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Pèlerinage catholique : Anecdotes de Ouaga à Rome (suite et fin)

jeudi 13 octobre 2011.

 

Dans notre édition n°7983 du mardi 11 octobre 2011 nous annonçions la suite du carnet de voyage sur les pèlerinages catholiques écrit par un pèlerin. Voici donc la fin de cette chronique qui porte sur le volet spirituel et d’autres faits anecdotiques.

Notre carnet de route serait bien incomplet s’il ne devait s’en tenir qu’aux aspects anecdotiques de ce mémorable périple.
Le pèlerinage est avant tout une quête spirituelle à la fois collective et individuelle qui est certes plus difficile à restituer qu’une kyrielle d’historiettes mais dont on doit néanmoins survoler ici les grands moments.
Sur ce plan également, l’auteur s’exprime à titre strictement personnel, n’ayant pas requis l’imprimatur des prêtres accompagnateurs avant de s’y essayer.

Sous le signe de Bernadette Soubirous

La première étape en a été Lourdes où nous sommes arrivés le jeudi 11 août, peu après l’angélus, en tout cas en début d’après-midi.
Cette petite ville des Hautes Pyrénées (15 000 habitants environ) est pourtant un grand centre mondial de pèlerinage pour cette raison : c’est là que la Vierge Marie est apparue à 18 reprises à Bernadette Soubirous, la première vision datant du samedi 11 février 1858, la dernière du 16 juillet de la même année.

- Mises en garde suivies de menaces d’emprisonnement des autorités administratives et judiciaires qui accusaient la pauvre petite paysanne de troubler l’ordre public avec les foules qui ont commencé à s’amasser devant la grotte de Massabielle où s’est déroulé le cycle des apparitions ;
- scepticisme et railleries des intellectuels qui y voyaient supercheries, manipulations et mises en scène ; - agacement, voire hostilité du Clergé, à commencer par le Curé Peyramale ; que de péripéties et combien d’années n’a-t-il pas fallu avant qu’enfin l’Eglise reconnaisse, le 18 janvier 1862, comme authentiques et surnaturelles les apparitions ?
Aujourd’hui, Lourdes draine 6,5 millions de pèlerins chaque année venus des quatre continents, dont 4% d’Afrique.

Depuis la guérison surnaturelle du bras paralysé de Catherine Latapie de Loubajac, reconnue le 18 janvier 1862 par l’autorité ecclésiastique, Lourdes, dans l’imagerie populaire et même au-delà, rime avec “miracles”.
Et de partout, des dizaines et des dizaines de milliers de malades y affluent chaque année et nous avons pu mesurer de visu l’ampleur du phénomène.
Que viennent-ils chercher ? La sociologue Bernadette Camhi-Rayer explique que Lourdes “... est le seul endroit au monde où ils sont à ce point accueillis, où tout est organisé pour eux et autour d’eux. Au-delà de l’espoir d’une éventuelle guérison, ils viennent pour l’ambiance chaleureuse qui les porte...” (cf. La Croix du 12 août 2011).

La nuit du 13 août par exemple, sur l’esplanade du Rosaire a eu lieu le spectacle grandiose de Robert Hossein, une Femme nommée Marie. Alors que le gros des 25 000 pèlerins se sont contentés d’en suivre le déroulement hollywoodien sur écrans vidéos géants dans la basilique souterraine Saint-Pie X, les malades, eux, étaient à l’honneur, aux premières loges, en contact direct avec les acteurs et le célèbre metteur en scène.
Les guérisons doivent être reconnues par un bureau médical pluridisciplinaire de composition internationale qui examine, selon la rigueur scientifique requise, chaque cas soumis.
A la date d’aujourd’hui, depuis Catherine Latapie de Loubajac, seuls 67 cas ont été authentifiés, le dernier remontant au 21 septembre 2005.

