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An1 de l’assassinat d’El Adj Djiguemkoudré Hamado : Le collectif des défenseurs des droits de l’homme dit non a l’impunité

mardi 18 octobre 2011.

 

Le 17 octobre 2010, DJIGUEMKOUDRE Hamadou Imam de la communauté des sunnites de YOURGA village du département de SANGHA dans la province du Koulpelgo, décédait suite à un assassinat sauvage planifié et exécuté par un groupe d’individus dits « musulmans orthodoxes » de son village. Cet acte criminel, crapuleux et odieux que l’opinion avait vivement condamné reste une année après sans lumière véritable, sans jugement ni punition de ses principaux auteurs, commanditaires et complices. Le Collectif International des Défenseurs sur l’affaire DJIGUEMKOUDRE créé le 05 octobre 2011 et composé d’activistes des droits de l’homme vivant au Burkina Faso, au Togo, au Niger, en Côte d’ivoire, en France, en suisse et aux Etats-Unis, entend donc élever la voix pour réclamer la manifestation de la vérité et dire non à l’impunité sur ce drame inhumain, choquant et révoltant.

Faits :

GUIGUEMKOUDRE Amadou âgé d’environ 62 ans a trouvé la mort après avoir été égorgé, mutilé et brûlé au cours de l’attaque criminelle de son domicile. Plusieurs de ses concessions avaient été incendiées y compris d’importants biens. Les membres de sa famille ainsi que des proches coreligionnaires sunnites avaient été blessés, violentés et pourchassés. Ceux-ci subirent pendant plusieurs mois de multiples menaces de mort, des actes d’agression, de torture et de persécution en tout genre. A cet effet, vingt et une (21) personnes présumées coupables furent arrêtées et détenues à la maison d’arrêt et de correction de Tenkodogo suivit de l’ouverture d’une instruction judiciaire par le TGI de Tenkodogo.

Dans ce cadre, le Point focal au Burkina Faso du Réseau Ouest africain des Défenseurs des Droits de l’Homme (ROADDH) a effectué une mission d’enquête indépendante de documentation et d’établissement des faits du 08 au 09 novembre 2010 dans le village de YOURGA. Un rapport de l’enquête révélant les circonstances du drame de même que certaines responsabilités qui seraient en cause a été rendu public au cours d’une conférence de presse début avril 2011. En outre, un dossier de l’affaire comprenant le rapport et des photos avait été adressé au Premier ministre son Excellence Luc Adolphe TIAO début mai 2011(cf. accusé de réception n°2011/1047/PM/SG/DQIS du 27 juin 2011). Des ampliations ont aussi été faites aux ministres de l’administration territoriale et de la décentralisation et de la sécurité ainsi qu’à celui de la justice et de la promotion des droits humains, garde des sceaux.

Ceci afin que des dispositions conséquentes soient prises pour protéger les victimes à un moment où les actes d’agressions et de violences se continuaient dans le village et étaient susceptibles d’y entraîner d’autres atteintes aussi graves des droits de l’homme. Il avait été également demandé que toute la lumière éclate sur cet assassinat et que justice soit faite. Enfin, un comité de travail circonstanciel avait été crée comprenant quatre organisations de défenseurs des droits de l’homme dans l’optique de suivre l’évolution sociale et judiciaire de l’affaire et pour orienter judiciairement les victimes lesquelles sont parvenu a constitué pour leur défense, les avocats Me Alidou OUEDRAOGO et Me SOMBIE Mamadou.

Constats :

Une année après, le jugement de l’affaire est toujours attendu ; le juge en charge du dossier n’a pas encore bouclé l’instruction et les présumés assassins de DJIGUEMKOUDRE Amadou, leurs commanditaires et complices demeurent toujours impunis. Dans le même temps, sur les vingt et une (21) personnes prévenues dans le cadre de cette affaire dix huit (18) d’entre elles ayant pourtant prit physiquement part à l’attaque criminelle du domicile, ont été laissés en liberté dans le village. Celles-ci constituent aujourd’hui une source réelle d’insécurité pour les victimes qui continuellement sont nargués, provoqués et menacés par des bourreaux affirmant être ? protégés ? par le pouvoir politique et l’argent. Jusqu’à ce jour les autorités locales à savoir l’ex Haut- commissaire du Koulpélogo, l’ex préfet, le Commissaire de police de SHANGA ainsi que les présumés commanditaires en particulier l’homme d’affaires Seydou SAWADOGO n’ont pas été entendus par la justice pour permettre d’établir leur responsabilité pénale ou civile et permettre la manifestation de la vérité en dépit de l’existence d’indices compromettant.

Le cas de l’homme d’affaires Seydou SAWADOGO originaire de YOURGA et résidant précisément à Cinkansé et au Togo demeure plus que préoccupant au regard du rôle que ce dernier aurait joué. Des sources concordantes, indiquent qu’il serait la personne qui a instigué et financé cet assassinat et qui aurait promit ?acheter ? la justice pour assurer l’impunité totale aux exécutants.

Position :

Le Collectif International des Défenseurs sur l’affaire DJIGUEMKOUDRE tenant compte de ce qu’un meurtre a été perpétré de même que des actes de torture morale et de persécution systématique et ciblés ont pu avoir lieu sur les victimes à cause uniquement de leur croyance religieuse par un groupe d’individus agissant en connaissance de cause, estime qu’il y a eu commission de crimes contre l’humanité. En tout état de cause, le Collectif demeure profondément préoccupé par la lenteur judiciaire du dossier et les velléités de négation de la justice et du droit légitime des victimes d’y accéder et de bénéficier de réparation. Il reste, ce faisant, déterminé à user des moyens conventionnels pertinents existant pour obtenir la condamnation des assassins et de tous ceux qui ont participé et/ou contribué auxdites graves violations des droits de l’homme quelles qu’ils soient et quelque soit le lieu où ils se trouveraient.

Le collectif international entend également suivre la procédure judiciaire en cours à l’interne mais pourrait, en cas de nécessité, s’orienter vers la saisine des mécanismes régionaux et internationaux compétents en matière de des droits de l’homme. Aussi, considérant ce qui précède, il :
-  Demande la célérité dans le traitement judiciaire de l’affaire ;
-  Recommande la mise en place d’une commission d’enquête indépendante ;
-  Réclame l’établissement de la responsabilité des personnalités/autorités concernées ;
-  Exige que l’homme d’affaires Seydou SAWADOGO soit entendu par la justice.

Le Coordonnateur national du collectif : Lookmann Sawadogo, Point Focal ROADDH au Burkina, SG du CDEC



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