de la récolte du vieux Kiantigui. Le convoi nocturne prêt à quitter le champ du vieux, est immobilisé par une force invisible. Yassia avait tout fait, mais rien n’a marché. Il décide alors de vider les charrettes pour quitter les lieux. Là aussi, impossible.

Et c’est ainsi que le jour les a trouvés auprès des deux tas de maïs du vieux. Les premières personnes arrivées dans le champ du vieux ce jour-là ont été surprises par ce qu’elles y ont vu. Et comme toute la localité connaît Yassia, ces réponses n’ont pas eu du mal à l’identifier. Un émissaire est dépêché au village pour informer le vieux Kiantigui. Il met du temps avant d’arriver au champ. Une fois sur place, il se renseigne auprès de Yassia sur ce qu’il était venu faire dans son champ. Sans ambages, le voleur lui fait savoir la vraie raison, ce dont le vieux ne doutait aucunement. Avant de les conduire chez « qui de droit », des témoins sont venus voir les trois voleurs (Yassia et se deux acolytes) à côté des deux tas et avec les charrettes toujours chargées.

C’est après ce constat que le vieux a bien voulu faire un geste dont lui seul détient le secret pour permettre aux voleurs de pouvoir se mouvoir. Ils ont été hués à la place du marché après avoir payé de lourdes amendes. Depuis cette arrestation, Yassia a quitté le village sur la pointe des pieds sans laisser d’adresse à ses deux femmes dont l’une serait sur le point de se remarier.

Souro DAO /daosouro@yahoo.fr

L’Express du Faso



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