On ne va pas non plus en pèlerinage à Lourdes sans sacrifier au rite de l’eau ou sans en rapporter dans ses bagages.
C’est lors de sa 9e apparition, le 25 février 1858, que la Vierge délivre à Bernadette Soubirous ce message : “Allez boire à la fontaine et vous y laver”.
Depuis lors et chaque jour, des centaines de pèlerins s’y adonnent avec des chiffres records pendant les grands pèlerinages. Pour ce qui est de boire, pas de difficulté tant que les sanctuaires restent ouverts.
Par centaines, des robinets sont là qui débitent l’eau lustrale. Quant à accéder aux piscines aménagées à cet effet pour y plonger de tout son long, là commencent les interminables files d’attente.

Pour ne pas avoir à quitter Lourdes sans accomplir ce rite, les pèlerins burkinabè ont dû se réveiller dans la nuit du 13 au 14 août à 3 h 30 du matin pour être parmi les premiers à avoir accès aux piscines.
Chaque pèlerin en s’y laissant immerger par les volontaires dévoués à cette tâche, y va de son cheminement votif et de ses soucis personnels.
S’il est arrivé que des guérisons s’opèrent, on risque d’être désillusionné si on ignore la vraie signification de l’eau de la grotte de Lourdes. En y plongeant, on doit être surtout habité par le désir de renforcer sa foi et de se renouveler spirituellement.
N’est-ce pas du reste le sens de tout pèlerinage ?
A Lourdes, il y a une offre abondante de lieux et d’occasions qui favorisent un tel ressourcement spirituel à titre individuel ou collectif.
Pour le comprendre, il faut par exemple avoir pris part à la procession aux flambeaux, ces dizaines de milliers de flambeaux “que les pèlerins tiennent dans leur main et dont la lueur vacille dans l’obscurité de la nuit”, témoignage d’une foi éclairée par le Christ, Lumière du Monde. (cf. Lourdes, Ed. A. Doucet-Lourdes).

Sur les traces de saint Pierre

La procession se termine sur le parvis de N.-D. du Rosaire après les chants du Salve Regina et du Credo qui, repris en latin par des dizaines de milliers de voix, disent bien ce qu’ils veulent dire sous les étoiles de Massabielle.
Dans le même ordre de grandeur, comment oublier la grand-messe internationale du 15 août en la basilique St- Pie X, où près de 25 000 pèlerins ont vibré dans leur foi commune ?
Il faut avoir enfin assisté au lever du jour, à la messe matinale et plus intimiste, comme nous l’avons fait le 12 août, devant la grotte même des apparitions pour comprendre ce que ressourcement spirituel peut bien vouloir dire.

- Rome, la ville éternelle.
Tout le monde connaît la célèbre apposition.
- Rome caput mundi, Rome, capitale du monde, disait-on déjà dans l’antiquité.
Tous les chemins y mènent, dit-on aujourd’hui, surtout quand on se trouve déjà à Lourdes.
Nous y sommes arrivés le mardi 16 août en fin de matinée, sous une température de 35%, ce qui en raison du degré d’humidité, nous a rappelé quelque peu le temps au Burkina.
Berceau, avec la Grèce, de la civilisation occidentale, Rome est également et surtout l’épicentre à partir duquel le Christianisme a amorcé son rayonnement universel, après que Constantin 1er le Grand en eut fait, en 313, la religion officielle de son empire.
C’est là que sur la rive droite du Tibre, se trouve le plus grand édifice religieux du catholicisme et l’un des monuments les plus visités du monde, la basilique Saint-Pierre de Rome.
Selon la tradition chrétienne, l’édifice est censé abriter le tombeau de saint Pierre.
Même si les fouilles archéologiques récemment ordonnées par le Vatican n’ont pas encore permis d’attester le fait de manière irréfutable, on tient que la cathèdre, c’est-à-dire la chaire papale, est réputée se dresser sur les restes du premier des apôtres.
Ce qui est indéniable, c’est que c’est bel et bien dans la ville éternelle que saint Pierre est mort en martyr.

