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Aristide Zoungrana : « J’ai été menacé par des coups de fil anonymes »

mercredi 2 novembre 2011.

 

Le Syndicat national autonome des agents administratifs, techniques, ouvriers et de soutien des universités publiques du Burkina (SYNATOSUB) a observé, pour la deuxième fois de son histoire, une grève de 72 heures -du 26 au 28 octobre 2011- sur l’ensemble du territoire national. Il exige l’amélioration des conditions de vie et de travail des agents des universités à travers la satisfaction de leur plate-forme revendicative déposée auprès des autorités depuis le 27 janvier 2011. Pour le secrétaire général du syndicat, Aristide Zoungrana, la grève a été un succès.

Fasozine.com : Quel bilan pouvez-vous faire de vos 72 heures de grève ?

Aristide Zoungrana : Sur le plan national, nous pouvons dire que la grève a été une réussite, suivie à hauteur de 85% par l’ensemble des trois universités publiques de Ouagadougou, Koudougou et Bobo Dioulasso. Nous n’en voulons pas à ceux qui n’ont pas suivi le mot d’ordre, car si l’Etat nous reconnait le droit de grève, nous aussi nous devons reconnaitre aux autres le droit de ne pas aller en grève. Cela fait également parti des libertés dans un cadre de travail.

Que revendiquez-vous exactement ?

Les principaux points sont d’ordre indemnitaire. Nous demandons une indemnité de logement et le relèvement du taux de l’indemnité de sujétion. Nous estimons que l’actuel taux ne correspond pas à la grille de la Fonction publique. Nous voulons également une indemnité spécifique, qui prend en compte tous les extras comme les débordements horaires. Nous revendiquons également une prime de recherche. Il est vrai que nous ne produisons pas de recherches, mais nous estimons qu’aucun enseignant ne peut mener ou publier une recherche sans la participation directe ou indirecte du personnel administratif. Nous insistons particulièrement sur la question de l’indemnité spécifique. Concernant les autres indemnités, nous faisions confiance aux autorités gouvernementales qui devraient les prendre en compte dans le cadre d’un protocole d’accord. A notre grande surprise, cela n’a pas été fait. Si rien n’est fait d’ici là, nous risquons d’enfoncer le clou.

Qu’ont proposé les autorités universitaires et gouvernementales après votre grève ?

Il n’y a pas vraiment eu de propositions à proprement parler. Les autorités universitaires ont été les premières à prendre connaissance de cette plate forme, mais rien n’a été fait. C’est par la suite que nous sommes entrés en contact avec le ministère de tutelle (le ministère des Enseignements secondaire et supérieur, ndlr), là également rien n’a été fait. Face donc à ce mutisme des autorités nous avons déposé le premier préavis. Ce n’est que lorsque nous sommes partis en grève, que les autorités ont initié des rencontres, qui, malheureusement, se sont avérées infructueuses.

Que comptez-vous faire à présent ?

Je suis certes le responsable de la structure syndicale au plan national mais il ne m’appartient pas de décider de la suite à donner au bras de fer que nous avons engagé. Nous allons tenir notre assemblée générale le vendredi 4 novembre prochain, et c’est à l’issue de cette rencontre que nous pourrons décider de la suite à donner à la lutte.

Et si à l’issue de l’assemblée générale, le personnel décide de continuer le mouvement d’humeur, qu’en sera-t-il du déroulement de l’année universitaire en cours ?

Il est certain qu’il y aura des perturbations. Moi personnellement, on me stigmatise et on me considère comme la tête brulée de l’organisation, celui qui prend les décisions, entrainant les autres. D’ailleurs je profite de l’occasion pour prendre l’opinion nationale à témoin. J’ai été menacé à deux reprises par des coups de fil anonymes. Et lors du deuxième appel le vendredi dernier, les auteurs ont dit que j’aurai intérêt à arrêter mes activités pendant qu’il est encore temps. Autrement dit, ils vont me créer tous les problèmes possibles sur le plan professionnel et sur le plan social. Et cela m’amènera à réfléchir doublement avant de sortir ou de ne pas sortir de chez moi. En d’autres termes, mes libertés seront confisquées. C’est pourquoi je dis que je prends les autorités à témoin. Et je pense sincèrement que le fait de procéder à l’exécution de cette menace n’arrangerait pas les efforts du gouvernement à ramener l’accalmie avec les troubles que notre pays à connu.

Avez-vous saisi les autorités compétentes en ce qui concerne les menaces proférées à votre endroit ?

J’ai juste informé les responsables des institutions avec qui nous sommes en partenariat. D’ici là, je prendrais attache avec les autorités compétentes et ensemble nous prendrons les mesures qui conviennent.

Dimitri Kaboré (Stagiaire)

Fasozine



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