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PRISE EN CHARGE DES PVVIH : Risques de rupture totale des ARV en mars 2012

mardi 6 décembre 2011.

 

« Si rien n’est fait, plusieurs patients se retrouveront sans traitement à la fin du mois de mars 2012 ». Voilà l’avertissement que la plateforme de la société civile intervenant dans la lutte contre le VIH/Sida et la santé a lancé le mercredi 30 novembre dernier à Ouagadougou, au cours d’une conférence de presse. La situation serait due, selon cette coalition, au tarissement des financements alloués à la lutte contre le Sida au Burkina.

Risque de catastrophe sanitaire à l’horizon 2012. Face à la presse, la plateforme de la société civile intervenant dans la santé et la lutte contre le Sida (qui regroupe l’URCB, l’IPC, le RAME, la CORAB, le REGIPIV et la FEBAH) n’a pas tourné autour du pot. C’est la situation qui l’impose. En fin décembre 2011 sur 36 000 adultes 1 800 seront sous ARV au Burkina Faso. Cependant, la situation sur le terrain est plus que préoccupante. Selon le rapport du dispositif de veille sur l’accès aux soins contre le VIH/Sida, mis en place par le Réseau d’accès aux médicaments essentiels (RAME) dans sept régions, de nombreuses difficultés plombent la prise en charge adéquate des Personnes vivant avec le VIH/Sida (PVVIH).

Elles concernent, notamment des ruptures de médicaments contre les infections opportunistes, les réactifs pour le dépistage et le suivi biologique des PVVIH, l’impossibilité de mettre de nouvelles personnes sous ARV, la non-effectivité de la prise en charge par les ARV au niveau des CSPS, etc. Ces problèmes, selon la plateforme, ont été soulevés depuis le mois d’octobre par le Réseau national des personnes vivant avec le VIH (REGIPIV). A quoi sont dues ces difficultés ? Selon les animateurs de la conférence de presse, c’est le nerf de la guerre qui fait cruellement défaut. En effet, la prise en charge des PVVIH est assurée, en majorité, par le Fonds mondial de lutte contre le VIH/Sida, le paludisme et la tuberculose.

Le Burkina Faso a bénéficié d’une convention de financement lors du 6e appel à projets qui devait prendre fin en septembre 2011. Le round 10 du Fonds mondial n’a malheureusement pas été signé. La transition entre l’ancienne convention et la nouvelle est donc difficile à gérer et serait à l’origine des ruptures de médicaments et de réactifs. Selon la plateforme, le problème était bien connu de tous mais la crise sociopolitique qu’a connue le Burkina n’a pas permis d’y trouver des solutions urgentes. Que fera alors le gouvernement ? A entendre les animateurs de la conférence de presse, il y a eu une rencontre entre le ministre de la Santé et la plateforme, il y a quelques jours. Le gouvernement s’est engagé à mobiliser 2 à 3 milliards de F CFA pour remédier à la situation en attendant le déblocage des fonds de la nouvelle convention.

Et il a donné rendez-vous à la société civile le 5 décembre prochain pour donner une réponse définitive. De toute façon, les choses sont appelées à changer avec la crise financière mondiale parce que les pays donateurs éprouvent des difficultés à respecter leurs engagements. C’est pourquoi, la plateforme pense qu’il est temps de mobiliser des ressources au niveau national. Dans ce sens, les Burkinabè, par exemple, devraient apprendre à donner pour les grandes causes. Le thème de la journée mondiale contre le Sida, édition 2011 (célébrée le 1er décembre de chaque année) est « Objectif zéro décès au VIH/sida ». Finalement, la plateforme des associations pense cet objectif ne peut-être atteint avec zéro stock de médicaments contre le VIH.

Dayang-ne-Wendé P. SILGA

Le Pays