Comme il a renié trois fois Jésus quand ça chauffait à Jérusalem, il a tenté de fuir Rome quand sous la tyrannie de Néron, ont commencé les horribles persécutions anti-chrétiens. Au sortir de la ville, le Christ lui apparaît, fonçant, lui, ... en sens inverse.
Quo vadis domine ? Où vas-tu, Seigneur ? lance saint Pierre ;
- Je vais à Rome pour me faire crucifier une deuxième fois.
Simon Pierre comprit le message et s’en retourna à Rome où il mourut crucifié, la tête en bas.
Qu’importe où se trouvent exactement ses cendres ! Le symbole demeure, plus fort que tout.
La basilique abrite en tout cas les restes de nombre de ses successeurs.
Sont de ceux-là Jean Paul II, dont la béatification est intervenue cette année même, du 28 avril au 05 mai.

Se recueillir sur sa tombe fut notre premier acte de piété peu après notre arrivée à Rome.
Interminable queue place Saint-Pierre, sous une chaleur ouagalaise. Nous finissons néanmoins par accéder à la basilique. La tombe se trouve au bas-côté droit du transept, émouvante de simplicité quoiqu’en marbe de Carrare. Un cordon de sécurité doublé d’éléments de la garde vaticanne tient les pèlerins - et les touristes - à bonne distance. Discrètement sensibilisés par notre jeune compatriote du Vatican, l’Abbé Kizito Ouédraogo dont nous avons déjà parlé et qui s’est sans doute porté garant de notre comportement, les gardes ont permis à la délégation burkinabè de voir de plus près la tombe.
D’un seul élan - à la fois instinctif et grégaire - beaucoup de pèlerins se sont prosternés, ou plutôt aplatis, dans un état qui a confiné parfois à l’extase.

Outre Saint-Pierre, Rome abrite trois autres basiliques qualifiées de majeures dont nous avons pu visiter deux et où parfois même nous avons eu l’occasion de célébrer la messe.
Ont été de celles-là :
- Sainte-Marie-Majeure dont l’histoire remonte à la nuit du 04 au 5 août 358. Selon la légende la Vierge aurait apparu cette nuit-là en rêve au pape saint Libère ainsi qu’à un riche Romain, leur demandant d’ériger un sanctuaire à un endroit déterminé de la colline Esquin. Constatant au matin qu’il avait neigé au lieu dit, chose inédite pour un mois d’août, le Saint-Père ordonna l’érection de la basilique.
- Saint-Paul-Hors-les-murs qui abrite pour sûr, la tombe de l’apôtre des gentils. C’est Constantin 1er, le protecteur des chrétiens, qui fit en personne édifier une basilique sur cette tombe située à quelque deux kilomètres hors du mur dont l’empereur Aurélien, qui régna en 270-75, avait fait entourer Rome et dont les vestiges sont toujours bien visibles. D’où le nom de Saint-Paul-hors-les-murs.

Réminiscences historico-littéraires

Pour ceux des pèlerins justifiant d’un certain fonds de culture historique formaté autour du tryptique l’Orient-La-Grèce-Rome, un premier séjour dans la ville éternelle éveille tout de suite bien de réminiscences.

Voyez par exemple le Colisée, un des chefs-d’œuvre de l’architecture et de l’ingénierie romaines.
Quand on passe à côté de cet amphithéâtre de forme elliptique, on croît entendre encore les cris de détresse des premiers chrétiens qu’on jetait aux fauves, en entracte aux combats de gladiateurs qui enivraient les Romains comme le football enfièvre les stades aujourd’hui.
Mais le monument nous rappelle également l’une des plus vieilles recettes d’économie-politique chère au satiriste romain Juvenal qui s’expérimente de nos jours encore : panem et circences. Du pain et des jeux de cirque… pour combler le bon peuple.
Voilà également sur la plus haute des sept collines, le Capitole et la place éponyme. Ce fut sous la Rome antique le centre de la vie religieuse mais également le lieu « où se déroulèrent les événements les plus marquants de l’histoire de la ville ». Alors comment ne pas entendre des orateurs comme Ciceron, dans ses célèbres péroraisons contre la conjuration de Calitina ?

Mais tout près du Capitole, sur une des deux hauteurs de la colline, voilà le Mons Tarpeius, la célèbre Roche Tarpéienne, d’où l’on précipitait les condamnés à mort pour trahison de la patrie ; d’où la célèbre formule dont on use aujourd’hui encore pour mettre en garde les tenants du pouvoir contre la précarité de leur position : attention, la Roche Tarpéienne est proche du Capitole.
Enfin, en contemplant les restes de la ville antique, comment ne pas se remémorer les tragédies de Corneille comme Horace, Cinna, Pompée, Polyeucte dont on sait qu’elles ont été toutes inspirées par l’histoire et la grandeur romaines ?
La dernière pièce citée (Polyeucte) est l’histoire d’un officier romain du IIIe siècle converti au christianisme, mort en martyr pour avoir renversé les idoles paënnes et dont l’héroïsme se transforme en grâce convertissant tout et tous autour de lui, y compris ses bourreaux.

Cap sur Assise et Cascia

Le séjour à Rome a pris fin le 19 août quand nous avons repris la route au petit matin pour Assise, ville complément du nom saint François, nichée dans les hauteurs de l’Ombrie à 170 km de Rome.

Né en 1182 d’un riche marchand, François d’Assise mène tout d’abord une jeunesse dorée et se prépare aux métiers des armes, plutôt qu’à la succession de son père. Et voilà qu’après une mésaventure militaire, il jette aux orties son armure d’or, renonce à tous ces biens et décide de se consacrer, dans la pauvreté, au relèvement moral de l’Eglise. C’est le fondateur de l’ordre des Franciscains.

Profondément priant, il en vint à éprouver les stigmates de la passion du Christ sur son corps. Malade et malvoyant, après avoir passé une partie de sa vie à soigner les lépreux et à restaurer les églises, il compose le cèbre Cantique des Créatures qui est un hymne à la nature et ses merveilles. Ce n’est pas pour rien que des écologistes en ont fait leur saint patron.
Notre première démarche de piété à Assise a été la visite de la cathédrale Saint-Rufin où François d’Assise a été baptisé.

Dans l’après-midi du 19, c’est la messe à la Crypte de la basilique Saint-François, et quelle messe : elle a été concélébrée par un prêtre franciscain glosant couramment le mooré, pour avoir passé sept années de mission dans le diocèse du Boulkiemdé : le père Casimir.
Père Casimir a été certainement très content de revoir ses coreligionnaires burkinabè, mais secrètement déçu ou plutôt frustré par la prestation de la chorale : tous les chants ont été exécutés en français, au grand dam de ce missionnaire qui s’attendait à revivre quelque peu les messes champêtres et festives qu’il a connues au Faso.
A la sortie de la messe, après la photo de famille, nos pèlerins se rattraperont en lui servant un warba endiablé.

Repos à l’institution religieuse Santa Tecla.
Hormis ceux qui tombaient de sommeil après cette journée harassante du 19 août, beaucoup ont dû avoir la nuit agitée par ces hurlements qu’on entendait tout autour dans la forêt pas si lointaine. Des loups ? Personne n’a osé aller vérifier, même ceux qui se sentaient touchés par la grâce et le charisme de saint François d’Assise dont la légende raconte qu’il savait parler aux bêtes, même les plus cruelles.

En fait les hurlements entendus cette nuit-là n’étaient rien d’autre que ceux de chiens dressés pour la chasse à courre dont la saison s’ouvrait le lendemain. Nous n’étions donc pas seuls dans les parages cette nuit-là ; des chasseurs accourus pour la circonstance y avaient également bivouaqué avec leurs meutes.

Samedi 21 août, après 80 km de bus par monts et par vaux dont la montée ou le contournement ont donné le vertige à plus d’un Burkinabè, nous sommes à Cascia, dernière étape de notre pèlerinage en terre italienne : c’est la cité de sainte Rita (abrégé de Margarita), patronne des causes désespérées.
Née à Cascia le 22 mars 1381 alors que ses parents désespéraient de l’avoir, elle connut une vie conjugale de 18 années avec un époux violent à domicile, bagarreur en ville mais qui finira par se convertir à la paix et à la charité par l’exemple de Rita. Mort assassiné, le mari laisse deux fils qui ne rêvent alors que de vendetta, le sang appelant le sang à l’époque.

Rita aurait adressé à Dieu cette supplique : « Seigneur, prenez-les plutôt que de les laisser devenir criminels ». Prière exaucée, puisque peu de temps après, les enfants mourront l’un après l’autre avant d’avoir assouvi leur vengeance.
Rita se retirera dans un monastère où elle passera une vie mystique émaillée de moult signes de sainteté jusqu’à sa mort le 22 mars 1457. On dit que toutes les cloches de la ville se mirent à sonner d’elles-mêmes le glas.

Eh bien, notre premier acte de piété a été la visite du sanctuaire où repose la sainte dans une chasse de verre, vêtue de l’habit des religieuses de l’ordre de saint Augustin.
Nous étions alors la veille de notre dernier jour de pèlerinage en terre italienne.
Le dimanche 21 août à 13 heure de Cascia, en effet, embarquement pour Paris.

Larmes de Marguerita qui avait pris la relève dès le 16 de notre premier sherpa Gérard, et qui nous a guidés pendant notre séjour italien. Visiblement émue d’avoir à quitter ce foyer de chaleur humaine, elle passe le relais à Jean-François pour le reste du voyage.
A nous donc les hautes montagnes d’où l’on extrait le célèbre marbre de Carrare ; la riche plaine de Pô, grenier de l’Italie et d’ailleurs ; des villes comme Gênes, Alessandra où nous aurons le dîner après 650 km de bus.
Puis ce sera la partie française par la Savoie (Rhone-Alpes), la Bourgogne et enfin l’Ile de France, donc Paris où nous arrivons en fin de matinée le lundi 22 août.

Retour en Gaule

Que le lecteur et surtout nos copèlerins nous comprennent si des contraintes d’espace nous empêchent de nous étaler sur cette dernière étape. Chez nos cousins les Gaulois.
Retenons donc pour mémoire :
1) La visite dès le 22 août après midi de la Cathédrale N-D de Paris, la participation aux Vêpis et la concélébration le même soir et aux mêmes lieux d’une messe par les prêtres burkinabè et leurs confrères des îles en présence d’une forte communauté antillaise et des compatriotes burkinabè à nous accourus pour la circonstance.
2) La visite le 23 matin, rue de Sèvres de l’église des Lazaristes où repose le corps de saint Vincent de Paul (1581-1660), pionnier du système hospitalier.
3) A 11 h le même jour, messe en la chapelle de la Médaille Miraculeuse dont l’histoire est liée à celle de sainte Catherine Labouré (1806-1876) qui fut témoin d’apparitions de la Vierge au même lieu.
La médaille qui lui fut révélée à cette occasion est aujourd’hui portée par des millions de fidèles à travers le monde.

4) Last but not least, c’est Lisieux le 24 août, en Normandie. C’est la ville de Sainte-Thérèse-de-l’Enfant Jésus (1873-1883), cette mystique dont les catholiques burkinabè connaissent la spiritualité pour avoir abrité maintes fois dans leurs églises les reliques et qui a été proclamée docteur de l’Eglise le 17 octobre 1997 par Jean-Paul II.
Après la visite de la basilique de Lisieux, nous avons assisté dans la crypte à une messe concélébrée et merveilleusement chantée par une jeune chorale visiteuse.

Avant de quitter cet arrondissement deu Calvados pour Paris dans l’après-midi, un déjeuner plantureux nous a été servi par les Travailleuses missionnaires de l’Eau Vive qui, comme cerise sur le gâteau, nous ont également servi un irrésistible warba en polythonie qui a mis tout le monde en mouvement, y compris notre guide français Jean-François.
Paris, nous le savons tous, est aussi une ville de culture et d’histoire par excellence ; d’où l’idée géniale du Comité national des pèlerinages catholiques d’avoir prévu une soirée pour la visite des monuments et places qui en sont les témoins vivants.

Mais cette séquence touristique n’a pas suscité un grand engouement, soit parce que, recrus de fatigue, beaucoup de pèlerins ont préféré mettre à profit cette soirée libre pour récupérer physiquement ou voir parents et amis, ou, pour les plus jeunes, dévaliser les magasins bas prix de Barbes.
Il fallait du reste s’en douter : ce n’est pas tout le monde qu’on peut intéresser à l’histoire de l’urbanisation de Paris par le Baron Hausmann encore moins à celle du Louvre ou de l’Opera-Bastille.

Les extras du pèlerinage

Chaque trajet du pèlerinage a débuté, la plupart du temps, par le rite du chapelet selon l’un ou l’autre des mystères du Rosaire. Et quand la durée jusqu’à destination le permettait, l’un ou l’autre des trois prêtres a délivré des enseignements fort instructifs sur des sujets allant des questions de fond et de foi, comme le dogme de l’Immaculée Conception, à des points anodins comme le simple signe de croix. Combien à ce sujet savent ou du moins se souviennent que, pour que ce geste soit rituellement correct, il faut, en partant du front, aller obligatoirement jusqu’au nombril, puis bien sûr l’épaule gauche et la droite, ce qui dessine à merveille la croix romaine des chrétiens catholiques ?

Au lieu de cela, beaucoup se contentent de toucher furtivement la poitrine, dessinant ainsi une croix grecque plutôt qu’autre chose.
Combien également savent que la récitation du chapelet elle-même remonte aux temps anciens de l’Eglise quand tous les moines ne savaient pas lire ? Alors, pendant que les lettrés lisaient le bréviaire, les analphabètes égrenaient le chapelet. La tradition s’est par la suite installée et bonifiée.

Ce pèlerinage, comme les autres du reste, a été agrémenté par des commémorations joyeuses, soit parce qu’il fallait fêter le saint patron ou l’anniversaire de tels ou tels pèlerins ou encore le jubilé de mariage de tel couple.
Alors sur l’air universellement connu, le Happy birth day to you a chaque fois fusé… en français, moore (ney tabo ney taabo), dioula (Sâbe sâbe) et même en arabe (aïd minled) ; si si, bien en arabe, car ce n’est pas pour rien que parmi les prêtres accompagnateurs, il s’en est trouvé un - l’abbé Gabriel Kindo pour ne pas le nommer – qui, pour les besoins de ses études en islamologie, a appris à gloser couramment l’arabe classique tout comme il parle la langue de Boccace. Alors si l’envie vous vient de savoir comment dire le Notre père en arabe ou en italien, vous connaissez maintenant l’adresse.

Un cardinal pour le Burkina

Une anecdote que nous avons failli oublier mais pourtant pas des moindres : depuis notre départ de Ouagadougou à notre arrivée à Rome en passant par les cinq jours passés à Lourdes, le naaba-pèlerin en tout temps et tout lieu tenait serré contre lui un porte-documents. Nous en comprendrons les raisons une fois dans la ville éternelle : il conservait jalousement par devers lui son livret de baptême de même que celui de son épouse qui l’accompagnait. A voir combien elles ont été jaunies par les ans, on devine aisément que ces deux pièces d’identification interne à l’Eglise ont été établies au temps où le patronyme Ouédraogo s’écrivait à la manière des Pères blancs, c’est-à-dire avec la semi-consonne W.

Avant de quitter Ouaga, le naaba-pèlerin s’était laissé persuader que vu son âge et l’ancienneté de son baptême, il était possible que le Saint-Père les reçoive lui et sa chère moitié pour une bénédiction spéciale de leur couple. Sur place bien sûr, il lui a fallu se rendre à l’évidence qu’on n’accède pas aussi facilement à l’évêque de Rome qu’à un curé de campagne.
En désespoir de cause, il nous a dicté avec son plus grand sérieux une supplique adressée au Pape. Demandant quoi ? Qu’il plaise à Benoît XVI de nommer un cardinal pour le Burkina, car notre église en est orpheline depuis le départ de l’archevêque Paul Zoungrana. Et notre cher naaba de proposer à cet effet une short list de deux noms de prêtres burkinabè qu’il juge dignes de porter la pourpre cardinalice.

Bien malin qui saura dire si une telle missive parviendra à qui de droit, encore moins la suite qui lui sera réservée. Mais le Pape devant se trouver du 28 au 29 novembre prochain à nos frontières, c’est-à-dire au Bénin voisin, on pourrait aller le lui demander...
On ne saurait refermer ce carnet de route sans affirmer et réaffirmer ce qu’on a hélas tendance à souvent oublier : malgré la politique d’ouverture et d’inculturation prônée depuis Vatican II, le latin reste la langue liturgique de l’Eglise.

Quand à la messe internationale de Lourdes ce 15 août 2011, les 25 000 pèlerins ont vibré à l’unisson en chantant dans cette langue le credo qui fige leur foi depuis le Concile de Nicée (en 325), on a compris qu’il n’y a pas meilleur véhicule pour confesser l’universalité du catholicisme.
Et qu’on ne vienne surtout pas nous rétorquer que la quasi-totalité des pèlerins burkinabè ne comprenaient rien à rien de ce qu’ils chantaient.

L’essentiel était qu’ils ont bel et bien senti ce qu’ils proclamaient comme s’y entendaient bien nos papas et mamans anlaphabètes du temps des Pères blancs.
Il faut dire d’ailleurs que chaque fois qu’étaient entonnés un credo, un salve regina ou un tantum ergo, les pèlerins de la vieille génération se sentaient beaucoup plus en phase et à l’aise que les plus jeunes, formatés hélas ! par les messes disco qui se déchainent aujourd’hui dans nos églises.
Beaucoup aiment à faire rimer grâce avec pèlerinage.
A ce sujet, l’auteur de ces lignes ne prétend pas être devenu un autre homme en cette vallée des larmes.

Il sait seulement qu’il a vécu deux semaines enrichissantes au double plan spirituel et humain.
Au plan spirituel, tout ce qu’il a vu et appris à cette occasion l’incite à vouloir en savoir davantage sur sa religion et sur la religion.
Au plan humain, ce fut deux semaines de partage et de fraternisation dans l’humilité avec des hommes et des femmes qu’on aurait jamais rencontrés autrement.
Entre copèlerins il s’est ainsi établi quelque chose d’indicible qui s’est extériorisé quand, le 10 septembre à Yagma, nous nous sommes retrouvés pour la messe d’action de grâce : nous sommes tombés dans les bras les uns des autres sans distinction, dans la joie des retrouvailles.
Le voyage fut, répétons-le, physiquement éreintant. Mais aujourd’hui qu’ils sont derrière nous ces jours d’épreuve, on revit avec un enchantement chaque fois renouvelé, chaque étape du pèlerinage en se disant qu’on le referait si c’était à refaire.
Si on ne peut pas appeler cela grâce, c’en sont peut-être les prémices.
Pour ceux qui le pourraient, l’an prochain donc en Terre Sainte ou de nouveau à Rome.
Amen.

Les axes 2011

Au titre de l’année 2011 et du Comité national des pèlerinages catholiques, les pèlerins burkinabè ont emprunté quatre axes.
Ce sont par ordre chronologique :

- Rome du 28 avril au 05 mai pour la Béatification de Jean-Paul II : 33 participants.
- Egypte (Mont Sinaï)/Terre sainte du 16 au 27 juillet : 47 participants.
- Lourdes-Rome-Paris-Lisieux du 11 au 25 août : 72 participants.
- Dassa Zoumé (Bénin) du 18 au 25 août : 60 participants.
A cette liste on pourrait ajouter la participation d’une quinzaine de jeunes aux Journées mondiales organisées du 16 au 21 août 2011 à Madrid (Espagne).

Un pèlerin 2011

L’Obseervateur Paalga



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